Conakry : plusieurs Latino-américains jugés pour « trafic illicite de stupéfiants et substances assimilées »

Edison Jaime Cantano Zapata, Lazaro Diaz et Justo Alberto Aluarez (tous des Latino-américains) ont comparu jeudi, 2 mai 2024, devant le tribunal de première instance de Dixinn. Ils sont poursuivis pour « trafic illicite de stupéfiants et substances assimilées par importation, transport international et blanchiment ». Leur coaccusé dans ce dossier, Arinza Monje Ricardo, est en fuite. Ce dernier, présenté comme le cerveau principal dans cette affaire, serait aussi poursuivi en Guinée Bissau pour « trafic de drogue », a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Les trois prévenus présents à l’audience, tous détenus depuis le 1 juillet 2021, ont nié les faits qui leur sont reprochés.

« Monsieur Ricardo, je ne le connais pas vraiment. Il vient juste chez moi pour réparation. Je suis mécanicien automobile. C’est quelqu’un qui l’a conduit à mon garage. S’il a dépassé tous les garages pour aller au mien, c’est parce qu’on lui dit que j’étais un blanc. Il n’y a pas de discussion entre nous, on n’a pas parlé de son travail, de ses activités. Comment peut-on parler avec quelqu’un de ses affaires si vous ne vous connaissez même pas. Il ne m’appelait pas régulièrement. Il m’a appelé quand-même pour faire le bilan. Je n’ai pas participé à un trafic de drogue, ni à un blanchiment d’argent. Personne n’a pris de la drogue avec moi. Je connais Zapata, on travaillait ensemble dans les 2006. Je ne savais pas qu’il faisait affaire avec Ricardo. Moi je suis vraiment étonné d’être ici », a-t-il laissé entendre.

Abondant dans le même sens, Alberto Aluarez, ressortissant cubain et musicien, a clamé son innocence.

« J’étais à l’usine, la police est venue me chercher pour dire où est monsieur Ricardo, j’ai dit que je ne sais pas où il se trouve. Après, elle m’a embarqué. Elle m’a demandé si je connais les activités illicites de monsieur Ricardo, je leur ai dit : non. J’ai travaillé dans plusieurs entreprises, mais je n’ai jamais demandé à mes patrons quel genre d’activités ils font. Tout ce que je sais de Ricardo, c’est qu’il est latino. Mon travail, c’était de contrôler la vente des glaces, c’est 8 millions par mois qu’il me payait s’il y avait du travail. S’il n’y en avait pas, je restais chez moi. J’ai travaillé trois mois pour lui, je n’ai jamais parlé de ses activités avec lui, ni participé à un quelconque trafic. La police est allée chez moi perquisitionner, mais elle n’a rien trouvé », a dit Alberto.

Répondant aux questions du tribunal, du ministère public et de son avocat, Edison Jaime Cantano Zapata reconnaît avoir aidé monsieur Ricardo quand il est venu en Guinée. Mais, il a précisé qu’il n’est pas coupable de ce dont on l’accuse.

« Je travaillais pour monsieur Ricardo dans son usine à Boffa, ainsi que mon fils. Je l’ai servi d’interprète aussi. Je l’ai aidé à acheter son terrain à Boffa. Mais je ne connaissais rien de ses activités, ni de son passé suspicieux en Guinée Bissau. C’est à la police que j’ai appris qui il était d’après elle. Je n’ai jamais importé de la cocaïne en Guinée, ni participé à un trafic de drogue international. Je demande vraiment d’avoir pitié de moi, de nous tous. On a des familles, des enfants dont on doit s’occuper. Donc, veuillez nous pardonner », a-t-il indiqué.

Dans ses réquisitions, le ministère public a demandé au tribunal de condamner Justo Alberto Aluarez et Edison Jaime Cantano Zapata à 5 ans de prison pour complicité de blanchiment d’argent et d’ordonner la confiscation au profil de l’État du terrain de monsieur Ricardo qui se trouve à Boffa, ainsi que tous les biens qui s’y trouvent, et 20 ans de réclusion criminelle pour lui, tout en discernant un mandat d’arrêt en son encontre. Concernant monsieur Lazaro Diaz, il demande son acquittement.

De son côté, l’avocat de la défense a demandé au tribunal de renvoyer ses clients des faits de la poursuite pour délit non constituée.

Finalement, le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 20 juin prochain.

Mamadou Baïlo Diallo pour Guineematin.com

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