Violences contre l’église protestante à Kolakpata (N’Zérékoré) : « des enquêtes sont ouvertes pour faire la lumière » (Parquet)

Sidiki Camara, procureur de la République près le tribunal de première instance de N'zérékoré

Le procureur de la république près le tribunal de première instance de N’zérékoré, Elhadj Sidiki Camara, vient de se prononcer sur les violences perpétrées le 23 janvier dernier contre l’église protestante évangélique et ses fidèles à Kolakpata, un district relevant de la sous-préfecture de Soulouta. Le parquetier a confié avoir envoyé « une équipe mixte » de service de sécurité à Kolakpata pour constat. Et, « une commission mixte » a été mise en place pour mener des enquêtes et procéder à des auditions, rapporte le correspondant de Guineematin.com à N’zérékoré.

En effet, dans la matinée du 23 janvier dernier, la population de Kolakpata (en majorité animiste) s’est attaquée à l’église protestante évangélique, au domicile du pasteur Eugène Haba et aux fidèles de ladite église.

« Tout a commencé au mois de décembre quand les ressortissants du village sont venus pour les fêtes de fin d’année. Les sages du village leur ont dit qu’à cause de la présence de l’église, les cérémonies rituelles ne sont plus exaucées. C’est ainsi qu’ils ont fait un document pour nous demander de fermer l’église. Ils ont dit aussi que celui qui refuse d’obéir sera responsable de ce qui va lui arriver. Je leur ai dit non, parce que je suis aussi du village. Et, c’est à Jésus Christ que je crois. Mais, du 2 au 23 janvier on ne priait pas à l’église. Ils m’ont dit personnellement qu’ils m’interdisent toute prière même dans ma chambre. Nous avons saisi les autorités de Soulouta, on les a suppliés, en vain. On a donc décidé de fermer. On est venu faire une réunion le 23 janvier pour parler au sous-préfet afin qu’ils acceptent qu’on prie. Comme d’habitude, quand les fidèles se réunissent, on fait la prière. C’est ainsi, autour du plus âgé, on s’est réuni. Et, soudain, j’ai vu un groupe avec des cailloux. On s’est enfui par la fenêtre. Mais, ils ont caillassé toutes les maisons des fidèles là-bas. On a tout perdu. Et, c’est dommage ce qui est arrivé, puisque la loi garantit à chaque Guinéen de pratiquer la religion de son choix », a expliqué Marcel Saoromou, un des responsables de l’église de Kolakpata.

Le lendemain de cette attaque, les victimes ont saisi la justice de N’zérékoré pour être rétablies dans leur droit. Et, dans un entretien ce lundi, 1er février 2022, le procureur de la république près le tribunal de première instance de N’zérékoré a annoncé que des agents ont déjà été déployés sur le terrain pour faire des constats.

« Cette mission a constaté que l’église était complètement détruite. Le domicile du pasteur Eugène Haba était mis en sac, deux groupes électrogènes calcinés et également d’autres voisins avaient eu leurs domiciles complètement détruits… À l’heure qu’il fait, les enquêtes sont ouvertes pour faire la lumière sur ce qui s’est passé. J’ai mis en place une commission mixte pour faire les enquêtes qui est en train de procéder à des auditions », a dit Elhadj Sidiki Camara.

Foromo Gbouo LAMAH pour Guineematin.com

Tél: +224620166816/666890877

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