Comment réussir la transition ? Voici ce que Cellou Dalein propose aux autorités guinéennes

C’est un discours de vérité que Cellou Dalein Diallo a tenu hier, lundi 10 janvier 2022, devant le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, Mory Condé, qui rencontrait la classe politique guinéenne dans un réceptif hôtelier de Conakry. Le président de l’UFDG s’est exprimé longuement sur la conduite de la transition en cours et ce qui doit être fait pour sa réussite. Il a demandé aux autorités de la transition de mettre en place un cadre de dialogue avec les acteurs politiques pour discuter et s’entendre sur les préoccupations majeures de cette période d’exception.

Guineematin.com vous propose ci-dessous son intervention :

« Je voudrais remercier monsieur le ministre d’avoir pris en fin cette initiative de rencontrer la classe politique pour parler de cette transition. D’abord, il y a souvent un malentendu sur la mission principale de la transition. Nous sommes dans quelle situation ? Le président qui était censé être élu a été déposé, l’Assemblée nationale a été dissoute, la constitution a été dissoute. Nous sommes dans ce qu’on appelle un régime d’exception. Le pays est suspendu des instances de l’Union africaine et de la CEDEAO. La coopération économique et financière a été fortement réduite ou parfois suspendue par certains partenaires bilatéraux et multilatéraux, parce que nous sommes dans un régime d’exception.

La principale mission de la transition, c’est de se hâter pour mettre en place des institutions légitimes, qui sont fondées à engager les réformes qui s’adressent aux fléaux qui minent la société ou le fonctionnement des institutions. Ceci dit, tout ce qui revient à un État normal doit être fait par ceux qui sont là. Donc, en période d’exception, il n’y a pas de légitimité. La légitimité vient du consensus. Lorsque le Colonel Doumbouya et ses collègues ont pris le risque, parce que faire tomber un dictateur c’est risquer leur vie, la Guinée entière a salué leur démarche. Parce qu’on était dans une situation où l’ordre constitutionnel était déjà rompu depuis le coup d’Etat constitutionnel du 22 mars et le hold-up électoral du 18 octobre.

Donc, on a défendu cette intervention de notre armée, en disant à nos partenaires : vous n’avez pas le droit de les sanctionner puisque vous étiez restés indifférents lorsque que le coup d’Etat constitutionnel se faisait, lorsqu’on était en train de tuer des citoyens en garantissant une impunité totale à ceux qui agissaient. On a dit que ce n’est pas le moment de sanctionner ceux qui ont pris l’initiative de libérer les Guinéens. Aujourd’hui, nous devons instaurer le dialogue. C’est le dialogue qui doit donner un peu de légitimité aux actions que nous prenons. Nous sommes des Guinéens, des frères, nous allons vers la réconciliation. Nous nous sommes réjouis de nous retrouver, le RPG et l’UFDG dans une même coalition.

Il y a eu des clivages qui ont été créés, il faut qu’on se débarrasse de ça et qu’on se souvienne que nous appartenons à ce pays et que nous devons œuvrer au-delà des sensibilités politiques pour bâtir un Etat régi par les règles et les principes de l’Etat de droit. À cet égard, le gouvernement et le ministre ont pris de bonnes décisions. Mais il faut qu’on se retrouve dans un cadre bien défini pour dialoguer. Il ne s’agit pas de se retrouver tous les trois mois. Il faut qu’on définisse un cadre de dialogue. Les forces politiques, ce sont elles qui doivent aller aux élections. Comment doit-on aller aux élections ? Il faut que le cadre juridique soit défini. Ce cadre, c’est d’abord la constitution, le code électoral, l’organe de gestion des élections.

Donc, il faut qu’en toutes responsabilités, on se concerte. Puisqu’il n’y a plus de légitimité issue de la volonté populaire, c’est le consensus qui doit prévaloir. Le consensus a déjà donné la légitimité au CNRD puisqu’on a salué son action et on a accepté qu’il règne, qu’il dirige le pays. Mais nous devons tous faire preuve d’humilité, écouter l’autre. Retrouvons nous en tant que frères. Je peux penser que j’ai des droits, je viens à un dialogue, on me dit non, ça ce n’est pas un droit. Et puis j’accepte parce que je suis un homme rationnel. Lorsqu’on met en évidence mes erreurs, je dois accepter. Donc, moi je dis qu’il faut qu’on se concerte pour mettre un cadre permanent de dialogue et que nous apportions une contribution.

Quelles sont les grandes lignes de la constitution ? Quel organe de gestion des élections ? Quel code électoral ? Quel fichier électoral ? Quel est l’état actuel du fichier ? Comment avoir un fichier qui reflète fidèlement l’état du corps électoral ? Quelle durée de la transition ? Nous devons discuter de tous ces points et chacun va donner son point de vue. En ce qui concerne la durée de la transition, il faut identifier les actions à mener et définir combien de temps il faut pour chaque action.

Après, vous faites la somme des délais des différentes actions indispensables pour l’organisation des élections et puis, vous vous retrouvez pour dire voilà le délai normal pour la transition. Puisqu’on doit être d’accord qu’on doit quand même mettre en place des institutions légitimes issues d’élections inclusives, libres et transparentes, qui peuvent mener toutes les réformes dont notre pays a besoin », a dit Cellou Dalein Diallo.

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com 

Tel : +224 622 07 93 59

Facebook Comments Box