Conakry : l’ancien président des ressortissants Burkinabè poursuit un de ses compatriotes pour diffamation et chantage

Hien Julien Namine, ressortissant Burkinabè, est jugé au tribunal de première instance de Kaloum, dans la capitale guinéenne, pour diffamation et chantage. Il est poursuivi par Didier Roland Lakoande, ancien président des ressortissants du Burkina Faso en Guinée, suite au partage d’une publication sur les réseaux sociaux. A l’audience mardi dernier, 09 avril 2024, le prévenu a donné sa version des faits dans cette affaire, a constaté un reporter de Guineematin.com qui a suivi le procès.

Pour le prévenu Hien Julien Namine, tout est parti de la volonté affichée du président sortant des ressortissants du Burkinabé en Guinée d’avoir un troisième mandat à la tête de leur structure. « J’ai travaillé avec Didier Roland Lakoande. Quand j’ai eu un nouvel emploi, je suis allé l’aviser et avec son accord, je suis allé. J’étais le secrétaire général des ressortissants Burkinabé en Guinée et Monsieur Roland était le président. Après son deuxième mandat, Monsieur Roland ne devait pas se présenter, comme le stipulent les statuts et règlements intérieurs de notre association. Il a programmé des élections, et à notre surprise, il s’est porté candidat. Tous les problèmes ont commencé là. Je lui ai dit qu’il ne peut pas se présenter. On est même allés voir le consul. Le consul a convoqué les sages. Le conseil des sages a autorisé Roland à se présenter. Pour ne pas qu’il y ait une division entre nous Burkinabé, on a accepté. M. Roland, à cause du décès de son papa, était parti au Burkina. Il n’a pas assisté aux élections. Monsieur Roland est sorti perdant. Suite à ça, j’ai reçu une convocation à la DPJ. J’ai dit que je ne reconnais pas ces diffamations. Roland a dit que c’est moi qui ai créé une page fictive (Ibrahima Ouédraogo) sur Facebook pour le diffamer. En toute franchise, je ne suis ni de près ni de loin mêlé avec cette page où le message est écrit. J’ai partagé le message d’Ibrahima Ouédraogo parce qu’on était en campagne électorale. J’étais le directeur de campagne de son rival, le président élu. On m’a demandé de lui présenter des excuses que j’ai faites et il m’a demandé de supprimer le message de la page. J’ai répondu que je suis prêt à présenter des excuses publiques, mais je ne peux pas supprimer un message d’une page qui ne m’appartient pas. Si je connaissais la personne, j’allais lui demander de supprimer, mais je ne la connais pas. J’ai présenté mes excuses publiques sur ma page. Ensuite, on a envoyé une délégation pour la passation entre les deux présidents entrant et sortant. Et cela l’a irrité. Il est reparti à la DPJ dire que mes excuses ne sont pas sincères. On est allé avec les sages pour présenter des excuses à monsieur Roland. À la DPJ, on nous a demandé de régler à l’amiable, mais le grand frère Didier Roland a saisi le tribunal parce que selon lui, il a des relations. Didier Roland est un grand frère pour qui j’ai un énorme respect », a-t-il laissé entendre.

Répondant aux questions de l’avocat de la partie civile sur le contenu diffamatoire du message, Julien Namine se justifie : « Oui, j’ai lu le contenu du message avant de partager. C’était la période de la campagne électorale…. »

Didier Roland Lakoande, informaticien, consultant, entrepreneur, partie civile, déclare à la barre avoir porté plainte pour sauver son honneur. « J’ai lu des publications sur Facebook. J’ai porté plainte contre les trois premières personnes qui ont partagé. C’est à cause de mon honneur. Je suis là depuis 1998. Je suis la première personne à recevoir le prévenu Julien en Guinée. Je l’ai accueilli, logé, nourri et permis d’étudier et travailler en Guinée. Il connaît toute ma famille. Je me sens en danger. C’est une fille qui l’a amené vers moi lui disant qu’il a un grand Burkinabé. Je l’ai reçu. Il se promène, dire que j’ai vendu le terrain où on doit construire l’ambassade, le tracteur que le gouvernement guinéen a donné, j’ai détourné 100 millions, etc. La personne que tu as nourri te fait ça. Il est allé jusqu’à publier mes photos sur Facebook. Je suis venu me plaindre. On lui a dit de cesser, de ne pas faire ça, mais il n’a pas voulu. Je ne parle pas d’une histoire d’associations. Le message, ils ne l’ont toujours pas retiré. Je suis là pour demander réparation. Je ne lui en veux pas. Ils ont un groupe. Qu’ils retirent ce qu’ils ont publié », a martelé Didier Roland Lakoande, partie civile dans cette affaire.

Le ministère public, représenté par le procureur Mamadi Keïta, va demander au prévenu de retirer la publication avant la date du renvoi.

L’audience pour la poursuite des débats a été renvoyée à la date du 23 avril 2024 par le juge Mamadou Bhoye Diallo.

Boubacar Diallo pour Guineematin.com

Facebook Comments Box