Sommet Russie-Afrique : le capitaine Ibrahima Traoré dénonce « les chefs d’Etat africains qui traversent le monde à mendier »

Le Capitaine Ibrahim Traoré au 2ème sommet Russie-Afrique, le 28 juillet 2023, à Saint-Pétersbourg

C’est un discours qui a déjà commencé à susciter des réactions parmi ses pairs et aînés qui se trouvent présentement au sommet Russie-Afrique qui s’est ouvert hier, jeudi 27 juillet 2023, à Saint-Pétersbourg. Dans une allocution ce vendredi, le chef de l’Etat du Burkina Faso, Capitaine Ibrahima Traoré, s’est interrogé sur les motivations de certains « chefs d’Etat africains qui traversent le monde à mendier ».

Il a aussi dénoncé la volonté des occidentaux de vouloir faire table rase du rôle salvateur de l’Afrique dans la lutte contre le nazisme dans le monde. Le président de la transition burkinabè a aussi fustigé « les impérialistes » qui traitent de « milices » les peuples africains qui se battent pour préserver leur souveraineté et leur liberté, rapporte l’envoyé spécial de Guineematin.com à Saint-Pétersbourg.

A ce forum économique et humanitaire de Saint-Pétersbourg, le capitaine Ibrahima Traoré s’est présenté ce vendredi comme un messager de sa génération. Une génération qui se pose de nombreuses questions en lien avec les maux qui empêchent le développement de l’Afrique en dépit de ses immenses ressources. Mais, avant de livrer ces questions à l’auditoire, le chef de l’Etat du Burkina Faso a d’abord présenté des excuses pour ses mots qui pourraient « vexer » ses aînés africains.

« Je m’en vais m’excuser auprès de mes anciens que je pourrais vexer dans mon intervention. Africanité oblige. Camarade, j’ai quelques questions de ma génération. Mille et une questions qu’on se pose, mais nous n’avons pas de réponse. Il se trouve qu’ici nous pourrons laver nos linges sales entre famille. Nous sommes en famille en ce sens que la Russie est aussi une famille pour l’Afrique. C’est une famille parce que nous avons la même histoire. La Russie a consenti d’énormes sacrifices pour libérer le monde en luttant contre le nazisme.

Nous partageons la même histoire en ce sens que nous sommes les peuples oubliés du monde, qu’il soit dans les livres d’histoire, dans les documentaires, nous avons vu le rôle qu’a joué la Russie et l’Afrique dans la lutte contre le nazisme. Nous sommes ensemble, parce qu’actuellement nous sommes là pour parler de l’avenir de nos peuples et ce qui va advenir demain, de ce monde libre auquel nous aspirons. Nous avons les mêmes perspectives et je souhaite que ce sommet soit l’occasion de pouvoir tisser de très bonnes relations en vue d’un meilleur avenir », a-t-il entamé.

Poursuivant son intervention, le capitaine Ibrahima Traoré a dénoncé les chefs d’Etat africains mendiants et a évoqué la faim et la pauvreté qui poussent les jeunes africains à emprunter le chemin de l’immigration clandestine.

« Les questions que ma génération se pose sont les suivantes. C’est de ne pas comprendre comment l’Afrique, avec tant de richesses avec son sous-sol, avec une nature généreuse, de l’eau, du soleil en abondance, est aujourd’hui le continent le plus pauvre ? L’Afrique est un continent affamé et comment se fait-il que les Chefs d’Etat traversent le monde à mendier ?

Voici des questions que nous nous posons et que nous n’avons pas de réponse jusque-là. Nous avons l’occasion de nous tisser de nouvelles relations. Et, j’espère que ces relations puissent être les meilleures. Ma génération me charge aussi de dire que par ce fait de pauvreté, ils sont obligés de traverser l’océan pour essayer de rallier l’Europe. Que prochainement, ils n’iront pas traverser parce qu’ils viendront devant nos palais pour chercher du travail », a-t-il indiqué.

Abordant la question de l’insécurité liée au groupes terroristes qui sévissent dans le sahel, le capitaine Ibrahima Traoré a fustigé les occidentaux qui qualifient de « milices » les peuples africains qui se battent pour défendre leur souveraineté contre les djihadistes. Il a ensuite demandé aux chefs d’Etat africain d’arrêter d’être « des marionnettes » de l’occident.

« Le Burkina Faso, aujourd’hui nous sommes confrontés depuis plus de 8 ans à la forme de manifestation la plus barbare et la plus violente du néocolonialisme et de l’impérialisme. Nos devanciers nous ont appris que l’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas qu’on s’apitoie sur son sort. Nous ne nous apitoyons pas sur nos sorts et on demande à nos frères de ne pas s’apitoyer sur leurs sorts. Le peuple burkinabé a décidé de lutter contre le terrorisme et relancer son développement. Dans cette lutte, les vaillantes populations se sont engagées à prendre les armes face au terrorisme.

Nous sommes surpris de voir les impérialistes traiter les vaillants peuples de milices de tout type. C’est irrecevable. Parce qu’en Europe, lorsque les peuples prennent les armes pour défendre leur patrie, on les traite de patriotes… Lorsque nous peuple décidons de nous défendre, on nous traite de milice. Mais là n’est pas le problème, le grand problème c’est de voir des chefs d’Etats africains qui n’apportent rien à ces peuples qui se battent. Il faut que nous chefs d’Etats africains que nous arrêtions de nous comporter en marionnettes », a-t-il martelé.

Le président sénégalais, Macky Sall, n’a pas tardé à répondre à ce discours du capitaine Ibrahima Traoré qui s’apparente à une insolence. « Nous ne venons pas ici pour mendier », a-t-il répondu.

De Saint-Pétersbourg, Mohamed Guéasso DORÉ, envoyé spécial de Guineematin.com

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