A travers un communiqué conjoint signé de 3 départements ministériels, en date du 26 mai 2024, les autorités guinéennes ont suspendu, jusqu’à nouvel ordre, toute exploitation artisanale de l’or et du diamant. La mesure, qui entre en vigueur demain, samedi 1er juin 2024, suscite l’incompréhension des acteurs évoluant dans le secteur de l’exploitation minière artisanale. C’est le cas de Amadou Ciré Bah, le président sous-préfectoral des orpailleurs de Kounsitel, dans la préfecture de Gaoual, interrogé par Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Les autorités motivent leur décision par les besoins de la campagne agricole en cours, de la restauration écologique et pour éviter les risques d’éboulement en cette période des pluies. L’autorisation de reprise des activités fera l’objet d’un autre communiqué, précisent les autorités.
Amadou Ciré Bah, ancien conseiller communal, responsable de la commission chargée des questions environnementales, eau et forêt, appréhende cette suspension avec beaucoup de peine. « C’est avec beaucoup de peine, beaucoup de difficultés qu’en tant que président des orpailleurs de la sous-préfecture de Kounsitel, que j’ai appris ça. Les orpailleurs de la localité ne cessent de m’appeler parce qu’ils sont inquiets quant à l’avenir et se demandent comment est-ce qu’ils vont nourrir leurs familles, satisfaire leurs besoins. Parce qu’en tant qu’orpailleurs, nous ne connaissons aucun autre travail à part l’extraction de l’or et du diamant, et cette activité est interdite subitement jusqu’à nouvel ordre. Alors, on est inquiet. Certes, nous sommes tous sous la coupe de l’Etat. Donc si l’Etat prend la décision de suspendre nos activités, on ne va pas dire qu’on ne va pas respecter. On va respecter. Seulement, ce que nous allons demander à l’Etat, c’est d’avoir pitié de nous orpailleurs. Puisque, nous ne pouvons plus aller faire une autre activité », a-t-il fait savoir.
Par ailleurs, le président des orpailleurs de Kounsitel, Amadou Ciré Bah, invite le président national des orpailleurs de Guinée à engager des négociations avec les autorités en vue d’aboutir à un accord pouvant permettre une reprise de leurs activités. « Aujourd’hui, nous attendons de M. Tidiane Koita qu’il tente de négocier avec les autorités pour que les activités d’orpaillage ne s’arrêtent pas. Parce que si elles s’arrêtent, nous allons perdre énormément. Pendant la saison sèche, on achète le sable et on réserve, et c’est au moment de la saison pluvieuse qu’on a de l’eau pour laver afin de sortir le minerai. Donc en saison sèche, il n’y a pas assez d’eau. Il y a des gens qu’on appelle les ‘’diatis’’, ce sont eux qui achètent l’or et le revendent. Ces gens-là ont beaucoup de problèmes avec l’argent des autres qu’ils ont emprunté pour travailler. Et si les activités sont arrêtées, beaucoup parmi eux risquent d’aller en prison », alerte-t-il.
Sur la question de la dégradation de l’environnement, M. Bah dit en être pleinement conscient. « Je rappelle d’abord que j’ai été conseiller communal de Kounsitel où je dirigeais la commission chargée de l’environnement, eau et forêt. Je n’ai pas manqué de reboiser chaque année, ce qui a fait que dès que les activités d’orpaillage ont commencé sur la localité, j’ai été immédiatement à la tête des orpailleurs de Kounsitel. Et depuis, je m’investis pour ne pas qu’on coupe les bois au niveau de la sous-préfecture, surtout que c’est une localité où il faisait extrêmement chaud même le début de l’orpaillage. Alors, j’ai expliqué aux orpailleurs qu’on ne coupe pas les bois n’importe comment, de façon désordonnée, juste parce qu’on veut le minerai. Je vais sur un projet de reboisement de tous les sites dégradés par l’effet de l’exploitation, et je pense qu’il sera très impactant ».
En attendant, les orpailleurs doivent garder leur mal en patience, car tous les sites ou zones d’exploitation artisanale de l’or et du diamant seront sous le contrôle des autorités administratives et judiciaires dans tout le pays, et appuyées par les forces de défense et sécurité…
Issiaga Barry pour Guinéematin.com
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