Fête de Tabaski à Conakry : des vendeuses du Grand marché de Madina se plaignent

Fanta Sacko vendeuse de chaussures

A quelques moins de 48 heures de la célébration de la fête de Tabaski, les marchés de Conakry sont noirs de monde. Dans le Grand marché de Madina, vendeurs et acheteurs se bousculent. Ici chacun est venu pour chercher à satisfaire ses besoins. Cependant, même s’il y a de l’engouement, les achats ne se font pas à la satisfaction des vendeurs, qui se plaignent de cette situation. Tel est le constat fait sur place dans la journée d’hier, jeudi 13 juin 2024, par Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Avant, à l’approche de la fête de Tabaski, les acheteurs se bousculaient chez leurs clients pour se procurer des articles de leur préférence. Des habits, des chaussures, des bijoux, tout y est pour se rendre beau ou belle le jour de la fête. Les clients peuplaient tellement les marchés que les vendeurs étaient obligés de chercher une personne de confiance pour les assister. Mais cette année, les articles s’achètent à peine, au marché de Madina, précisément à Avaria

Fatoumata Souaré vendeuse de chaussures

Fatoumata Souaré est vendeuse de chaussures à Madina. « Nous sommes là par la grâce de Dieu. Les gens viennent acheter, mais il n’y a pas d’argent, les gens pleurent trop. Actuellement, les articles ne s’achètent pas beaucoup. Il n’y a pas de mouvement, parce que maintenant, plusieurs  personnes fêtent Tabaski dans leurs villages. Par ailleurs, même s’il n’y a rien, les mamans se battent pour faire plaisir à leurs enfants en leur achetant de nouveaux vêtements et de nouvelles chaussures. C’est grâce à cela que nous gagnons. Avant même, les gens quittaient les villages pour venir acheter beaucoup de marchandises. Mais même à leur niveau, ça ne va pas. Les prix ont augmenté et tout le monde pleure. On sort uniquement parce que c’est toujours mieux que de rester à la maison ; mais, on ne gagne pas beaucoup », se plaint-elle.

Madame Camara vendeuse de pagne

Interrogée, Mariama Camara, également vendeuses de chaussures, lance le même cri d’alarme. « La fête est dure hein ! On ne dirait même pas que c’est une fête. Les gens pleurent, il n’y a pas d’argent. Actuellement, il n’y a même pas de mouvement. Mais nous disons Alhamdoulilaye parce que même si c’est peu, nous gagnons de quoi couvrir nos besoins. Par exemple, si on prend une paire de chaussures à 13 000 GNF, on la revend à 15 000 GNF, juste pour avoir un bénéfice de 2 000 GNF. D’autres produits, tu les prends à 25 000, tu revends à 30.000 GNF pour gagner 5 000 GNF comme bénéfices. Cette fois-ci, les temps sont durs… »

Mère de 5 enfants, Fanta Sacko se plaint de la conjoncture. « Actuellement, tout le monde se plaint de la rareté des clients. Moi, j’ai 5 enfants, mais cette fois-ci, je ne pourrais pas leur acheter des habits de fête, vu la conjoncture actuelle. Ce mois est un mois de fête mais on s’en rend même pas compte. Les affaires ne bougent pas. Par exemple, si tu achètes de la marchandise,  elle va tellement durer avec toi avant d’être racheté. Et surtout, si ceux qui viennent acheter beaucoup de marchandises n’écoulent pas rapidement leurs articles, cela va se répercuter immédiatement sur nous. Les temps sont si durs… Avant même, à un mois de la fête, on sentait vraiment qu’une fête approche, parce que les gens venaient beaucoup acheter. Mais cette fois-ci, nous sommes presque à la veille de la fête et on le sent même pas », fait-t-elle savoir.

Aye Diallo vendeuse de Bazin

Même son de cloche pour Diallo, qui est vendeuses de bazins et de Macky Sall à Madina. « Avant, on revendait des bazins jusqu’à 5 balles lors des fêtes. Mais actuellement, on a du mal à écouler même un colis. Aujourd’hui, je n’ai même pas fait sortir les Macky Sall. Il n’y a pas de clients, on ne nous demande même pas le prix. Il n’y a pas d’argent, il n’y a que souffrances sur souffrances. Et si la fête passe tout de suite nous allons même dormir parce qu’on ne verra  plus personne… », confie-t-elle l’air déçue.

Madame Camara elle, est vendeuse de pagnes. « Oui, les gens viennent acheter, mais pas de la façon dont on voudrait, nous voulons mieux que ça. Cela dit, nous remercions Dieu car nous gagnons au moins  de quoi subvenir à nos besoins », se résigne-t-elle.

Mariama Barry pour  Guineematin.com 

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