Santé : des citoyens dénoncent l’absence des médecins dans les hôpitaux les weekends

Le phénomène est souvent dénoncé, mais il se poursuit en Guinée. Il est quasi impossible de trouver un médecin dans les hôpitaux pendant les weekends. Ce sont les stagiaires qui y règnent en maîtres, s’occupant peu des patients avec tout ce que cela comporte comme conséquences. Des citoyens se disant victimes de tels agissements, interrogés par un reporter de Guineematin.com, dénoncent et interpellent les autorités.

Les samedis et dimanches, on ne trouve presque pas de médecins dans certains centres hospitaliers. Une situation qui peut conduire à des situations inconfortables.

Camara Alseny, journaliste et enseignant dans une école privée de Conakry, raconte ce qui est arrivé à sa mère et qu’il impute à cette situation. « Ma mère était diabétique. Le 21 juillet passé, elle a eu une rechute. Immédiatement, j’ai déplacé une voiture pour l’hôpital Donka. Ça s’est passé un vendredi, et de ce jour, jusqu’au dimanche, nous n’avons vu aucun médecin compétent et professionnel à l’hôpital. Il n’y avait que des stagiaires, pas qualifiés, pour prendre soins des patients. Ces stagiaires nous ont dit que les médecins ne viendraient que le lundi. Donc, on devait quitter et revenir le lundi. C’est le dimanche à 17h que ma mère a rendu l’âme parce que les médecins n’étaient pas présents », dit-il en larmes.

Camara Alsény dénonce une négligence et espère que les médecins absents ce weekend-là vont répondre de leurs actes au tribunal. « Je vous parle aujourd’hui en espérant que la justice aura vent de la nouvelle pour enclencher une poursuite contre l’hôpital Donka. Mais, je doute que ça ne soit peine perdu, vu comme les choses se passent en Guinée. J’espère aussi que l’État sensibilisera les hôpitaux et que les médecins changeront leur façon de faire en demeurant les weekends dans les hôpitaux », a-t-il lancé.

Selon nos informations, cette situation est également constatée à l’intérieur. Depuis Labé, en Moyenne Guinée, Hassanatou Bah, femme-gendarme, a confié à notre reporter sa mésaventure. « Je suis allé à l’hôpital, on m’a prescrit des médicaments qui ont fait des effets négatifs sur moi. Je suis repartie à l’hôpital la nuit à 00h le samedi avec une copine. J’étais mal à l’aise, je voulais vomir. À l’hôpital, je n’ai vu aucun médecin pour me prendre en charge. Je suis restée sur place jusqu’à 1h, rien ne s’est passé finalement. Certains stagiaires jouaient même au Ludo sur place pendant que moi je souffrais… ».

Joint par téléphone depuis Koundara, ce monsieur qui a voulu rester dans l’anonymat, explique comment son père a perdu la vie à cause de l’absence des médecins le weekend dans les hôpitaux. « Les évènements se sont passés à Koundara le vendredi 25 août dernier. On m’a appelé depuis Labé pour me dire que mon père ne se portait pas bien. On l’a transporté dans une salle d’urgence le samedi, un endroit où il n’y avait que des moustiques. Je suis arrivé sur les lieux, je n’ai trouvé que des stagiaires, incapables de me dire même de quoi souffrait mon père. Aucun médecin n’était présent. Entretemps, mon père a repris conscience le dimanche, il mangeait et était souriant même. Je suis sorti pour acheter un ventilateur pour la salle dans laquelle il se trouvait. J’ai trouvé que les stagiaires avaient administré une perfusion intraveineuse à mon père et cela a aggravé sa maladie. Finalement, il est décédé. Il est mort parce qu’il n’y avait aucun médecin compétent. Il n’y avait que des stagiaires », déplore-t-il.

Mamadou Baïlo Diallo pour Guineematin.com

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