Examens nationaux : « des dysfonctionnements graves ont été constatés » (SNE)

Michel Pépé Balamou, secrétaire général du syndicat de l'éducation nationale

Le Syndicat national de l’éducation (SNE) tire un bilan très alarmant du déroulement des examens nationaux session 2022. Cette organisation syndicale relève de graves dysfonctionnements de nature à remettre en cause la crédibilité et la transparence du processus d’organisation de l’examen du baccalauréat. C’est le secrétaire général du SNE, Michel Pépé Balamou, qui l’a annoncé dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com hier, vendredi 24 juin 2022.

 « Des dysfonctionnements graves ont été constatés, et sont de nature à remettre en cause la crédibilité, la transparence et la moralisation du processus d’organisation de l’examen du baccalauréat dans certaines parties du pays. Ces dysfonctionnements sont entre autres : la réactualisation et la vulgarisation tardives des règlements généraux des examens nationaux. La méconnaissance du contenu du code de bonne conduite par les élèves, les parents d’élèves et les enseignants alors que leurs droits et devoirs y sont consignés. L’absence de manuel de procédure dans les écoles permettant aux chefs d’établissement de savoir leurs rôles et responsabilités.

L’affairisme dans le choix des surveillants et l’inexpérience de certains délégués dans la gestion des situations conflictuelles. La mauvaise qualité des stickers. Les feuilles d’examen trouvées sur le terrain sont différentes de celles présentées en amont comme spécimens. Les stickers n’ont pas été collés sur le PV, mais c’est la feuille qui a été pliée sur le bout de laquelle le sticker a été mis et agrafé. Ce qui rend le PV transparent sur le verso de la feuille. Les délégués étaient rarement présents à 5h 30 min devant les escadrons de gendarmerie et les commissariats de police pour prendre les sujets. Les gendarmes et policiers étaient obligés eux-mêmes de les déposer dans les DCE/DPE.

La prestation de serment sur la Bible et le Coran a été un coup d’épée dans l’eau au regard de l’étendue des cas de fraude et d’élimination massive de surveillants. Des fautes dans les sujets et des sujets fortement politisés. Les fraudes classiques : substitution de surveillants, de candidats, de copies, cotisations des candidats en soutien aux surveillants et délégués et les comités de rédaction ont ravi la vedette à l’utilisation des téléphones et des groupes WhatsApp. La militarisation des centres d’examen.

Des gendarmes et policiers postés à l’intérieur des centres d’examens et certains étaient impliqués dans les fouilles des candidats au portail, à la rentrée de la salle voire même à l’intérieur de la salle.

Cette présence des hommes en tenue a crée plus de psychose que de bien-être psychosocial chez les candidats. Le recrutement d’un groupe de jeunes dénommé « Les gardiens du mérite » qui traumatisent, insultent et mettent « fraude »sur les copies des candidats sans consulter les surveillants, chefs de centre, délégués et superviseurs. Un observateur d’un processus qui joue le rôle d’un acteur », déplore le syndicaliste.

Il relève aussi un « manque criard » de matériels et consommables dans les centres d’examen et l’absence de photos sur les cartes de certains candidats. Ce qui favorise les cas de substitution de candidats.

Le secrétaire général du SNE dénonce aussi la violation des droits humains, notamment le droit à l’image « des enseignants et élèves humiliés et emprisonnés », mais également « des atteintes à la pudeur sur la foi des faits présumés d’attouchements sexuels sur certaines candidates ». Il s’interroge, par ailleurs, sur la hausse du budget des examens nationaux. « En 2020, avec secrétariat et un effectif de 503. 748 candidats, le budget s’élevait à 40 milliards de francs guinéens. En 2021, avec secrétariat et un effectif de 496. 395 candidats, il s’élevait à 33 milliards de francs guinéens. Paradoxalement, en 2022, sans secrétariat et avec un effectif de 540. 105 candidats, il s’élève à 45 milliards », a dit Michel Pépé Balamou.

Contrairement au baccalauréat, le Syndicat national de l’éducation salue des avancées constatées lors du déroulement des épreuves du CEE (Certificat de fin d’études élémentaires et du BEPC (Brevet d’études du premier cycle). Il s’agit de : la conscientisation des candidats sur la nécessité de compter sur leurs propres efforts. L’application stricte des sanctions pénales contre les fraudeurs. L’augmentation légère de la prime de surveillance. La communication du budget des examens nationaux. La gestion coordonnée des informations sur la remontée et la communication sur les dysfonctionnements rencontrés sur le terrain. L’acheminement à temps des épreuves dans les centres et des plis dans les DCE/ DPE, etc.

Aïssatou Sadio Bah pour Guineematin.com

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