Manque d’électricité et d’équipements au port de Kamsar (Boké) : les mareyeuses interpellent le Colonel Doumbouya

Mme Fatoumata Yansané, présidente du groupement Limanya au port NÉNÉ de Kamsar

Les femmes mareyeuses, les Sociétés de pêche, les marchands et autres qui évoluent au port NÉNÉ de la sous-préfecture de Kamsar, rencontrent de nombreuses difficultés. Il s’agit du manque d’électricité, d’équipements de travail, d’eau, de glace pour le bon fonctionnement de leurs activités. Interrogés par un des envoyés spéciaux de Guineematin.com dans la préfecture de Boké, certains d’entre eux ont exprimé leur quotidien et demandé l’aide du président de la transition, le Colonel Mamadi Doumbouya.

Le port NÉNÉ de Kamsar, dans la préfecture de Boké, manque d’électricité depuis plusieurs mois. Une situation qui rend difficile les conditions de travail des nombreux acteurs qui évoluent sur les lieux.

Mme Mabinty Sylla, femme mareyeuse au port NÉNÉ de Kamsar

Mme Mabinty Sylla, femme mareyeuse au port NÉNÉ de Kamsar : «je fais le séchage de poissons. J’achète à Falétagui et j’envoie ici pour sécher, puis je transporte à Conakry pour vendre. Nous les vendeuses de poisson sec, communément appelé « Konkokharé » en soussou, nous n’avons pas d’eau pour l’hygiène et le traitement de nos produits halieutiques. Il nous faut partir loin pour obtenir de l’eau. Nous n’avons pas de courant électrique, encore moins de la glace pour pouvoir travailler. Ensuite, quand tu achètes le peu de poissons pour traiter et sécher ici, si les femmes ne viennent pas surveiller la nuit ; là-aussi, il y a des voleurs qui passent nuitamment pour prendre tout. Nos difficultés sont énormes. Notre centre de séchage n’est pas sécurisé et il n’y a pas de grillages en haut. Donc, les voleurs pénètrent par le haut pour trier les gros poissons. Ils ne prennent jamais de petits poissons. Pourtant, il y a des agents de sécurité ici, mais ils ne font rien. Nous avons alerté les autorités, l’imam et le responsable de la jeunesse, mais en vain. On est fatigué. Quand nous avons quelques poissons ici pour le séchage, nous sommes obligés de surveiller pendant la nuit. Des fois même, certains de nos maris viennent contrôler si effectivement leurs femmes ont passé la nuit ici. Nous avons plusieurs volets d’activités au sein de ce port. Les unes achètent les poissons et les autres font le séchage. Il y a également des femmes qui ont de l’argent qui utilisent la main-d’œuvre. C’est dans ça que nous gagnons nos vies. Nous vendons du poisson selon des catégories. Il y a 4 pour 20 000 GNF, 5 pour 20 000 GNF et 5 pour 50 000 jusqu’à 300 000 GNF, etc. Tu peux dépenser 2 millions de GNF pour gagner 200 000 à 300 000 GNF. C’est un ouf de soulagement si nous obtenons la marchandise. Je demande aux autorités de nous aider à obtenir de l’eau, de l’électricité et de sécuriser notre centre de séchage », a plaidé Mabinty Sylla.

Ousmane Camara, propriétaire d’un atelier au port NÉNÉ de Kamsar parle de ses activités

Ousmane Camara, propriétaire d’un atelier au port NÉNÉ de Kamsar parle de ses activités : « je fais le découpage et le dépouillement des poissons destinés au fumage et à l’exportation, selon les catégories. Quand les femmes vendeuses achètent les poissons, elles envoient au niveau de nos ateliers pour découper et laver. Après, elles emmènent au feu pour sécher. Nous faisons le découpage d’une douzaine à 3 000 GNF. Des fois, tu peux travailler 10 à 15 douzaines voire 20 douzaines. Cela dépend de la clientèle. Nos outils de travail sont les couteaux, les pointes et les bûches d’arbre. Il y a des risques pour le travail. En premier lieu, on ne prend pas de poissons pour les femmes marchandes qui ne sont pas sérieuses parce que c’est compromettant, ça peut être des millions en francs guinéens. Ensuite, si tu ne maîtrises pas la manipulation du couteau, tu peux couper facilement tes mains. En ce qui concerne le nettoyage de nos locaux, nous le faisons nous-mêmes. Auparavant, on travaillait avec une société chargée du nettoyage. Mais leur véhicule de transport est gâté. Donc actuellement, on fait le nettoyage et on jette les ordures dans les zones reculées. Nos difficultés commencent par le manque de courant parce que ça fait 5 à 6 mois qu’il n’y a pas d’électricité au port NÉNÉ de Kamsar. Les activités sont au ralenti. Les poissons qu’on envoie sont très minimes. Il n’y a pas de glace. Certaines pirogues montent à Conakry pour débarquer les poissons et n’arrivent pas ici parce qu’il n’y a pas de courant. Nous demandons au chef de port en passant par les autorités supérieures d’aider la population du port NÉNÉ à avoir le courant », lance Ousmane Camara.

Mme Fatoumata Yansané, présidente du groupement Limanya au port NÉNÉ de Kamsar

Même son de cloche pour Mme Fatoumata Yansané, présidente du groupement Limanya au port NÉNÉ de Kamsar : « nous faisons le séchage de plusieurs variétés de poissons. Mais actuellement, on n’obtient pas de poissons. Pour gagner, il faut perdre assez de temps. Et là aussi, il faut dépenser au transport de la manutention au lieu de travail en passant par l’atelier de découpage, en achetant du bois. Après le séchage, tu dois acheter les paniers, les plastiques et les cartons pour emballer avant de transporter puis payer les taxes du service de conditionnement et les frais de transport.  Arrivé à Conakry aussi les clients imposent un prix dérisoire. Tu vends ta marchandise difficilement. Quelques fois, c’est avec des pertes. Nous avons beaucoup de difficultés. Notre lieu de travail est dans un état de dégradation. Ensuite, si on gagne tardivement les poissons, il est impossible de travailler la nuit parce qu’il n’y a pas de lumière et d’électricité. Nous achetons de l’eau pour travailler. La glace coûte cher également. Un morceau de glace est vendu entre 2 000 à 2 500 GNF. Le peu de poissons qu’on gagne pourri, si ce n’est pas travaillé vite. Les voleurs nous fatiguent trop. Il n’y a pas de sécurité ici. On n’a pas de gardiens. On a supplié les autorités afin qu’on trouve des gardiens ; jusqu’à présent, rien n’est fait. Nous menons nos activités à perte. Nous demandons aux autorités, surtout au Colonel Mamadi Doumbouya, de nous aider à faire le traitement et séchage des poissons sur place. On peut aussi exporter si nous sommes appuyées par l’Etat. Des poissons de qualité et de quantité sortent de ce port. Nous fournissons du poisson, particulièrement à Conakry. Nous avons besoin surtout de courant pour mener les activités », a lancé Fatoumata Yansané.

Depuis Kamsar, préfecture de Boké, Amadou Baïlo Batouala Diallo pour Guineematin.com

Tél : (00224) 628 516 796

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