Evasion de Dadis Camara et Cie : « cela veut dire que personne n’est en sécurité dans notre pays », selon l’UFR

Les commentaires ne faiblissent pas une semaine après l’évasion spectaculaire survenue à la maison centrale de Conakry il y a juste une semaine. De nombreuses voix dénoncent l’insécurité ambiante et l’inquiétude qui anime les citoyens. A l’occasion de l’assemblée générale de l’Union des forces républicaines (UFR) tenue ce samedi, 11 novembre 2023, les responsables du parti ont réitéré ce sentiment d’inquiétude face à la détérioration de la situation sécuritaire dans notre pays, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Tidiane Conté, membre du bureau politique de l’UFR

Pour Tidiane Conté, membre du bureau politique de l’UFR, cette évasion doit être perçue avec discernement. Il invite les autorités à éviter toute chasse aux sorcières. « Vous avez suivi quelque chose de scandaleux qui s’est passé le samedi 4 novembre 2023 à la maison centrale de Conakry.  Mais, on aimerait que les guinéens traitent ce problème avec beaucoup de discernement. On parle des évadés. Il faut qu’on fasse attention. Ce sont des supposés évadés. Parce qu’on ne sait pas très exactement ce qui s’est passé. Pour que cela soit, c’est la justice qui doit faire son travail. Ces prisonniers dont on parle, ils ont été arrêtés après les exactions du 28 septembre 2009. Tout le monde sait dans quelle condition ils ont été arrêtés. Ce jugement, le tribunal doit faire son travail. Ce jugement doit être rendu. Les victimes ont besoin de connaître la vérité. Ils ont besoin de justice. Ils n’ont pas besoin de règlements de compte. Ils n’ont pas besoin qu’on casse, qu’on aille chez les gens pour prendre leurs cousins, prendre leurs oncles, casser leurs maisons. Ce n’est pas ce que les victimes demandent. Et malheureusement, c’est à cela qu’on assiste. Il faut que cela cesse dans notre pays », a-t-il déclaré.

En outre, Tidjane Conté estime que l’évasion de ces détenus dans une maison aussi sécurisée que la prison civile de Conakry prouve que personne n’est en sécurité. « Nous avons estimé qu’à la maison centrale, vous avez l’Etat qui est là-bas. L’Etat, dans le vrai sens du mot. Vous avez un ancien président de la République qui est là-bas, un ancien Premier ministre, un ancien président de l’assemblée nationale, vous avez des ministres. Ce n’est pas m’importe quelles personnalités de l’Etat.  Et quand vous passez à côté de cette prison, vous avez la police, la gendarmerie, l’armée et les chars de combats. Que quelqu’un vienne nous dire, comme le spectacle qu’on a vu on dirait un film hollywoodien, qu’il y a 4 à 6 personnes qui sont venues rentrer tranquillement dans cette prison, comme si quelqu’un quittait sa chambre pour aller au salon, prendre ces prisonniers aussi renommés, sortir avec eux, passer le pont 8 novembre, aller jusqu’à Samatran, sans qu’ils ne soient inquiétés ? C’est extrêmement grave. Cela veut dire que personne n’est en sécurité dans notre pays.  Et si vous avez remarqué, ces gens qui sont là-bas, il y a l’armée, la gendarmerie, la police. Et chez nous les citoyens, il y a qui ? Il n’y a personne. Et le travail de l’armée, c’est pour sécuriser le pays. La police et la gendarmerie, c’est pour sécuriser les citoyens. Ils n’ont pas pu faire ce travail, parce que c’est le constat qu’on a. Comment en 13 mois, ils peuvent développer la Guinée ? C’est un jeu de dupe. Le seul objectif, c’est de s’éterniser au pouvoir », soutient monsieur Conté.

Par ailleurs, ce membre du bureau politique national de l’UFR est revenu sur la mort par balle d’une fillette de 6 ans le jour de l’évasion. « Vous avez vu ce qui s’est passé, sur le décès de cette fillette sur laquelle un militaire a tiré à bout portant ? Parce qu’elle a eu le malheur de venir avec sa maman pour accompagner leur papa à l’hôpital. Ce qui est vraiment incompréhensible, c’était dans une ambulance. Et partout dans le monde, une ambulance est protégée. Même en temps de guerre, on ne tire pas sur une ambulance. Ce qui est dommage et malheureux, on a l’impression qu’enfin en Guinée, il n’y a qu’une seule personne à protéger. Et quand cette personne se promène, vous avez toute l’armée derrière. C’est du jamais vu en Guinée. Des chars, des mitraillettes, des soldats, tous en mouvement. Et nous les citoyens ? », a dit Tidiane Conté.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Facebook Comments Box