Conakry : des agents de la BAC 10 de Sonfonia jugés pour transport de cocaïne

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Le procès de 13 accusés dont des agents de la BAC (brigade anti-criminalité) numéro 10 de Sonfonia s’est poursuivi hier, jeudi 30 mai 2024, devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la mairie de Ratoma). L’audience a porté sur les réquisitions et plaidoiries dans cette affaire d’importation et transport international de drogue portant sur de la cocaïne. Des faits que les accusés présents à la barre ont réfutés en bloc lors des audiences précédentes. Mais, le ministère public a tout de même requis 15 ans de prison avec une période de sûreté de 5 ans, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Dans cette affaire, Jovica ZIVKOVIC, Mamady KABA (ancien employé au ministère des Sports), Issa KABA, Ibrahima Sory CAMARA, Cheikh Mohamed KAMISSOKO, Ousmane BANGOURA, Colonel Sékou Bakary KEÏTA, Amadou SANÉ, Mamadou Bella BARRY, Bangaly CAMARA, Namory KEÏTA, colonel Idrissa CAMARA et Moussa John KANDÉ sont poursuivis pour “importation et transport international de drogue à haut risque des tableaux 1 et 2, recel et complicité”. Les faits portent sur de la cocaïne. Et les accusés (excepté Mamady Kaba en fuite) sont en détention à la maison centrale de Conakry depuis l’an 2021. Mais, ils ont toujours plaidé non coupable dans cette affaire.

Cependant, le procureur Abdoulaye Babady Camara les a estimés suffisamment coupables ce jeudi et il a demandé au tribunal de condamner chacun de ces accusés à 15 ans de prison.

« Il y a eu importation et trafic international de drogue… On a tendance à comprendre que chacun [des accusés] a pris son butin dans cette affaire. Et pour ça ils sont prêts à aller en prison », a-t-il dit dans ses réquisitions.

Des affirmations que les Conseils de la défense contredisent en accusant le ministère public de requérir une peine d’emprisonnement sur la base d’incertitudes et de doutes. Ces avocats accusent le parquet de se baser uniquement sur les contradictions des accusés liés au nombre de sacs saisis. Parce que lors des comparutions, pendant que les uns disaient 16 sacs, les autres ont affirmé qu’il y avait 19 sacs, pendant que l’accusé Issa Kaba disait qu’il y avait 21 sacs. Pour ces avocats de la défense, des innocents sont jugés et sur le point d’être condamnés, alors que les vrais coupables sont en fuite. Ils indexent ainsi les deux expatriés et Mamady Kaba qu’ils ont qualifié d’acteurs principaux dans le dossier.

« Il a été au mauvais endroit, au mauvais moment. L’entreprise dont son frère est le baron, il n’en sait rien. Il mérite un acquittement, il n’a ni participé, ni aidé », plaide l’avocat de l’accusé Issa Kaba.

A son tour de parole, le conseil de Ibrahima Sory Camara et Ousmane Bangoura, tous les deux jugés pour complicité dans cette affaire, soutient que ses clients n’ont rien avoir avec les accusations qui sont portées à leur égard.

« Ibrahima Sory Camara n’est que le boy de monsieur Mamady Kaba. Il ne sait rien des agissements de son patron. Quant à Ousmane Bangoura, il n’avait que des relations père fils avec Mamady Kaba. Ces deux-là ne sont que les préposés de monsieur Kaba. Donc monsieur le président, je vous demande simplement de les libérer », a-t-il plaidé.

Prenant la parole, l’Avocat du commandant Amadou Sané, a lui aussi défendu l’innocence de son client et demande la libération de ce dernier.

« Il a agi en tant qu’exécutant de son chef hiérarchique. Il n’a posé que des actes dans les intérêts supérieurs de la nation. Il a agi en officier républicain. Monsieur le président, je vous demande de le renvoyer des fins de la poursuite pour crime non constitué à son égard », a-t-il demandé.

Les avocats du colonel Idrissa Camara et le colonel Bakary Keïta ont enchaîné sur la même lancée. Pour eux, il n’y a pas d’imputabilité à l’égard de leurs clients.

« Nos clients sont poursuivis pour recel, et le recel n’est pas un crime. Ce n’est pas une infraction pour eux d’avoir pris les sacs saisis par la BAC pour ensuite les conduire à leur supérieur. Monsieur le président, nous vous demandons de libérer nos clients », ont-il plaidé.

A son tour, l’avocat de Namory Keïta a reproché au ministère public de mettre tous les accusés dans le même panier.

« Je vois que le ministère public a requis la même peine pour tous les accusés. C’est-à-dire de l’accusé principal, monsieur Mamady Kaba qui est même en fuite avec ses collaborateurs qui sont les deux expatriés, jusqu’à  Kamissoko qui est celui qui a dénoncé. Chose qui est inadmissible. En matière de recel, il n’y a pas de criminel. Ça n’existe pas. Mon client est juste accusé de recel, et le recel est correctionnel et non criminel. il n’a fait que son travail. Alors comment le ministère public peut-il requérir une peine d’emprisonnement de 15 ans ? Si on peut condamner une peine de 15 ans à quelqu’un, parce qu’il a tout simplement recelé quelque chose qui relève de son travail, alors il est devenu dangereux de vivre en Guinée. Que Dieu sauve mon pays », implore-t-il.

A la fin des plaidoiries de la défense, le ministère public a répliqué aux différentes affirmations des avocats de la défense. Il les a qualifiés de « dénaturation ».

« Ils essayaient de détourner les débats ailleurs pour tromper le tribunal. Les accusés ont recelé et dissimulé. Et les peines sont attachées aux faits poursuivis », a-t-il précisé.

Face à cette réplique du parquet, l’un des avocats a traité le procès d’atypique.

« Le ministère public est en manque de preuve. Durant toute sa réquisition il ne s’est basé que sur les aveux. Et les aveux ne peuvent en aucun cas être une preuve irréfutable. C’est pourquoi il parle de récidives », a fait remarquer cet avocat de la défense.

Le tribunal présidé par le juge Aboubacar Thiam a renvoyé l’affaire en délibéré à la date du 6 juin prochain.

Mariama BARRY pour Guineematin.com

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