Cela fait un an, jour pour jour, depuis que le CNRD, à sa tête le colonel Mamadi Doumbouya, est au pouvoir en Guinée. Dans ses premières heures, cette entité -dont on ignore encore les membres- a symbolisé l’espoir, la renaissance, la liberté, la communion… Les promesses de ces hommes qui ont délogé Alpha Condé du palais Sekhoutoureyah avaient donné le sentiment d’une nouvelle ère, d’un nouveau départ. Malheureusement, douze mois plus tard, le CNRD n’inspire plus aucune confiance.
D’ailleurs, il s’est inscrit dans une logique de défiance contre le peuple dont il se croit peut-être plus illuminé ou plus légitime.
Aujourd’hui, le CNRD est un symbole de désenchantement, de désillusion, de désespoir, de tristesse, de malheur. Il donne la mort sans remords. Il symbolise tous les maux qui ont marqué les régimes décriés du passé. Il est en pleine collaboration avec les démons du régime qu’il a lui-même balayé il y a juste un an. Quel gâchis !
Pour de nombreux Guinéens, ce premier anniversaire du CNRD est égal à »un an de si je savais ». Ceux qui se sont sentis libérés le 05 septembre 2021 crient aujourd’hui à l’oppression. Ceux qui ont été libérés de prison sont actuellement écroués et ceux qui croyaient à la justice comme boussole de la Transition s’alarment de violation grave de droits de l’homme et de recul démocratique. C’est à peine que les Guinéens ne réclament pas Alpha Condé, un an après son départ brutal du pouvoir.
En douze mois, le CNRD a mis tous les signaux au rouge. Et, personne (à part ceux qui l’aident à sucer le peuple) ne croit plus à rien le concernant. Aujourd’hui, en lieu et place d’une réflexion pour la construction d’un Etat de droit, chacun Guinéen s’interroge au quotidien sur l’issue de cette période d’exception sous la conduite du CNRD. Rien ne rassure, d’autant plus que tous ceux qui ont applaudi l’avènement du CNRD se mordent actuellement les lèvres. Ils ont désenchanté aussi vite qu’ils avaient sauté de joie le 05 septembre 2021. Ça ne serait pas exagérer de dire que le CNRD est devenu un rêve éprouvant, un cauchemar, pour les Guinéens.
La cécité intellectuelle dont ces militaires font preuve aujourd’hui n’augure rien de bon pour l’avenir. Avec arrogance et mépris, ces putschs du 05 septembre dirigent la Guinée au gré de leurs humeurs. Ils ont instauré la méfiance entre les Guinéens et ont accouché d’une crise sociopolitique aussi profonde que celle qu’ils avaient héritée d’Alpha Condé. Ils ont fait voler en éclat le solide espoir d’une Transition apaisée et inclusive. Et, aujourd’hui, la refondation de l’Etat qui avait fait rêver tant de Guinéens a certainement besoin d’être refondée.
Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com
