Procès du 28 septembre : le colonel Abdoulaye Chérif Diaby face au Dr Ben Youssouf Keïta

Colonel Abdoulaye Chérif Diaby, ex ministre de la santé et de l'hygiène publique

Le colonel Abdoulaye Chérif Diaby (ministre de la santé sous le CNDD) est de nouveau à la barre ce mercredi, 17 avril 2024, devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la cour d’appel de Conakry). Il est face au Dr Ben Youssouf Keïta (une des parties civiles dans ce dossier) pour une confrontation souhaitée par le ministère public. Et, le débat porte sur la « présence effective » du colonel Abdoulaye Chérif Diaby au Centre Hospitalo-Universitaire (CHU) Donka. Le parquet estime qu’il y a une contradiction dans leurs déclarations sur ce point précis.

La confrontation entre ces deux professionnels de santé a été ouverte par le parquet avec une question combinée consistant à savoir comment et avec qui le colonel Abdoulaye Chérif Diaby est arrivé au CHU Donka le 28 septembre 2009.

« Il (colonel Abdoulaye Chérif Diaby) était en tenue militaire quand il est arrivé au CHU Donka. Et, il était en compagnie de plus de deux militaires », a répondu Dr Ben Youssouf Keïta.

Cependant, ces propos ont très vite été balayés d’un revers de la main par le colonel Abdoulaye Chérif Diaby. « Je suis venu à Donka en tenue civile. Je portais un bazin et des babouches », s’est-il défendu.

Ensuite, le ministère public a abordé la question liée à l’état d’âme du colonel Abdoulaye Chérif Diaby au CHU Donka par rapport aux victimes de la répression sanglante enregistrée au stade du 28 septembre le 28 septembre 2009.

En effet, lors de sa déposition d’avril 2023 devant le tribunal, Dr Ben Youssouf Keïta avait dit que le colonel Abdoulaye Chérif Diaby n’avait montré aucune empathie à l’égard des victimes de cette répression qui a fait plus de 157 morts.

Dr Ben Youssouf Keïta, victime du massacre du 28 septembre

« Je veux chercher à comprendre pourquoi ce ministre de la santé à l’époque, qui a prêté le serment d’Hippocrate, n’a pas agi comme un médecin. Ce jour, il (le Colonel Abdoulaye Chérif Diaby) n’a pas été un homme assermenté en Médecine. Il n’a pas frappé quelqu’un, il n’a pas crié sur quelqu’un, mais il n’a pas eu la pitié, comme il devait l’avoir, face à ceux qui souffrent, face aux victimes. Il n’a pas compati à nos douleurs. Il n’a pas cherché à nous dorloter et à nous caresser. Il n’a pas cherché à nous rassurer », avait déploré Dr Ben Youssouf Keïta.

Et ce mercredi devant le tribunal, il a réitéré ses accusations. « Je maintiens ces déclarations », a insisté Dr Ben Youssouf Keïta tout en précisant que le colonel Diaby a tenu des « propos déplacés » qui ont cassé le moral des patients qui gémissaient de douleur.

Cependant, pour le colonel Abdoulaye Chérif Diaby, ces propos du Dr Ben Youssouf ne sont « pas concordants » à la réalité qui était la sienne le 28 septembre 2009 au CHU Donka.

« Je voudrais d’abord rappeler à mon grand frère, Dr Ben, que je suis bien docteur en médecine. Si je lui explique un peu mon parcours universitaire, il saura que je suis docteur, chirurgien généraliste et spécialiste en chirurgie de guerre. J’opère du cou aux orteils. Donc, il peut m’appeler docteur, il n’aura pas honte… Maintenant, ce qu’il dit comme ça, que j’ai manqué d’empathie, monsieur le procureur, je ne suis pas d’accord. Il ne peut pas lire ce qui est dans ma tête. Ce que j’ai vu quand je suis entré à Donka, l’affluence, les blessés à même le sol au services des urgences, j’étais complètement déboussolé et dépassé. Ce n’était pas possible que je tienne des propos déplacés », s’est défendu le colonel Abdoulaye Chérif Diaby.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

Facebook Comments Box