Epilepsie : ce qu’il faut faire et ce qu’il faut éviter, avec Dr Mohamed Tafsir Diallo

Dr Mohamed Tafsir Diallo, médecin neurologue en service à l’hôpital Ignace Deen de Conakry

Même si elle n’est pas considérée comme un problème de santé publique dans le pays, l’épilepsie gagne du terrain en Guinée. Il n’y a pas de véritables statistiques en la matière, mais les spécialistes indiquent que le nombre de malades a beaucoup augmenté ces dernières années.

Dans nos sociétés, beaucoup assimilent ces crises à une action des sorciers ou du diable. Mais, tel n’est pas l’avis du Dr Mohamed Tafsir Diallo, médecin neurologue en service à l’hôpital Ignace Deen de Conakry. Dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com, ce spécialiste est revenu notamment sur les causes et les conséquences de cette maladie.

Décryptage !

Guineematin.com : même si on n’en parle pas beaucoup, l’épilepsie touche de plus en plus de personnes dans notre pays. Parlez-nous de cette maladie, notamment des facteurs qui la causent.

Mohamed Tafsir Diallo : disons que l’épilepsie est une maladie cérébrale. C’est une maladie du cerveau qui se manifeste par des crises récurrentes dues à une décharge des neurones corticaux. C’est une décharge des neurones corticaux cérébraux. Donc, les causes sont en fonction des types. Il y a l’épilepsie vasculaire, il y a l’épilepsie de cause indéterminée, il y a l’épilepsie post-traumatique, il y a l’épilepsie de cause infectieuse. Pour parler d’épilepsie chez une personne, retenez qu’il faut au moins que la personne fasse des crises répétitives à des intervalles réguliers. Mais, précisons une chose : l’épilepsie, contrairement à ce que beaucoup croient chez nous, est loin d’être une maladie de diable ou de sorciers.

Guineematin.com : est-elle une maladie héréditaire ?

Dr Mohamed Tafsir Diallo : non, elle n’est pas héréditaire. Il y a des facteurs favorisant ou déclenchant l’épilepsie, mais elle est loin d’être héréditaire. Elle n’est pas non plus contagieuse. Une personne épileptique ne peut pas contaminer une autre.

Guineematin.com : est-ce que toutes les personnes qui vont souvent des crises sont épileptiques ?

Dr Mohamed Tafsir Diallo : pas du tout ! Ce ne sont pas toutes les personnes qui font des crises, qui sont épileptiques. Il y a les crises épileptiques, les crises névrotiques et les crises hystériques. Les crises hystériques, c’est ce qu’on retrouve souvent chez les jeunes filles.

Guineematin.com : comment savoir alors si une personne souffre d’épilepsie ou d’autre chose ?

Dr Mohamed Tafsir Diallo : il faut faire un diagnostic pour le savoir. Et si le diagnostic montre que le patient est épileptique, il doit être surveillé et mis sous traitement avec des contrôles périodiques : une ou deux fois par mois, pour revoir le malade et réajuster le traitement en fonction de la tolérance des médicaments. Parce qu’il faut souligner qu’il y a des facteurs psychologiques liés à l’épilepsie qui peuvent aller de la dépression jusqu’à des phénomènes gravissimes voire le suicide.

Guineematin.com : qu’est-ce qu’une personne épileptique doit éviter ?

Dr Mohamed Tafsir Diallo, médecin neurologue en service à l’hôpital Ignace Deen de Conakry

Dr Mohamed Tafsir Diallo : une personne épileptique doit se débarrasser de tous objets tranchants pour éviter de se blesser. Deuxièmement, un épileptique ne doit pas aller seul à la baignade au risque de faire des crises et finir par en mourir. Troisièmement, un épileptique ne doit pas conduire à un certain moment. Imaginez que quelqu’un qui conduit fasse des crises. La conséquence, ce sont des accidents sur la voie publique. Un épileptique doit aussi éviter de regarder trop la télévision, d’écrire trop sur les ordinateurs, à cause de l’excitation lumineuse qui peut inciter le cerveau à la nervosité.

Guineematin.com : lorsque quelqu’un fait une crise épileptique devant vous, que devez-vous faire pour lui venir en aide ?

Dr Mohamed Tafsir Diallo : si quelqu’un fait une crise devant vous, il faut appliquer les gestes de barrière. C’est-à-dire, mettre le malade dans un endroit sécurisé, prendre un mouchoir mettre dans le Pan pour ne pas qu’il mord sa langue. Et lorsqu’il se stabilise, vous l’orientez dans un centre de santé le plus proche pour faire un test. C’est le neurologue qui est habilité à traiter l’épileptique, mais ces gestes de barrière doivent être connus par tout un chacun pour limiter les conséquences avant de l’orienter vers un service spécialisé.

Entretien réalisé par Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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