Affaire magasins de Hassan Rachid à Madina et « l’huissier » : Mama Aïssata Soumah menacée de condamnation pour « rébellion »

En audience correctionnelle hier, jeudi 14 juillet 2022, le parquet du tribunal de première instance de Mafanco a requis un an de prison dont six mois assortis de sursis contre Mama Aïssata Soumah, une commerçante poursuivie pour « rébellion ». La prévenue se serait opposée à l’exécution d’une décision de justice l’expulsant d’un magasin qu’elle occupe au marché Madina. Elle aurait également menacé Aliou Camara qui agissait dans ce dossier au nom et pour le compte d’un cabinet d’huissier dûment agréé, a appris un journaliste que Guineematin.com avait dépêché sur place.

Dans cette affaire, c’est une histoire de location de magasins au marché Madina entre un groupe de commerçantes dont Mama Aïssata Soumah et un certain Hassan Rachid qui a mal tourné. L’affaire a atterri au tribunal de première instance de Mafanco ; et, une décision ordonnant l’expulsion des femmes des magasins a été rendue par le tribunal. Cette décision de justice a été signifiée à l’administrateur du marché Madina par un cabinet d’huissier pour lequel travaille Aliou Camara afin d’informer les femmes concernées. Malheureusement, le jour de l’exécution de cette ordonnance d’expulsion, les commerçantes, à leur tête Mama Aïssata Soumah, auraient opposé une résistance. Elles ont cassé les cadenas et brisé les scellés qui ont été mis sur les portes des magasins. C’est ainsi qu’une plainte pour « rébellion » a été portée contre ces femmes par Aliou Camara. Et, Mama Aïssata Soumah aurait pris la responsabilité sur elle de répondre à cette plainte au nom de toutes les femmes convoquées. C’est ainsi qu’elle s’est retrouvée seule à la barre, devant le tribunal correctionnel de Mafanco, dans cette affaire. Et, devant cette juridiction, elle a clamé son innocence.

Seulement, à l’audience de ce jeudi, 14 juillet 2022, qui a essentiellement porté sur les réquisitions et plaidoiries dans ce dossier, la partie civile a réclamé 500 000 000 de francs guinéens à titre de dommages et intérêts.

« Hassan Rachid a loué des magasins à Mama Aïssata Soumah et certaines femmes à Madina. Mais, ces femmes ont refusé de payer le loyer… C’est ainsi qu’une décision d’expulsion rendue par le tribunal de Mafanco a été signifiée à l’administrateur du marché Madina pour dire que nous venons pour fermer ces magasins. Mais, les dames se sont mobilisées pour venir casser les cadenas… Nous demandons Cinq cent millions de francs guinéens pour la réparation du préjudice », a dit l’avocat de la partie civile dans sa plaidoirie.

De son côté, le ministère public a requis un an de prison dont six mois assortis de sursis contre Mama Aïssata Soumah.

« La prévenue (Mama Aïssata Soumah) a opposé une résistance et a même menacé monsieur Aliou Camara. Elle s’arrose un titre qu’elle n’a pas et crée un groupe à l’effet de s’opposer à une décision de justice… Ses gestes à l’audience montrent qu’elle n’a aucun remord… Nous demandons qu’elle soit retenue dans les liens de la culpabilité ; et, pour la répression, vous la condamnerez à un an de prison dont six mois assortis de sursis et décerné mandat de dépôt contre elle », a requis le parquetier audiencier.

Pour sa part, l’avocat de la défense a demandé au tribunal de renvoyer Mama Aïssata Soumah des fins de la poursuite pour délit non constitué. Il a aussi remis en cause le statut du plaignant (Aliou Camara).

« La rébellion obéit à des conditions. Et, aucun du parquet et de la partie civile n’a fait état de ces conditions dans leurs réquisitions et plaidoiries… Aliou Camara n’est pas un huissier de justice. Et donc, il n’est pas dépositaire de l’autorité publique. Ainsi, il ne doit pas porter plainte contre un citoyen pour rébellion. En plus, il faut avoir connaissance d’une décision de justice pour s’y opposer. Mais, si la décision n’a pas été signifiée, vous voulez quoi ? L’huissier a signifié la décision à l’administrateur du marché, alors que les commerçantes étaient devant leurs magasins. C’est juste la mauvaise foi de l’huissier… Donc, nous vous demandons de renvoyer Mama Aïssata Soumah des fins de la poursuite pour délit non constitué », a plaidé la défense.

Finalement, le tribunal a mis le dossier en délibéré pour décision être rendue le 1er septembre prochain.

À suivre !

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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