Échec massif à l’examen d’entrée en 7ème à Lola : le cri de cœur des autorités éducatives de Guéasso

La sous-préfecture de Guéasso, dans la préfecture de Lola, en Guinée forestière, n’a obtenu que 6 admis à l’examen d’entrée en 7ème année au compte de la session 2022. Si le district de Guéasso Centre n’a obtenu aucun admis, ce n’est pas le cas des districts de Garassou, de Tono et du secteur de Bitiendou qui ont eu les six admis. Une situation qui préoccupe tous les acteurs de l’éducation de la sous-préfecture qui comptent inverser cette tendance avec l’appui des autorités, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

La sous-préfecture de Guéasso a connu un échec retentissant à l’examen du certificat d’études élémentaires (CEE). Les 6 admis ne représentent que 1,37 % des 443 candidats qui se sont fait évaluer.

Fassou Yomata Loua, Directeur sous-préfectoral de l’éducation de Guéasso

Pour Fassou Yomata Loua, Directeur sous-préfectoral de l’éducation de Guéasso, les raisons de cette débâcle sont multiples. « Les causes de l’échec massif des élèves à cet examen sont les suivantes : le faible revenu des parents pour soutenir les enfants, ce qui provoque l’absentéisme des élèves. La deuxième cause, c’est le difficile retour des élèves après les jours fériés et les congés. Ça, c’est pratique ici. Après chaque congé, les élèves eux-mêmes se retrouvent pour fixer une date de la rentrée. Si la date-là n’est pas arrivée, ils ne viendront pas à l’école. La troisième cause, c’est l’inconscience professionnelle des maîtres. A chaque occasion de perception des salaires, c’est une occasion d’un congé de 2 ou 3 jours. Quatrième cause, c’est l’incompétence de certains maîtres et directeurs d’école qui n’encadrent pas bien les enfants. La cinquième cause, c’est l’insuffisance du personnel qualifié, un des faits qui provoque la prédominance des enseignants communautaires peu motivés. Quand l’enseignant est motivé, il donne tout de lui-même. A l’heure qu’il fait, il y a 29 enseignants communautaires dans la sous-préfecture qui sont payés par la communauté locale. Ça, c’est un grand problème. La sixième cause, c’est la pratique de l’école buissonnière c’est-à-dire, l’usage abusif des téléphones dans les locaux scolaires. Ils vont sortir de l’école pour aller écouter des musiques, ils vont regarder des films pornographiques et n’importe quelle nature de films qu’ils ont dans des androïdes. Est-ce que cela va faire avancer l’éducation chez nous ? » s’interroge-t-il.

Pour inverser cette tendance, le Directeur a proposé quelques pistes de solution. « D’abord, par rapport à l’absentéisme des élèves, il faudrait qu’on sensibilise beaucoup les parents à travers l’APEAE. Parce qu’une charge de l’éducation des enfants revient aux parents. Dès qu’on dit à l’enfant d’acheter un livre ou de venir arranger un peu l’école, on enlève l’enfant pour ne plus qu’il retourne là-bas parce qu’il n’y a pas de moyens. Dès qu’on dit aux parents de mobiliser de l’argent pour payer les enseignants communautaires, les gens démissionnent carrément. Avec le changement que nous sommes en train de vivre, les échecs massifs n’encouragent pas les élèves. Il faut qu’on organise une grande assemblée générale avec l’appui de la commune rurale pour sensibiliser les parents à la base afin que l’on n’abandonne pas l’éducation de nos enfants et pour éviter le banditisme. Je demande à l’Etat de réglementer la perception des salaires des enseignants à la banque ; renforcer l’encadrement rapproché des élèves ; recruter des enseignants à la fonction publique et bien motiver les enseignants communautaires ; de veiller aussi à l’application strict de l’interdiction du téléphone ».

N’vamougnan DORÉ, président de la coordination de l’APAE de Guéasso

De son côté, N’vamougnan DORE, président de la coordination des Associations des parents d’élèves et amis de l’école (APEAE) de Guéasso, prévoit d’organiser une rencontre à la veille de l’ouverture prochaines des classes pour sensibiliser les élèves et leurs parents. « Avec mes membres, nous allons organiser une assemblée générale pour sensibiliser les parents d’élèves pour le suivi de leurs enfants. Les enfants n’apprennent pas. Ils préfèrent beaucoup plus utiliser leurs téléphones que leurs devoirs. Deuxièmement, nous avons un manque total d’enseignants titulaires. Le problème d’enseignants communautaires nous a beaucoup fatigué. Ce sont des parents qui n’ont rien. On les oblige à payer l’argent pour les primes des contractuels et ces contractuels ne sont pas si compétents. Donc, nous cherchons auprès du gouvernement, s’il venait au secours, cela nous ferait plaisir. Ce qui s’est passé cette année doit nous donner une leçon pour tous parents d’élèves conscients. En ce qui concerne la sanction contre l’école buissonnière, nous allons rencontrer la commune pour prendre une décision avant de fixer des amendes. Nous sommes des APAE simples et nous n’avons pas de force », a-t-il fait savoir.

Se disant inquiète par cette situation, la Mairie de Guéasso a promis de tout mettre en œuvre pour accompagner les autorités éducatives en ce qui concerne la sensibilisation des élèves et leurs parents.

Mohamed Guéasso DORE, pour Guineematin.com

Tel : +224 622 07 93 59

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