Suspension en cascades de journalistes : « Si Boubacar Yacine n’est pas indépendant, qu’il jette l’éponge »

Boubacar Yacine Diallo, président de la haute autorité de la communication (HAC)

La Suspension de l’émission Africa 2015 de la radio Nostalgie et de ses trois animateurs pour une durée de 30 jours par la Haute autorité de la communication (HAC) provoque une levée de boucliers dans le monde médiatique. Des confrères dénoncent une lourde sanction prononcée par les commissaires de l’instance de régulation des médias et de la communication en Guinée. Le journaliste Thierno Madjou Bah, en service à Espace FM, ancien animateur de l’émission Africa 2015, parle d’une menace réelle contre la liberté de la presse et invite le président de la HAC à démissionner. Il l’a dit dans une interview accordée à Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Thierno Madjou Bah, journaliste à Espace Tv

« Je dirai tout simplement que la liberté de la presse n’a jamais été autant menacée comme c’est le cas maintenant. Dans l’intervalle d’un mois, il y a beaucoup de journalistes qui ont été suspendus, interpellés. Mais, le cas concernant les journalistes d’Africa 2015 sur Nostalgie, je pense que c’est une suspension de trop. Les journalistes qui ont été suspendus récemment l’ont été pour une semaine, mais un mois avec une suspension de l’émission, c’est une suspension de trop. Je pense qu’à l’allure où vont les choses, ça donne raison à certains observateurs qui estiment qu’aujourd’hui, la HAC est devenue un instrument de répression de la liberté de la presse en République de Guinée et ce n’est pas du tout normal », dit-il d’entrée de jeu.

Poursuivant, Thierno Madjou Bah déclare ne plus retrouver le modèle que l’actuel président de la HAC, Boubacar Yacine Diallo, incarnait. « Avant, on t’appelait pour te dire que tel propos n’est pas bon à l’antenne, il faut faire attention prochainement. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. C’est pourquoi à l’époque, il y avait moins de suspension ; mais maintenant, avec ces suspensions qui sont prises sans même écouter les journalistes, c’est vraiment une dictature qui ne dit pas son nom au niveau de la HAC. J’ose croire qu’ils vont rectifier ça et que prochainement, ils feront beaucoup attention en réfléchissant milles fois avant de prendre des décisions. Et là sincèrement, je ne retrouve pas le doyen Yacine qui est un exemple et un modèle pour moi », a-t-il laissé entendre.

Par ailleurs, Thierno Madjou Bah pense que le mieux pour Boubacar Yacine Diallo serait de démissionner s’il ne se sent pas indépendant. « Il est de la responsabilité de monsieur Boubacar Yacine, s’il estime qu’il reçoit de la pression venant de la junte, c’est de démissionner ; c’est aussi simple que ça. On ne peut pas vouloir d’une doctrine et renoncer à ses principes. Tous les journalistes que nous sommes aujourd’hui prennent comme source d’inspiration monsieur Boubacar Yacine Diallo. S’il se retrouve dans cette situation et qu’il n’est pas indépendant, le mieux pour lui c’est de rendre le tablier. Comme ça, il sortira par la grande porte de l’histoire ; mais à l’allure où vont les choses, avec ces suspensions à répétition, en cascades ça ne donne pas une bonne image de la HAC et ça ne donnera pas non plus une bonne image de monsieur Boubacar Yacine Diallo qui est considéré comme une icône de la presse guinéenne », a martelé le confrère.

Mamadou Tanou Bah pour Guineematin.com

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