N’Zérékoré : un présumé voleur, victime de sévices corporels, fait condamner « son bourreau »

Un fait inédit s’est produit récemment dans la ville de Nzérékoré. Un présumé voleur, mis aux arrêts, sérieusement rossé, a réussi à faire condamner ceux qui l’ont passé à tabac. Issa Kébé, c’est le nom du présumé voleur, n’ayant pas perdu la vie malgré les nombreux traitements subis, a porté plainte contre Antoine Holémou. Reconnu coupable des faits de coups et blessures volontaires, monsieur Holémou a été condamné ce jeudi, 25 avril 2024, à 18 mois d’emprisonnement par le tribunal de première instance de N’zérékoré, rapporte le correspondant de Guineematin.com basé dans la préfecture.

Interrogé à ce sujet par notre reporter, le procureur de la République près le tribunal de première instance de N’Zérékoré, Abdoulaye KOMAH, s’est réjoui de la condamnation d’Antoine HOLEMOU à un an et demi d’emprisonnement. « J’étais très content parce que des situations comme ça doivent servir de leçons aux éventuels candidats qui se lancent à lyncher les voleurs. Quand vous prenez, la loi est claire, aucune disposition de la loi en République de Guinée ne dit que quand vous prenez votre voleur, vous allez le frapper ou vous allez le tuer ou bien vous allez le bruler. Ça n’existe nulle part. Quand vous prenez votre voleur, c’est de l’envoyer devant les autorités judiciaires ; et les autorités judiciaires n’ont pas le pouvoir de frapper quelqu’un. Nos fouets, ce sont les textes de lois. Quand on m’envoie un PV de vol, moi procureur, je ne peux pas me lever pour gifler le voleur. Ce que je peux, je prends le voleur pour le confier à la maison centrale et organiser un procès. S’il est reconnu coupable, on le condamne. Mais actuellement, le lynchage ou se rendre justice est devenu monnaie courante. Mais le plus souvent aussi, des situations de ce genre, ça trouvera qu’il y a une complicité, c’est-à-dire pour éviter que ceux qui sont autour de lui, ceux qui ont commis l’infraction ne soit dénoncés, c’est les mêmes personnes qui poussent la population à lyncher l’autre pour ne pas qu’il parle. Donc, la décision d’hier était salutaire, même si nous avions requis un an. Mais, le président est parti au-delà. J’étais très content », a laissé entendre l’empereur des poursuites de N’zérékoré.

En ce qui concerne les faits proprement dits, Abdoulaye Komah a rappelé ce qui s’est passé pour qu’on en soit arrivé là. « C’était un acte malheureux. Le jeune Issa Kébé s’est retrouvé dans la concession des gens, entre 2h et 3h du matin, mais dans l’intention de voler. Lorsqu’on l’a pris, ils l’ont attaché, ils ont commencé à le frapper. La mère de la famille est sortie pour dire de le détacher et de le laisser partir. Ils l’ont détaché, libéré… mais ils n’étaient pas satisfaits. Pour aller au-delà de la volonté de leur maman, une fois hors de la cour, ils ont commencé à crier au voleur, au voleur. C’est ainsi que la population est venue s’en prendre à ce jeune. Ils l’ont frappé sérieusement. Le jeune Issa Kébé a réussi à quitter les lieux. Eux, ils ne l’ont pas envoyé à une autorité judiciaire. Issa Kébé aussi est allé à l’hôpital pour se soigner. Après ses soins, c’est lui-même qui a porté plainte contre eux pour coups et blessures volontaires. Donc, ça doit servir de leçons à tout un chacun de nous », a dit le procureur.

De N’Zérékoré, Foromo Gbouo LAMAH pour Guineematin.com

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