Conakry : la campagne de sensibilisation sur la résistance aux produits antimicrobiens lancée

La résistance aux antimicrobiens (RAM) représente une menace majeure pour la santé publique mondiale. L’utilisation abusive d’antibiotiques et d’autres antimicrobiens favorise la croissance de la résistance aux médicaments des microbes qui se propagent parmi et entre les humains, les animaux et les plantes. C’est pour faire face à cette problématique que la semaine de la sensibilisation à la résistance aux antimicrobiens a été lancée ce mardi, 5 mars 2024, à Conakry. Des spécialistes de la question ont échangé des idées sur les moyens de freiner le mal qui risque de coûter la vie à de nombreuses personnes, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Du 18 au 24 novembre de chaque année, se tient régulièrement une campagne mondiale visant à faire connaître le problème de la résistance aux antimicrobiens. La campagne vise également à promouvoir les meilleures pratiques pour réduire l’émergence et la propagation d’infections pharmaco-résistantes.

Docteur Binta Bah, directrice nationale adjointe des laboratoires au Ministère de la Santé et de l’Hygiène publique

Docteur Binta Bah, directrice nationale adjointe des laboratoires au Ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, est revenue sur la nécessité de tenir chaque année cette activité. « Cette semaine initiée par l’assemblée générale des Nations unies est intéressante. Normalement, du 18 au 24 novembre de chaque année, chaque pays doit consacrer une semaine pour sensibiliser sur la résistance aux antimicrobiens. On n’a pas pu lancer la sensibilisation en novembre compte tenu de tous nos problèmes dans le pays, c’est pourquoi nous l’avons fait en mars. Aujourd’hui, ce problème de résistance est devenu un problème de santé publique mondiale. Et si on ne prend garde aux données récentes de l’OMS, qui dit d’ici 2050, au moins 10 millions de personnes vont mourir par suite de la résistance aux antimicrobiens… En 2019, il y a eu plus d’un million de personnes décédées, suite à la résistance aux antimicrobiens, et notre pays fait partie de ce monde-là. Imaginons dans les pays à ressources limitées, nous n’avons pas beaucoup de moyens et si nous nous retrouvons un jour avec des maladies infectieuses et si on ne peut pas avoir des médicaments pour soigner les malades, il va sans dire que ça va être une catastrophe. Cette lutte, ce n’est pas le Ministère de la santé qui doit la mener, mais plutôt tous les secteurs », a-t-elle laissé entendre.

Michel Sagno, président de la commission d’organisation

Dans la même lancée, Michel Sagno, président de la commission d’organisation de la semaine mondiale de sensibilisation aux antimicrobiens est revenu sur l’objectif de cette campagne. « La campagne de sensibilisation pour l’utilisation rationnelle des antibiotiques, que l’on peut appeler semaine mondiale de sensibilisation aux antimicrobiens, c’est de permettre à l’humanité de comprendre le phénomène de la résistance aux antimicrobiens, qui est une autre pandémie qui venait de façon silencieuse pour décimer une grande partie de notre humanité. Mais, en 2019, nous avons compris que les signes étaient tout à fait présents dans le monde. Il y a eu des étudiants, des professionnels de santé, ce que nous attendons d’eux, c’est de contribuer au premier objectif de cette semaine, qui est de sensibiliser, de faire comprendre le phénomène de résistance aux antimicrobiens. Le résultat escompté, c’est de permettre à la population de s’imprégner de ce phénomène », a-t-il indiqué.

Sékou Kaba, directeur Communal de l’éducation de Matoto

De son côté, Sékou Kaba, directeur communal de l’éducation de Matoto, a demandé à la population d’en finir avec les vieilles habitudes, à savoir l’automédication. « Vous savez, en Guinée, si tu as des maux de tête, tu vas dans une pharmacie pour dire que tu veux du paracétamol, sans le diagnostic d’un médecin, chose qu’il faut éviter. Il faut aller vers les spécialistes pour te faire diagnostiquer, te faire prescrire des médicaments. C’est une initiative à saluer. Je demande aux citoyens d’être dans les hôpitaux, de ne pas prendre les médicaments comme de l’eau ou du jus », conseille le directeur.

Madame kadiatou Cherif, étudiante en infirmerie

A la fin de l’activité, Kadiatou Cherif, étudiante en infirmerie, a dit sa joie d’avoir participé à l’activité. « L’activité s’est bien passée. J’ai apprécié, j’ai beaucoup appris et j’en suis heureuse. J’ai eu beaucoup de notions en contact avec ces grandes personnes. J’espère qu’il y aura d’autres initiatives pour en apprendre davantage. Ce que j’ai à dire à mes parents, proches et entourages, c’est de ne pas prendre des médicaments à tue-tête, mais de suivre les recommandations », a-t-elle lancé.

Mamadou Baïlo Diallo pour Guineematin.com

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