L’ONU s’élève contre la « répression » de la presse en Guinée

(AFP)- La presse en Guinée subit « une répression accrue », a dénoncé vendredi le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Volker Türk, exhortant les militaires au pouvoir à rétablir « la liberté d’expression et d’opinion ».

« Des journalistes ont été harcelés et intimidés, agressés et arrêtés, des équipements ont été saisis et démantelés, des transmissions bloquées et des canaux de médias brouillés, suspendus ou fermés », a déclaré M. Türk dans un communiqué.

« L’accès à plusieurs sites de réseaux sociaux a été bloqué et l’accès à internet restreint. Ces mesures ne sont pas conformes aux exigences strictes du droit international des droits de l’homme. Elles doivent rapidement cesser et le droit à la liberté d’expression et d’opinion doit être pleinement respecté », a-t-il ajouté.

Les restrictions imposées aux médias n’appartenant pas à la presse officielle se sont multipliées depuis le mois de mai dans ce pays d’Afrique de l’ouest, qui compte parmi les moins développés au monde malgré les richesses de son sous-sol.

Il est dirigé depuis septembre 2021 par des militaires qui ont renversé Alpha Condé, premier président démocratiquement élu en 2010.

Les autorités de transition ont invoqué des impératifs de sécurité nationale pour justifier les restrictions imposées aux médias, a rappelé le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme.

Or, « ces restrictions largement excessives des libertés fondamentales ne servent qu’à réduire l’espace civique et à faire reculer le respect des droits de l’homme à un moment où ceux-ci ont le plus besoin d’être encouragés et défendus en Guinée », a affirmé M. Türk, qui a demandé aux autorités de « remédier immédiatement à cette situation préoccupante ».

Selon l’organe onusien, parmi les médias touchés se trouvent notamment les sites Guinée Matin et Africa Guinée, la chaîne de télévision payante française Canal Plus et les radios privées Fim FM et Djoma FM.

En s’appuyant sur l’Observatory of Network Interference (OONI), une organisation documentant la censure d’internet à l’échelle mondiale, M. Türk a fait aussi état du blocage de réseaux sociaux comme Facebook, Instagram, WhatsApp et TikTok, au moins depuis le 24 novembre, sachant que l’accès à internet a été limité depuis plusieurs mois.

La Guinée est 85e sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières en 2023.

AFP- Genève (Suisse)

Facebook Comments Box