Chicha, tabac, alcool, rapport sexuel buccal (cunnilingus et fellation)… Dr Ibrahima Diallo sur les causes du Cancer de la gorge

Dr Ibrahima Diallo, spécialiste en ORL et chirurgie cervico-faciale à l'hôpital Jean Paul 2

Le cancer de la gorge, c’est le développement de façon anarchique des cellules au dépend des voies aérodigestives supérieures qui peut affecter les voies respiratoires et alimentaires, et provoquant des difficultés respiratoires et des problèmes à avaler. Il peut se développer dans différents endroits tels que : amygdales palatines, l’hypopharynx, l’œsophage, le larynx. La consommation du tabac, de l’alcool, de la chicha et le rapport sexuel buccal (cunniling et fellation) sont entre autres les causes citées pour cette pathologie. Pour en parler, un reporter de Guineematin.com a donné la parole au Dr Ibrahima Diallo, spécialiste en ORL (Oto-rhino-laryngologie) et chirurgie cervico-faciale à l’hôpital Jean Paul 2. Avec ce médecin, il a été question des causes, des symptômes de prévention et de la prise en charge du cancer de la gorge.

A l’entame, Ibrahima Diallo a apporté une définition au cancer de la gorge, tout en expliquant comment il se manifeste.

« Le cancer de la gorge, c’est le développement de façon anarchique des cellules au dépend des voies aérodigestives supérieures. Et ce cancer peut siéger à n’importe quel endroit des voies aéro-digestif supérieures, vous avez les amygdales palatines, l’hypopharynx, l’œsophage, le larynx qui en font partie intégrante. Donc, l’ensemble de ces organes peuvent être touchés par un cancer communément appelé cancer de la gorge. Pour reconnaître cette maladie, il y a des signes, tels que : difficulté à avaler, à respirer et à parler. Voici les grands signes qu’on peut retrouver. Des fois vous pouvez avoir une douleur à l’oreille qui s’associe soit à une difficulté à avaler et à une difficulté respiratoire qui peut s’installer. Et avec cette difficulté respiratoire, ce sont des signes progressifs, ça dépend de l’évolution ou du stade de la maladie et autres. Plus la maladie avance, plus le signe s’aggrave progressivement. Vous avez aussi des ganglions qui peuvent apparaître au niveau du cou. Et les ganglions surviennent à un stade un peu avancé de la maladie », a-t-il expliqué.

Par ailleurs, ce médecin a apporté des précisions sur les causes et conséquences de cette maladie. « Les causes, il y en a plusieurs. Mais ce qui est reconnu c’est l’alcool et la consommation du tabac. Surtout le tabac, quand une personne prend une cigarette, il s’expose au développement de façon anarchique des cellules, et l’alcool potentialise l’action du tabac. Ce qui fait qu’un patient alcoolo-tabagique à plus de risques de faire un cancer de la gorge. Il y a aussi ce qu’on appelle le HPV (Human Papillomavirus). Actuellement ce virus fait partie intégrante d’un cancer de la gorge. Il y a aussi la chicha. Nous interpellons nos frères et sœurs d’éviter la consommation de la chicha, parce que la chicha a une action qui potentialise le développement du cancer plusieurs fois par rapport à la consommation du tabac. Si la consommation du tabac entraîne un risque de développement d’un cancer, la chicha multiplie ce facteur de risque. C’est pourquoi on insiste beaucoup sur la consommation de la chicha. Actuellement nous voyons même les tout-petits en consommer, ils doivent penser à l’avenir, parce que ce n’est pas pour aujourd’hui, c’est pour demain. Et on constate également du jour au jour la consultation des patients qui présentent un cancer de la gorge, surtout les jeunes, alors qu’avant c’était les sujets âgés de la cinquantaine à la soixantaine qui développaient le plus le cancer de la gorge. Il y a aussi un autre facteur qui est souvent ignoré, une anémie chronique chez un patient, surtout chez nos sœurs, nos mamans, quand vous constatez que le taux de sang est bas dans l’organisme, il faut aller consulter. Ne restez pas avec une anémie chronique. Car elle entraîne une baisse de fer sérique qui va causer le développement de façon anarchique des cellules et cela va entraîner la survenue d’un cancer. Les reflux gastro-œsophagiens constituent actuellement un problème de santé qui entraîne également la survenue du cancer. Il y a aussi le rapport sexuel buccal (fellation et cunnilingus) qui est un facteur de risque de la survenue d’un cancer lié à un HPV (Human Papillomavirus). Il y a l’hérédité aussi, mais le pourcentage est très faible par rapport aux facteurs de risques de la survenue d’un cancer de la gorge. La conséquence est que si on arrive à diagnostiquer tôt la maladie, on peut soigner le patient. Mais s’il est tardif, le pronostic du patient est réservé et le patient peut en mourir. Parce que plus le cancer est à un stade avancé, plus le traitement devient compliqué. Et le traitement se fait en fonction du cancer », a expliqué Dr Ibrahima Diallo.

Parlant de la prévention, le médecin conseille un certain nombre de pratiques qui constituent des facteurs de risque du cancer de la gorge.

« Il faut la prévention avant tout. C’est pour cela qu’il faut éviter la consommation du tabac, l’alcool, éviter la fellation et le cunniling (rapport sexuel buccal) et arrêter surtout la consommation de la chicha, se faire consulter tôt chez les patients qui présentent une anémie. Donc, c’est d’éviter tous les facteurs de risques de la survenue de la maladie », a-t-il dit.

En outre, Dr Ibrahima Diallo a expliqué les modes de prise en charge du cancer de la gorge, avant de faire savoir qu’en une semaine deux cas du cancer de la gorge sont diagnostiqués en ORL.

« Par contre, les trois grands traitements que nous avons, nous avons la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie. La chirurgie intervient généralement à un stade précoce, et la radiothérapie et la chimiothérapie sont utilisées à un stade un peu avancé. Les trois peuvent être utilisés au même moment chez un patient aussi. Nous avons une fréquence hospitalière et non une fréquence nationale et on a trouvé que le cancer de la gorge occupe entre 3 à 10% de pathologie ORL. Au minimum par consultation en semaine on peut avoir deux (2) cas de cancer de la gorge. Et le taux de mortalité avoisine de 2 à 3% », a-t-il indiqué.

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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