Conakry : un répétiteur jugé pour viol sur une de ses élèves

Après plus de 2 ans de détention à la maison centrale de Conakry, Mamadou Chérif Bah a de nouveau comparu hier, lundi 4 décembre 2023, devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la mairie de Ratoma). Ce professeur à domicile (un répétiteur) est accusé d’avoir violé une de ses élèves âgées de 18 ans (au moment des faits en 2022). Les faits qui lui sont reprochés se seraient produits au quartier Hamdallaye, dans la commune de Ratoma. Mais, à la barre, l’accusé a plaidé non coupable des charges articulées à son encontre. Au terme des débats, le ministère public a requis la relaxe au profit de l’accusé, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

La présente audience n’est pas la première dans ce procès contre Mamadou Chérif Bah, mais elle a permis à l’accusé de clamer encore son innocence.

« Avec tout le respect que je dois à votre tribunal, je voudrais rappeler que j’enseigne dans la famille de l’accusé. Chaque année, pendant les vacances, nous faisons des cours préparatoires. Lorsque j’ai demandé les 02 mois d’arriérés que Madame Sylla me devait, tout est parti de là… Moi je ne peux pas faire ce dont on m’accuse-là. J’ai appartenu à des organisations qui luttent contre la violence sur les filles, j’étais à une association qu’on appelle clef (conseil local pour l’enfance et la famille) à Hamdallaye, on a beaucoup fait d’activités par exemple contre l’excision… Je voudrais demander à la justice de me libérer et de rejoindre ma famille. J’ai passé 2 ans, 2 mois et 7 jours en détention préventive sur un acharnement… Je sollicite la sagesse du tribunal, je n’ai aucune prétention, je n’ai pas des arrières pensées », a déclaré Mamadou Chérif Bah à la barre.

Après cette déposition de l’accusé, le ministère public a fait part au tribunal d’une lettre de désistement de la partie civile (la mère de la victime présumée) dans cette affaire. L’avocat de la défense, Me Amadou Oury Bah, a saisi cette opportunité pour soutenir que son client est victime d’un « règlement de compte » et des accusations formulées « à tort » contre son client.

Me Amadou Oury Bah, avocat de la défense

« Il est poursuivi par la Maman d’une de ses élèves qui suivait des cours de révision avec lui et qui l’accuse d’avoir fait des attouchements. Le dossier a suivi son enquête préliminaire, nous étions là pour les réquisitions et plaidoiries. Ce jour, il faisait les cours de répétition à ses élèves comme d’habitude. Etant assis avec les élèves, il a été surpris de voir des agents de la Gendarmerie qui lui ont demandé de les suivre… Ce n’est qu’arrivés à la gendarmerie qu’ils lui ont notifié les accusations de la maman portées sur lui. C’est ainsi qu’il a été conduit devant le parquet. C’est un règlement de compte. Il a beaucoup d’élèves, y compris les deux enfants de la maman qui l’accuse. Il est arrivé que la Maman ne lui payait plus les mensualités, c’est-à-dire les frais de révision comme convenu. Comme ce n’était pas de façon gratuite, il lui a réclamé et cela n’a pas plus à la dame. Et puis ils lui ont apposé cette accusation. C’est un dossier vide, on s’attendait à ce qu’elle (la partie civile) vienne s’expliquer, puisqu’on avait beaucoup de questions à lui poser. En tout cas, ce n’est pas désistement qui fait que notre client est innocent, ce sont les faits articulés contre lui. Si elle désiste, ça veut dire qu’elle n’a rien à nous dire, puisqu’elle a accusé le monsieur à tort », a déclaré l’avocat de la défense.

Dans ses réquisitions, le ministère public a demandé au tribunal de faire usage de l’article 544 du code de procédure pénale et de renvoyer l’accusé des fins de la poursuite.

« Sur les faits le 16 Septembre 2021, aux environs de 15H, Chérif Bah était le répétiteur de Penda Cissé. Fatoumata Sylla, sa mère, expliquait que sa fille a l’habitude d’aller suivre les cours de révision…  Pour se justifier, Monsieur Bah a dit qu’il est le répétiteur de Penda, et qu’elle venait chez lui chercher ses livres à 20 heures, mais ne franchissait jamais la véranda… Pour le raisonnement juridique, il y a un certificat médical. Donc, c’est de s’en tenir sur les éléments. Au regard de ça, l’accusé ici présent a toujours nié les faits, c’est un père de famille qui a des filles du même âge que la fille Penda Cissé. Alors, je sollicite l’article 544 », a dit le procureur Siba Toupou.

Finalement, le tribunal a suivi le ministère public dans ses réquisitions et a renvoyé Mamadou Chérif Bah des fins de la poursuite pour délit non constitué.

Ismael Diallo pour Guineematin.com

Tel : 624693333

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