Les autorités judiciaires et pénitentiaires de Kankan ont lancé une nouvelle initiative visant à garantir la réinsertion socioprofessionnelle des détenus de la Maison centrale locale. C’est dans cette dynamique que 12 détenus, y compris des femmes, condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement, ont récemment bénéficié d’une formation en saponification. La remise des satisfécits aux bénéficiaires a eu lieu en présence des autorités concernées. Cette formation consiste à leur offrir une opportunité concrète de se réintégrer facilement dans la société à travers ce métier après leur séjour carcéral, rapporte un des correspondants de Guineematin.com basé dans la préfecture.
Cette initiative du tribunal de première instance de Kankan est, selon le directeur national de l’administration pénitentiaire, un pas important vers la réhabilitation des détenus et leur réintégration dans la société. Pour le Colonel Mamadi Condé, offrir une telle formation professionnelle de qualité aux détenus leur donne une chance réelle de se reconstruire et de mener une vie productive après leur peine.
« La prison est comme une usine qui réforme l’homme. C’est un lieu de réadaptation, de rééducation et nous sommes en train de nous battre pour humaniser nos prisons. Nous nous battons pour quitter du statut mouroir au statut de réinsertion. Dans les temps, les prisons de chez nous étaient considérés comme un mouroir et dès qu’on dit qu’il va en prison, tout de suite, la famille a peur et on disait qu’il partait pour être tué. Mais aujourd’hui, les gens se rendent compte que la prison est un lieu de formation, on leur donne du métier et à leur sortie, cela leur permettra de se prendre en charge. Ces produits seront vendus et cela va leur permettre de subvenir à leurs besoins mais aussi ça a un impact pour le paiement des dommages ou amendes qui leur sont infligés par le tribunal ; et c’est le but de ce projet », a-t-il expliqué.
Prenant la parole, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Kankan, Marwane Diallo, est revenu sur le bien-fondé de ce projet de formation. « Les citoyens de la maison centrale ne sont pas des citoyens hors-la-loi et hors de la société. Ils sont des citoyens de la République de Guinée qui méritent le respect de la jouissance de leurs droits à la santé et à une condition de vie meilleure. Cela s’illustre à travers la mise en œuvre de ce projet de saponification. La formation de ces 12 détenus, y compris des femmes, en porte à faux avec la loi, constitue une aubaine de joie et de satisfaction pour le gouvernement guinéen. Et parmi ces 12 détenus qui ont suivi cette formation, il y a des personnes qui sont condamnées à des peines d’emprisonnement de 20 à 30 ans. C’est pour vous dire que la prison n’est pas une fatalité, mais un environnement de rééducation et de réinsertion. Cette initiative s’inscrit dans le programme du gouvernement qui vise à assister les détenus en milieu carcéral », a fait savoir Marwane Baldé.
Présent à la cérémonie de remise des satisfecit, le Contrôleur général de police Kandia Mara, préfet de Kankan, a salué l’initiative du parquet avant d’inviter les bénéficiaires de la formation à ne plus tomber dans les travers sociaux au terme de leur temps de détention. « Avec la refondation en cours, les résultats sont visibles. C’est une première qu’un projet d’insertion des éléments en conflit avec loi. Ce sont des personnes comme nous, et quand on est prison, ce n’est pas de la fatalité, mais une manière de permettre aux détenus de comprendre que la vie n’est pas de la force, de la violence, du vol, de la criminalité. J’invite les magistrats à prendre toutes les dispositions pour faire en sorte que ces individus soient insérés dans la société. Abandonnez tout ce qui est mauvais et suivez les pas de l’émergence, de l’humilité et du sérieux », a conseillé le préfet.
De Kankan, Souleymane Kato CAMARA pour Guineematin.com
