Renvoi du procès de Fabou Camara et de Lamine Simankan : la partie civile « très déçue »

Aboubacar Fabou Camara, ancien directeur central de la police judiciaire

Ouvert ce lundi, 7 février 2022, le procès en appel du Contrôleur général Aboubacar Fabou Camara, ancien directeur central de la police judiciaire (DPJ), et Mohamed Lamine Simankan, commandant de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI), a été aussitôt renvoyé. La Cour d’appel de Conakry a accepté ce report sollicité par la défense, tout en laissant les deux prévenus en liberté. Ce qui a provoqué une grande déception chez la partie civile, qui s’attendait à l’exécution du mandat d’arrêt décerné en septembre 2020 contre les deux hauts gradés de la police, a constaté un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.

Le Contrôleur général Aboubacar Fabou Camara et le Commandant Mohamed Lamine Simankan étaient tous les deux présents à l’ouverture de leur procès. Mais juste après l’ouverture de l’audience, leurs avocats ont sollicité un report d’une semaine pour leur permettre de mieux connaître le dossier. Malgré l’opposition de la partie civile à cette demande, la Cour a accepté de renvoyer ce double procès au 14 février 2022. Si elle ne s’oppose pas à ce report, la partie civile trouve en revanche inacceptable que la Cour décide de maintenir les deux officiers de la police en liberté, alors qu’ils sont sous le coup d’un mandat d’arrêt décerné dans le cadre de cette affaire.

« Nous sortons très déçus de cette audience. Souvenez-vous que cet à l’audience du 24 septembre 2020, suite à une citation à la requête de M. Ibrahima Diallo et Sékou Koundouno, le juge correctionnel du Tribunal de première instance de Dixinn a décerné un mandat d’arrêt contre ces deux prévenus. Alors que ce jugement en l’état était insusceptible de recours, le ministère public d’alors, dans le simple but de sauver son fauteuil de procureur, a interjeté appel. Aujourd’hui, le dossier a été appelé, la défense a sollicité un renvoi pour préparer son travail, ce qui est tout à fait normal. Après que la Cour se soit prononcée sur la question en mettant l’affaire en délibéré, nous étions déçus que la Cour étant dessaisie, revienne encore pour dire que le mandat d’arrêt ne sera pas exécuté.

 

Ce qui est juridiquement inadmissible. Un mandat d’arrêt est exécutoire nonobstant tout recours. Et nous avons également relevé le manque de volonté du ministère public de mettre à exécution ce mandat-là. Parce qu’à l’entame des débats, lui-même l’a souligné que tant qu’il n’y a pas de main levée de ce mandat, le mandat est exécutoire. Alors, en se permettant de demander à la Cour de revenir sur cette question, c’est comme si le procureur général lui-même, en tout cas à travers son représentant, a peur de mettre à exécution ce mandat-là. Chose que nous ne comprenons pas, chose que nous condamnons, chose que nous déplorons. Et c’est juridiquement curieux que la Cour avoir examiné la demande, procède ainsi », a réagi Me Antoine Pépé Lama, avocat de la partie civile.

 

De son côté, la défense estime que la démarche du camp d’en face visant à faire exécuter ce mandat d’arrêt est inopportune. « Nous estimons que cette demande de la partie civile est inopportune, dans la mesure où l’objectif d’une partie civile, ce n’est pas de décloisonner quelqu’un, c’est la réparation. Donc, nous estimons que cette demande est inopportune, elle est sensationnelle et relève simplement de l’émotionnel. Nous restons sereins et nous serons là le 14 février pour assurer la défense de nos clients », a dit Me Chérif Elhadj Fodé Kaba, un des avocats des prévenus.

 

A rappeler que Fabou Camara et Mohamed Lamine Simankan sont jugés dans deux affaires devant la Cour d’appel de Conakry. Dans le premier dossier, ils sont poursuivis par Ibrahima Diallo et Sékou Koundouno, deux responsables du Front national pour la défense de la Constitution, pour des faits de « violences volontaires, atteinte à la vie privée, violation de domicile et destruction de biens privés ». Dans le second dossier, ils sont poursuivis par Oumar Sylla dit Foniké Menguè, actuel coordinateur national du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) pour « arrestation arbitraire, dénonciations calomnieuses, menaces, violences et injures ».

 

Les activistes de la société civile ont engagé ces poursuites après leur arrestation par des hommes agissant sous les ordres de ces deux hauts gradés de la police nationale, pendant qu’ils luttaient contre le troisième mandat du président Alpha Condé. Le 24 septembre 2020, Alphonse Charles Wright, alors juge au Tribunal de première instance de Dixinn, avait décerné un mandat d’arrêt contre les deux prévenus, qui avaient refusé de se présenter à leur procès. Mais, cette décision n’avait pas été exécutée. Nommé récemment procureur général près la Cour d’appel, Alphonse Charles Wright a décidé de relancer les deux dossiers.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com 

Tél : 622 67 36 81

Facebook Comments Box