Ce jour tristement célèbre, Thierno Hamidou Diallo, marchand âgé de 40 ans et son défunt jeune frère Thierno Amadou Bella Diallo sont allés au stade du 28 septembre pour participer au meeting organisé par les forces vives de Guinée qui protestaient contre une éventuelle candidature du capitaine Moussa Dadis Camara, président de la transition à l’époque, à l’élection présidentielle de 2010. Le second a perdu la vie dans cette enceinte sportive, et sa famille n’a pas pu retrouver son corps pour l’inhumer, a appris Guineematin.com à travers ses reporters dépêchés au tribunal de première instance de Dixinn (Kaloum).
Devant cette juridiction, Thierno Hamidou Diallo, a découvert son petit frère entre plusieurs cadavres entassés. Il l’avait perdu de vue sur l’esplanade du stade après leur arrivée à cet endroit le matin.
« Quand je suis arrivé à la pelouse, j’ai entendu des tirs, j’ai vu les gens courir pour rentrer dans le stade. Quelques instants après, j’ai vu des policiers et des gendarmes entrer aussi. Comme les portes étaient ouvertes, c’est par là que nous sommes sortis. J’ai vu un ami qui était couché à côté du mur quand j’ai dépassé le premier portail, on m’avait cogné avec un cailloux (du côté droit de la tête). J’étais fatigué et je ne voulais pas le laisser là-bas, alors je suis allé m’arrêter à côté de lui. Quand la foule a diminué, je me suis reproché pour le relever. Il s’est assis mais il ne voyait presque pas devant lui. Il a dit « regarde les gens qui sont couchés là-bas, j’ai vu Thierno Amadou tombé là. Je suis allé jusqu’où il était couché, il était sur certaines personnes, d’autres étaient sur lui. Je savais ce qu’il portait, c’est grâce à cela que je l’ai reconnu. Il portait un maillot de Syli de couleur jaune avec une culotte kaki. Quand je l’ai tiré, je l’ai fait coucher à côté, il y a un policier qui est venu. Il m’a demandé ce que je faisais là, j’ai répondu, celui-ci c’est mon jeune frère. Alors il m’a demandé ce que je voulais faire, j’ai dit que je voulais l’emmener à la maison. Il m’a dit que ce n’était pas possible. Il a ensuite dit « tu vois tous ceux qui sont couchés ici, on les emmène à Donka. Celui qui veut revoir son parent, il devra aller à l’hôpital Donka ». Après j’ai demandé si je pouvais prendre ses clés, il a répondu oui, ainsi je les ai prises et ses chaussures aussi. Deux camions sont arrivés dans lesquels ils les ont fait monter pour les emmener. C’est là que je l’ai vu la dernière fois », a-t-il expliqué.
Il rentrera dans son quartier avec son ami Alpha Ibrahima pour annoncer la triste nouvelle aux autres membres de la famille. Le lendemain, certains d’entre eux sont allés à Donka pour essayer de retrouver le corps mais, selon lui, les lieux étaient remplis de militaires, donc ils n’ont pas pu y accéder.
De Kaloum, Mamadou Yahya Petel Diallo et Thierno Hamidou Barry pour Guineematin.com
