Faut-il rappeler que la charte de Kouroukanfouga qu’on appelle le « Manden Kalikan », adoptée en 1236 au lendemain de la mémorable bataille de Kirina qui consacra la victoire de Soundiata Keita sur Soumaoro Kanté, avait confié à Fakoly Doumbouya et à sa descendance le travail du fer, après lui avoir restitué la totalité du royaume de Sosso de son oncle Soumaoro Kanté.
Les Doumbouya, Koroma et Cissoko font partie des « Nyara Nani », c’est à dire les quatre familles de métiers : les cordonniers, les Tisserands et les Griots.
À l’intérieur de ce groupe, il arrive souvent que l’exercice conduise à pratiquer un autre métier que celui désigné et consigné. C’est pourquoi au Fouta Djallon par exemple, les Doumbouya sont majoritairement des cordonniers qu’on retrouve fixés dans deux villages qu’ils partagent avec les Foïnké, les Diaouné et certains Sylla. Il s’agit de Diongassi (dans Pita) et Bouroumba dans Télimélé.
Pour le cas de Télimélé, on peut ajouter le village de Dioli-Roundé, dans la sous-préfecture de Santou, dont Mody Sory Garanké est originaire et qui est récipiendaire de la médaille d’honneur du travail, et celui de Souloudji, dans la sous-préfecture de Sinta.
Justement, c’est à ce village essentiellement habité par les Doumbouya que nous allons nous intéresser à cause de la forte personnalité de Mody Attigou Doumbouya, communément appelé Alpha Mamadou Sanka.
Sanka est en effet son village d’origine dans le Diongassi, avant de venir s’installer à
Souloudji avec son grand frère Elhadj Ibrahima Saré Doumbouya dont le village de Saressen, toujours dans le Sinta, porterait le nom et qui était le seul détenteur d’une boutique en ces lieux à l’époque.
Alpha Mamadou Sanka aurait épousé plusieurs femmes parmi lesquelles on peut citer
Tiguidanké Diaka Sano de Kindia et Fatoumata Sira. De ses nombreuses unions naquirent les filles Mariama Naba, Dienaba, Mariama Nna Toman et Aminata Doumbouya.
Les garçons : Hanafiou (le seul de la famille à être allé à l’école et qui a servi comme enseignant à Mandiana et à Kankan. C’est là qu’il décéda après près d’une vingtaine d’années de service et y repose), Nfa, Ibrahima et Ousmane Doumbouya complètent la liste des fils de Alpha Mamadou Sanka de Souloudji dont on retrouve aussi la descendance dans le Koussi, le Waréya, en un mot dans le Timbi.
Il donna une de ses soeurs en mariage à Elhadj Sylla de Sinta. Elle est la grand-mère maternelle du diplomate Dondo Sylla. Elhadj Amadou Tidiane Doumbouya, un ancien gendarme qui a travaillé avec le président Ahmed Sékou Touré, aujourd’hui âgé de 104 ans et qui habite à Matoto, est le fils de Elhadj Ibrahima Saré, le frère aîné de Alpha Mamadou Sanka.
Aujourd’hui, la grande et nombreuse famille Doumbouya de Souloudji est à la recherche d’indices pouvant les conduire sur la piste de celui qui manque au tableau de la progéniture, le seul à être allé à l’école, l’enseignant Hanafiou Doumbouya qui a troqué l’enclume de la forge et la planchette qui tanne le cuir, contre la craie à Mandiana et à Kankan.
Revenons dans le village de Bouroumba, situé dans la Commune Urbaine de Télimélé pour rappeler que Elhadj Sory Million Doumbouya qui est venu s’installer à Kindia où il a fait fortune, est bien originaire de ce village, de même que la famille maternelle de notre regretté Ministre Thierno Aliou Diaouné. Comme Souloudji, n’est-ce pas une réincarnation de Sosso du terrible roi Soumaoro Kanté et de son puissant neveu Fakoly Doumbouya en plein coeur de Télimélé ?
En tout cas, l’histoire se nourrit de symboles et de légendes. Comme celle de Soundiata Keita, Roi du Manden, Kamajan Camara de Siby, Wana Camara du Tabon, Fakoly Doumbouya de Sosso, en générationnel multiséculaire à Souloudji (Sinta), dans la préfecture de Télimélé.
À lire prochainement : les Familles Kouyaté de Télimélé.
Par Amadou Dioulde Diallo, journaliste-historien
