Mohamed Ali Fofana sur un camion militaire à Ignace Deen : « ils faisaient descendre les corps comme des sacs de riz » (Procès du 28 septembre)

Mohamed Ali Fofana, blessé à la main au stade du 28 septembre 2009

« Il y a un camion militaire qui est venu à la morgue d’Ignace Deen, il a fait marche arrière pour entrer. Ils avaient chassé tout le monde là-bas. Toutes les personnes qui étaient là-bas pouvaient témoigner. Tout le monde s’est arrêté pour les regarder à distance, parce que le mur entre la morgue et la grande cour n’était pas tellement élevé. Ceux qui étaient venus avaient des mouchoirs attachés à la bouche pour ne pas qu’ils soient dévisagés. Il y avait, je crois, deux personnes qui étaient dans le camion, deux autres en bas. Ils faisaient descendre les corps comme des sacs de riz pendant 30 à 40 minutes comme ça. Le reste des corps qui étaient par terre, ils les ont fait remonter.

Après, ils se sont arrêtés au niveau de la carrosserie pour ne pas que les gens voient à l’intérieur du camion. Ils sont partis vers une destination inconnue », a expliqué la deuxième victime passée devant le tribunal criminel de Dixinn, mercredi 18 octobre 2023, où sont jugés les 11 prévenus inculpés dans le massacre du 28 septembre 2009.

Par ailleurs, cette partie civile née en 1989 en République Démocratique du Congo, juriste de formation, après avoir réussi à fuir du stade avec une main blessée par balle, est allée au CHU Ignace Deen pour se faire soigner. Il recevra la visite du ministre de la Santé à l’époque, colonel Chérif Diaby en compagnie de la directrice de l’hôpital. Il accuse l’ancien ministre de l’avoir menacé sur son lit de malade.

« Je me suis réveillé, je me suis assis dans l’espoir qu’il vienne pour me soulager, me remonter le moral, mais c’était le contraire. Il était en tenue, Mme la directrice a fait l’exposé disant que je suis victime, je suis blessé. Après il m’a demandé pourquoi tu es parti au stade, j’ai dit que j’avais un regret très profond parce que je venais d’avoir le brevet. Il a dit  » pourquoi tu es resté longtemps dans le quartier », j’ai dit non que c’est le même jour que je suis venu. Il dit d’ailleurs « ta main, elle était pourtant plâtrée, ce n’est pas Kalash qui a fait ça ». Il a commencé à porter son doigt sur mon front, finalement je me suis révolté. J’ai dit, vous ne pouvez pas me menacer sur mon lit de malade. Après il a dit à Mme la directrice de s’en aller. A l’époque il y avait des journalistes internationaux là-bas, quand ils l’ont interviewé, il a dit que la plupart des morts c’était par bousculade », a dit Mohamed Ali Fofana.

De Kaloum, Mamadou Yahya Petel Diallo et Thierno Hamidou Barry pour Guineematin.com 

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