Reforme du système éducatif guinéen : Accessibilité, équité et simplification

Souleymane Kourouma

La Guinée, comme de nombreux pays africains, est confrontée à des défis majeurs en matière d’éducation. Pourtant, l’éducation est le pilier sur lequel repose le développement socio-économique d’une nation. Il est donc impératif de repenser et de réformer notre système éducatif pour mieux répondre aux besoins actuels et futurs de notre société. 

Pour cela, trois axes de réforme se dégagent comme prioritaires : rendre l’école obligatoire dès la maternelle, et réduire les cycles d’études du primaire tout en éliminant l’examen d’entrée au collège, actualiser les programmes scolaires pour les rendre plus percutants et en adéquation avec les besoins du marché (en ce qui concerne l’enseignement supérieur)

 

I- L’école obligatoire dès la maternelle pour une éducation accessible à tous :

En Guinée, l’enseignement maternel (dont la durée type est de 3 ans dès l’âge de 3 ans) n’existe quasiment qu’en zone urbaine et est entièrement privé. Malgré des efforts considérables réalisés ces 10 dernières années par nos partenaires (UNESCO) pour la mise en œuvre de la politique de développement de la petite enfance (DPE) beaucoup reste encore à faire pour fournir un accès à tous les jeunes enfants. 

En effet, rendre l’école obligatoire dès la maternelle dans les structures d’enseignement publique garantiraient à chaque enfant, quel que soit son milieu social ou géographique, un accès équitable à l’éducation. Cette mesure serait un pas décisif vers l’élimination des inégalités éducatives et sociales, en offrant à tous les mêmes opportunités dès le plus jeune âge. 

Ainsi, la réforme proposée consisterait à ce que l’école maternelle accueille les enfants entre 3 ans et 5 ans avec pour objectif de stimuler l’éveil des enfants et de les aider à s’épanouir. Pour y arriver, et comme point de départ il faudrait s’appuyer sur les livrables de la politique de DPE à savoir : La construction de nouvelles structures pour la petite enfance, l’élaboration d’un programme standard pour le développement des jeunes enfants, la formation d’éducateurs et superviseurs, la fourniture d’outils pédagogiques etc…

II- Réduire les cycles d’études du primaire pour une éducation plus efficiente :  

Actuellement, le système éducatif guinéen compte six années d’études primaires. On parle de 1ère année, 2ème année, 3 ème année, 4 ème année, 5ème année, 6 ème année – l’équivalent de CP 1ère année, CP 2ème année, CE1, CE2, CM1, CM2 dans le système éducatif français par exemple. 

En réduisant ce nombre à 5, nous pourrions concentrer les efforts sur les matières essentielles et éliminer les redondances. Cette réforme permettrait de rendre l’éducation plus efficiente, en assurant une meilleure préparation des élèves aux étapes suivantes de leur parcours éducatif

 

En outre, le parcours du primaire est sanctionné par un examen (certificat d’étude primaire élémentaire – CEPE). Examen souvent perçu comme un obstacle majeur pour de nombreux élèves. 

En l’éliminant, nous optons pour une évaluation continue qui prend en compte le parcours global de l’élève plutôt qu’un seul examen. Cette approche permettrait de réduire le stress et l’anxiété des élèves tout en favorisant une évaluation plus juste et équitable.

III- Actualiser les programmes scolaires pour un enseignement qui reflète l’évolution de notre société 

Force est de constaté que depuis l’accession de notre pays à l’indépendance les programmes scolaires jadis calqués sur des modèles du colonisateur n’ont pas ou peu évolués et reflètent peu notre histoire et notre société. 

Dès lors, il serait pertinent d’adapter nos programmes scolaires afin qu’ils soient en phase avec les évolutions sociales et technologiques et économiques. Concrètement cela se traduirait tout d’abord par une évaluation complète et sérieuse des programmes scolaires actuels en identifiant les domaines nécessitant une amélioration. Ensuite Intégrer dans le nouveau programme des sujets qui prépareront à fabriquer un nouveau type de citoyen tels que les TIC, l’éducation à l’environnement, l’éducation civique en insistant sur : les droits de l’homme, unité nationale, la citoyenneté. Ces sujets permettront aux élèves de développer des compétences essentielles pour faire monde ensemble dans une société de plus en plus déshumanisée.

 

La réforme du système éducatif guinéen est une nécessité pour garantir un avenir meilleur à notre jeunesse. En engageant des réformes structurelles fortes et audacieuses, nous poserions les bases d’un système éducatif plus inclusif, équitable et efficient. Il est temps d’agir pour l’avenir de la Guinée et de sa jeunesse. 

Souleymane Kourouma

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