Recrudescence d’incendies dans le Grand Conakry : « Il y a quelque chose qui se cache derrière….», selon le ministre de la justice

Yaya Kairaba Kaba, ministre de la justice et des droits de l'homme

La vague d’incendies que connaît la capitale guinéenne préoccupe les autorités, décidées à y faire face. C’est dans cette dynamique qu’une importante réunion s’est tenue ce jeudi, 16 mai 2024 à la Cour d’appel de Conakry. Cette initiative du Ministère de la Justice et des Droits de l’homme a réuni les services centraux et les services régionaux de la police judiciaire en présence de la Guinéenne d’électricité (EDG) et la protection civile. Elle a été présidée par le Garde des sceaux, Yaya Kairaba Kaba, qui estime que les incendies actuels ne sont seulement causés par des courts-circuits, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Devant les parquetiers relevant du ressort de la Cour d’appel de Conakry,  le  ministre de la justice a expliqué l’objet de cette réunion. « Cette rencontre a été initiée par le cabinet en raison des événements douloureux dont nous sommes victimes dans la capitale depuis un certain temps. Ces évènements douloureux sont en lien avec les cas d’incendies qui deviennent vraiment récurrents et dévastateurs au point que la conscience nationale ne peut pas être indifférente. Parce que, en ma qualité de Garde des sceaux, ministre de la justice et des droits de l’homme, je suis le premier chef de tous les parquets. Alors, j’ai réuni mon cabinet pour réfléchir sur cette douloureuse situation, faire des éléments de propositions pouvant être bénéfiques à l’ensemble de la population. C’est dans cet exercice que mon conseiller technique, monsieur Eric Le Grand m’a fait un mémo. Et à  la suite de ce mémo,  j’ai cru réunir tous les parquets sous l’autorité du parquet général et associer les officiers de police judiciaire, de la protection civile à l’effet que de leur expertise des solutions ou tout au moins des esquisse de solutions puissent être trouvées pouvant être véritablement des ballons d’oxygène pour la population », a-t-il annoncé.

Pour Yaya Kairaba Kaba, ces incendies ne sont pas exclusivement liés à des courts-circuits, mais ils ont plutôt d’autres origines. « Pour nous, ce phénomène cauchemardesque retient l’attention à plus d’un titre et au plus haut niveau et requiert une urgence quant à la solution qu’il faut apporter. Tous les moyens de communication sont bons parce que ces incendies qui se produisent fréquemment ne sont pas seulement à mettre à mon sens sur le court-circuit. Je refuse d’admettre que ces incendies sont dus uniquement et exclusivement aux courts-circuits. Ces incendies ont d’autres origines. Il y a d’autres choses qui se cachent derrière ces incendies et c’est ce que nous voulons découvrir et solutionner. Donc, la mise en œuvre d’un numéro vert est une très bonne initiative et de tous moyens de communication permettant aux enquêteurs de non seulement situer les causes mais éventuellement mettre la main sur les présumés auteurs de ces cas d’incendies », a-t-il précisé.

Dans la même lancée, le Procureur général près la cour d’appel de Conakry, Fallou Doumbouya a fait savoir que certaines enquêtes ont démontré que certains incendies sont dus à des actes criminels. C’est pourquoi, il entend mettre en place des parquetiers spécialisés, des juges d’instruction spécialisés, et éventuellement une juridiction spécialisée à l’effet de faire des enquêtes, de poursuivre et de juger les auteurs de ces faits dans un bref délai et conformément aux dispositions des articles 873 et suivants du code de procédure pénale.

Fallou Doumbouya, procureur général près la cour d’appel de Conakry

« Vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a environ 5 à 6 mois, il y a une montée exponentielle des incendies dans le Grand Conakry. Au début, on se disait que ces incendies sont dus aux courts-circuits. Mais le résultat de certaines enquêtes nous font savoir que certains incendies sont dus à des actes criminels. Alors, on se pose la question de savoir, quels sont les auteurs de ces actes.  C’est pourquoi, nous, en tant que coordonnateur des acteurs de la chaîne  pénale dans le ressort de la Cour d’appel de Conakry,  avec l’accord du ministre de la justice, sur ses instructions, nous avons réunis les services centraux et les services régionaux de la police judiciaires, étendus à l’EDG, la protection civile et à d’autres services afin qu’on se penche sur les causes de ces incendies et éventuellement apporter des solutions. En termes de mesures urgentes, nous avons décidé de mettre en place un cadre de concertation sous le contrôle de monsieur le ministre de la justice et des droits de l’homme et de mettre en place une équipe pour une enquête. Mettre en place des parquetiers spécialisés, des juges d’instruction spécialisés, et éventuellement une juridiction spécialisée à l’effet de faire des enquêtes, de poursuivre et de juger les auteurs de ces faits dans un bref délai et conformément aux dispositions des articles 873 et suivants du code de procédure pénale.(…) Parlant de la contribution de la population à la base, vous n’êtes pas sans savoir, suite à l’intervention de monsieur le représentant d’EDG, 70% des incendies à Conakry sont dus au court-circuit. On se pose la question de savoir, pourquoi souvent ce sont des courts-circuits ? Alors, la première des causes est due à des actes d’incivilités par des branchements clandestins ou bien frauduleux ou d’imprudence, ou négligence.  Les populations se permettent de faire ce qu’ils veulent sans l’avis préalable d’EDG. Donc, j’invite la population à être prudente, de prendre des précautions afin d’éviter que le pire ne leur arrive », a laissé entendre Fallou Doumbouya.

 Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

 Tel : 620 589 527/664 413 227

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