Haute Guinée : le calvaire des usagers du tronçon Niantanina-Mandiana, plongés dans le désespoir

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Le tronçon Niantanina-Mandiana, long de 63 kilomètres, est un cauchemar pour ses usagers. Pendant la saison sèche, les citoyens sont confrontés à une  poussière insupportable. Quand c’est la saison pluvieuse, la situation empire, devenant un véritable bourbier. Au grand dam des populations, qui ne savent plus à quel dirigeant se vouer. Cette situation pose de nombreux problèmes pour la communauté, notamment en termes de soins médicaux et d’évacuations sanitaires d’urgence, rapporte un des correspondants de Guineematin.com basé dans la région.

Tronçon Niantanina-mandiana

Le corridor Mandiana-Niantanina est une route essentielle qui relie la Guinée et le Mali, en passant par les localités de Yanfolila et Bougouni. Mais de nos jours, les habitants de Niantanina sont confrontés à de nombreux défis en raison de l’état piteux dans lequel se trouve ce tronçon.

Selon Fassou Koïvogui, le laborantin chef du centre de santé de Niantanina, pour recevoir les soins dont ils ont besoin, les patients, notamment les femmes enceintes, sont contraints de se tourner vers le Mali voisin. Cette dépendance entraîne des retards et des difficultés qui mettent parfois en danger la vie des personnes nécessitant une assistance médicale urgente.

Fassou Koïvogui, laborantin chef du centre de santé de Niantanina

« Nous souffrons énormément ici. Nous sommes dans une grande sous-préfecture qui a un grand centre de santé, mais parfois nous sommes confrontés à un problème de route. D’ici à Mandiana, la route est impraticable, surtout avec cette saison des pluies qui vient de commencer, tout le monde a des soucis. Les références que nous faisons ici au niveau des femmes enceintes, nous ne pouvons pas gérer tous. Donc, les cas que nous referons préfèrent se rendre au Mali, par ce que la route est bonne. Nous voulons vraiment que le gouvernement intervienne pour reprofiler notre route pour que nous puissions référer à temps les patients. Ceux qui vont vers le Mali,  paient beaucoup d’argent, contrairement à ceux qui s’orientent vers Mandiana. Mais, ils sont obligés de se soumettre à cette situation qui n’est pas de leur volonté. Il y a beaucoup de femmes enceintes qui perdent leurs enfants ou leurs vies parce qu’elles sont transportées sur la moto sur cette route défectueuse », a-t-il fait savoir.

De leur côté, les agriculteurs ont du mal à acheminer leurs récoltes vers les marchés. Ce qui affecte leur revenu et leur subsistance. Les commerçants sont également confrontés à des difficultés pour acheminer leurs marchandises, ce qui limite les opportunités d’affaires et freine le développement économique de la localité. C’est le cas de Moussa Diakité, qui enregistre d’énormes pertes chaque année à cause du coup élevé du transport pour l’acheminement de ses récoltes vers Mandiana.

« Je suis un agriculteur ici Niantanina depuis plusieurs années. Mais honnêtement, je commence à avoir le dégoût de cette activité.  J’investis des millions dans la culture du riz et de la noix d’acajou,  mais au retour, je ne gagne presque rien. Pour envoyer mes produits à Mandiana,  je dépense beaucoup plus dans le transport, et le bénéfice que j’espère avoir en retour n’est jamais satisfaisant. Parfois, j’ai même envie d’aller revendre mes produits au Mali, mais là-bas également, on nous fait payer beaucoup d’argent. Si les autorités du pays pouvaient vraiment faire face à la situation de notre route,  cela nous encourageait d’investir plus dans l’agriculture. Mais dans ces conditions, nous risquons de nous orienter vers d’autres activités génératrices de revenus pour pouvoir supporter les charges de nos familles », a-t-il fait savoir.

Même son de cloche chez Ousmane Diakité, commerçant dans la commune rurale de Niantanina.

Ousmane Diakité, commerçant à Niantanina

« Les habitants se plaignent souvent de la cherté des prix de nos marchandises, mais ils ne savent pas dans quelles conditions nous les transportons ici. Le transport est très cher, il y a même des chauffeurs qui n’acceptent pas de pratiquer la route de Niantanina à cause de son état défectueux.  Nous négocions des véhicules parfois qui ne jouent pas en notre faveur, mais nous sommes obligés de faire ainsi pour pouvoir satisfaire les besoins des habitants », a-t-il expliqué.

En plus de ce calvaire, un autre problème subsiste. Les habitants de Niantanina sont souvent confrontés à des problèmes de sécurité sur cette route délabrée. Les accidents de la circulation sont fréquents.

Sékou Diakite, habitant de Niantanina

« Cette route nous a causé beaucoup de pertes en vies humaines à travers les accidents de la circulation. La route est vraiment très mauvaise que parfois les motards n’ont pas la maîtrise de leurs engins roulants. Ce qui conduit souvent à des cas d’accidents mortels. Nous lançons un appel à nos dirigeants de bien vouloir alléger notre souffrance en acceptant de gratter la route pour le bien-être des habitants et de nos activités économiques durement impactées », a lancé Sékou Diakité.

De Kankan, Souleymane Kato CAMARA pour Guineematin.com

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