Procès du 28 septembre : « Marcel Guilavogui est victime de chantage » (avocat)

Me Sidiki Bérété, avocat de Marcel Guilavogui

Comme annoncé précédemment, le procès des événements du 28 septembre a repris ce lundi, 18 mars 2024, devant le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’appel de Conakry. L’audience d’aujourd’hui est consacrée aux répliques de la défense après les réquisitions du ministère public présentées le 4 mars dernier, demandant la requalification des faits reprochés aux accusés en crimes contre l’humanité. Dans sa prise de parole, Me Sidiki Bérété, avocat du capitaine Marcel Guilavogui, a qualifié la démarche du parquet de « chantage », a constaté Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Tout comme ses confrères qui se sont exprimés devant le tribunal, l’avocat a rappelé que la question de la qualification des faits reprochés aux accusés avait déjà été examinée et réglée, y compris par la Cour suprême, avant que l’ordonnance de renvoi ne soit prise. C’est pourquoi il trouve incompréhensible que le ministère public ramène ce débat un an et demi après l’ouverture du procès.

« Après l’audition des accusés qui ont défilé ici, après l’audition des témoins, après l’interrogatoire des parties civiles sélectionnées, après la communication des pièces à conviction, ce qui reste désormais, c’est la confrontation puis les réquisitions et plaidoiries. Si vous nous amenez aujourd’hui à reprendre le débat sur la qualification des faits qui a déjà été examinée, je qualifie cela de chantage à la détention.

Mon client est victime de chantage en détention, parce qu’il est privé de sa liberté, on peut prendre tout le temps, on fait de lui ce qu’on veut et non ce que la loi a exigé. Alors, monsieur Marcel Guilavogui vous regarde et il réclame justice devant le peuple de Guinée… Vous ne pouvez pas attendre un an et demi d’un débat contradictoire public, le débat terminé, vous changez de fusil d’épaule. Qu’on respecte au moins l’image d’un procès criminel. Parce que ça, c’est tout sauf le droit », a-t-il estimé.

Soutenant que la décision de qualification des faits qui figure dans l’ordonnance de renvoi « est définitive, irrévocable », Me Sidiki Bérété estime que ce débat soulevé par le ministère public est une perte de temps. Ce qu’il y a lieu de faire aujourd’hui, dit-il, c’est se préparer pour les plaidoiries et réquisitions

« Si le ministère public est convaincu que les accusations d’assassinats, meurtres et autres contre Marcel Guilavogui ne peuvent pas tenir, qu’il puisse au moins accepter, puisque la poursuite c’est à charge et à décharge, on n’est pas tenu de condamner systématiquement les accusés, surtout quand il s’agit d’un citoyen qui a fait 14 ans de détention préventive. C’est extrêmement grave ! Et ça ne leur dit rien. Ils laissent les gens en prison et ils viennent demander encore une requalification dans la nuit du temps », déplore l’avocat, qui demande au tribunal de rejeter les réquisitions du parquet.

« Je tiens à vous signaler que la défense a toujours perdu dans nos exceptions ici. Cette fois-ci, faites honneur au droit, en disant que la défense a raison », a-t-il conclu.

Alpha Diallo pour Guineematin.com

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