Mannequinat en Guinée : un autre espace pour femmes, stigmatisé et parsemé d’embûches

Koyah Camara, étudiante à l’institut professionnel de santé Nelson Mandela et mannequin

Certaines activités exercées par les femmes ne manquent pas de stigmatisation dans la société. C’est le cas du mannequinat, qui est pourtant une vraie passion pour plusieurs femmes en Guinée. Les ragots des uns et des autres, taxant les femmes mannequins de filles aux mauvaises mœurs, ne manquent pas. Poussant certaines à abandonner leurs passions. Certaines d’entre elles, interrogées par un reporter de Guineematin.com ce mardi, 19 septembre 2023, ont exprimé leur passion pour ce métier et les difficultés ambiantes.

Le mannequinat est une activité exercée par des personnes qui posent ou « s’exposent » pour valoriser les produits de l’industrie de la mode. Ce métier se fait principalement pour la promotion de l’habillement, des accessoires de mode et autres produits de beauté. Une profession épousée par les femmes, mais qui n’est pas bien perçue par la société guinéenne.

Koyah Camara, étudiante à l’institut professionnel de santé Nelson Mandela et mannequin

 Cependant, malgré la mauvaise perception et les reproches, des jeunes filles se laissent guider par leur passion. C’est le cas de Koyah Camara, étudiante à l’institut professionnel de santé Nelson Mandela et mannequin qui exprime sa passion pour ce métier. « Malgré le fait qu’aux yeux de plusieurs filles et femmes, le mannequinat soit un simple passe-temps ; pour moi, il est plus que ça. J’ai choisi cette activité par amour. C’est en défilant sur scène que je me sens vraiment confiante et endurante. J’aime porter de beaux vêtements en prenant de belles images. L’amour que j’ai pour la profession me laisse croire que j’ai un avenir dedans. Elle me permettra de me hisser tout haut, ainsi que mes valeurs et mon pays. Quand je suis sur le podium, non seulement je mets en valeur ma beauté physique, mais aussi celle intellectuelle, à travers mes créations stylistiques et tout ».

Les difficultés ne manquent pas, avoue notre interlocutrice. « Le manque de soutien au niveau de la famille me pénalise beaucoup. Elle estime que ce que je fais-là est une perte de temps. La famille répète tout le temps que ce n’est pas un métier ça et que je perds mon temps. On se moque même du fait que je m’exhibe sans me comprendre. Les familles brandissent toujours la religion et l’honneur de la famille, estimant qu’une fille qui défile est un déshonneur. Pour décourager les femmes mannequins. Ce n’est vraiment pas du tout facile avec la famille », martèle Koyah Camara.

Mamy Bella Camara, étudiante en Administration des affaires, amoureuse du mannequinat

Même son de cloche chez Mamy Bella Camara, étudiante en Administration des affaires, amoureuse du mannequinat qui expose les difficultés de la profession. « Défiler me mets à l’aise. Prendre des photos professionnelles pour les entreprises peut s’avérer important pour la communication sur soi. Malheureusement, comme dans tout métier, il y a des difficultés. Chez nous, les agences de mannequins et les photographes douteux sont nombreux. Ils profitent des personnes inexpérimentées à coups de fausses promesses, en leur soumettant des contrats peu fiables. En plus, il n’y a pas aussi un enthousiasme énorme chez le public pour le mannequinat. C’est un métier difficile, confronté à l’indifférence totale, due aux idées reçues de la société. Les agences de mannequinat aussi sont sélectives et injustes dans leurs représentations. Chaque agence de mannequinat définit ses propres profils de soutiens. C’est difficile, à vrai dire », a-t-elle laissé entendre.

Par ailleurs, Mamy Bella interpelle le Ministère de la Culture à porter son attention sur le mannequinat. « J’aimerais juste dire aux organismes étatiques et aux entreprises culturelles de soutenir les jeunes passionnées du mannequinat, qui se battent jours et nuits, qui travaillent dur, et qui sont sans aide financière. Que le Ministère de la Culture comprenne que le mannequinat favorise aussi nos coutumes à l’échelle internationale. Mais pour cela, nous jeunes mannequins, nous avons besoin d’appui, de soutien et d’accompagnement. Nous avons du talent, des projets vendeurs et des ambitions. Pour les concrétiser, les réaliser, l’État doit nous soutenir », a-t-elle lancé.

Mamadou Baïlo Diallo pour Guineematin.com

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