Guinée : à la rencontre de Mamadouba N’dongo Camara, le meilleur tireur de pénalty du Syli national…

Mamadouba N'dongo Camara, ancien du Syli national

Au lendemain de son accession à l’indépendance en 1958, la Guinée mettait en place sa première équipe nationale de football. Après cette première génération, s’en est suivie une autre à partir de 1961, avec dans ses effectifs l’excellent tireur de pénalty, Mamadouba N’dongo Camara. Cet attaquant a marqué les esprits de ses contemporains même si, à l’image de toutes les autres gloires de notre pays, il est aujourd’hui aux oubliettes.

Rencontré par un reporter de Guineematin.com ce vendredi, 26 janvier 2024, le vieil homme de 81 ans est revenu sur son parcours au sein de cette équipe à l’international, dans les compétitions, sous le régime du premier président Ahmed Sékou Touré.

Bien avant les héros du football guinéen que les jeunes de l’an 2000 retiennent, comme Titi Camara, Pascal Feindouno, Dian bobo Baldé, Ibrahim Traoré, l’équipe nationale, le Syli, comptait d’excellents footballeurs qui ont marqué le football africain durant leur activité : Kandia Diallo, surnommé monsieur but, Dacky M’bor, le premier capitaine du Syli national, Mamadouba N’dongo Camara, l’excellentissime tireur de pénalty, en sont une illustration.

Mamadouba N’dongo Camara, ancien du Syli national

Mamadouba N’dongo Camara vit actuellement dans sa maison à Kouléwoundy, dans la commune de Kaloum, a bien voulu raconter. « Je suis né à Conakry, au temps colonial. L’époque à laquelle, très jeune, j’ai commencé à jouer au foot comme tout jeune guinéen. J’ai fait l’école, et après les études, je me suis basé sur le football. C’était ma profession. J’étais footballeur de profession. Après les indépendances, on a cassé toutes les autres équipes pour former l’équipe national  » le Syli ». Étant jeune, je rejoins l’équipe en 1961, avec laquelle, nous avons compéti à l’international. En ce moment, on était une équipe nationale et non une sélection nationale comme en ce moment où on prend des joueurs de gauche à droite. Notre profession, c’était footballeur. On était la seule équipe en place, qui représentait le pays à l’international. À mon époque, j’étais le plus grand shooter de pénalty. J’en ai marqué beaucoup. Je ne ratais pas. À chaque fois que je m’apprêtais à tirer un penalty, tout le monde savait que j’allais marquer, même l’équipe adverse. C’est en Algérie seulement, je me souviens, avoir raté le seul penalty de ma carrière.  Les jeux olympiques de 1968, c’est moi qui ai fait qualifier la Guinée en marquant deux penaltys face à l’Algérie. Une fois là-bas, on avait la France comme adversaire. Vu la façon dont on s’était séparé, le président nous a dit de faire tout pour gagner contre la France. On n’a joué, malheureusement, on n’a pas gagné », se souvient-il.

Par ailleurs, Mamadouba N’dongo Camara précise que lui et ses coéquipiers ne jouaient pas pour de l’argent, comme c’est le cas actuellement, mais pour la patrie. « Nous n’avons pas joué pour de l’argent, et c’est vrai. On a joué pour la nation et on a mouillé le maillot. D’ailleurs, c’est grâce à nous, au football, que la Guinée et la Côte d’Ivoire se sont réconciliées. Nous sommes partis là-bas pour jouer au foot, permettant d’apaiser les tensions entre les deux pays. Houphouët Boigny, président ivoirien de l’époque, était au terrain. Après le match, on a dansé, on l’a soulevé. Cette réconciliation s’est passée par le football. À l’époque, le président Sékou Touré nous avait fait signer des papiers stipulant qu’on était comme des fonctionnaires guinéens et qu’on devait être récompensés. On a vu ce papier. Il y a eu un décret d’ailleurs, mais jusqu’à maintenant, on n’a rien reçu. Même un franc. Le football, c’est difficile. Donc, c’est extrêmement important aussi que l’État soit reconnaissant », lance le vieux footballeur, toujours aussi vif malgré ses 81 ans.

Mamadouba N’dongo Camara, ancien du Syli national

Envahi par la fatigue, le doyen N’dongo a en outre rappelé l’importance de l’instruction et sa croyance aux capacités de l’équipe nationale de remporter la Can 2023 en cours en Côte d’Ivoire. « L’instruction compte beaucoup dans le football. Quelqu’un qui n’est pas instruit et un autre qui l’est, ce n’est pas la même chose. Il faut dire les choses telles qu’elles sont. Quelqu’un qui est instruit, peut parler aux journalistes, n’a pas besoin qu’on lui dise ce qu’il doit faire, tout le contraire de celui qui n’est pas instruit. Le cas récent de Aguibou Camara, avec sa sortie ratée (contre la Gambie, ndlr) est une illustration de ce que je dis. Le football n’a pas de logique. C’est vrai que cette équipe de Guinée équatoriale fait peur et est très forte, mais ce n’est pas parce qu’elle a battu la côte d’ivoire 4-0 qu’elle va nous battre. Le football, c’est une question de mentale, de motivation. Ce n’est pas que les pays. Si nos joueurs sont motivés, déterminés, ils peuvent gagner, même la CAN », soutient-il.

Mamadouba N’dongo Camara, ancien du Syli national

Mamadou Baïlo Diallo pour Guineematin.com

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