Toumba révèle à la barre : « j’ai privé le pouvoir au Malinké, au Soussou… Je ne veux pas la division entre les Guinéens »

Commandant Aboubacar Toumba Diakité, ancien aide de camp de Moussa Dadis Camara

Le Commandant Aboubacar Sidiki Diakité, alias ‘’Toumba’’, l’un des principaux accusés dans le dossier du massacre du 28 septembre 2009 en Guinée, est toujours à la barre ce mercredi, 26 octobre 2022, devant le tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry. L’ex aide de camp de Moussa Dadis Camara fait face à la pluie de questions des différents avocats de la défense. Et, dans la séance de questions-réponses avec Me Paul Lazard Gbilimou qui voulait le présenter comme ethnocentriste, Toumba a révélé avoir privé le pouvoir aux Malinkés et aux Soussous au profit de Moussa Dadis Camara (qui est forestier). L’accusé a aussi réitéré qu’il n’était pas impliqué dans le recrutement de Kaléah.

Guineematin.com vous propose ci-dessous une partie de cette séance de questions-réponses entre Me Paul Lazard Gbilimou (avocat de Marcel Guilavogui) et Toumba Diakité.

Me Paul Lazard Jeachim Gbilimou

Maître Paul Lazard G’Bilimou: Si on revient un peu au recrutement, vous dites que ce recrutement a été fait sans que vous ne soyez associés. C’est ça non ?

Commandant Aboubacar Toumba Diakité : On n’a pas été associé.

Maître Paul Lazard G’Bilimou : Vous avez dit que vous, Marcel et le général Sekouba Konaté avez eu des quotas ?

Commandant Aboubacar Toumba Diakité : Oui, je confirme.

Maître Paul Lazard G’Bilimou : Si vous n’avez pas été associés à ce recrutement, est-ce que vous alliez avoir des quotas ?

Commandant Aboubacar Toumba Diakité : Le recrutement-là a été initié par le président Dadis Camara. Nous on l’a constaté par le mouvement de ses proches qui voyageait à N’zerekoré. D’autres allaient dans les confins, ils ont même fait des accidents. En ce moment, on recrutait à Conakry ici. Marcel et moi, nous sommes venus voir le président pour lui demander un quota. Dans un premier temps, il (Dadis Camara) a donné son accord à 5. Marcel et moi, on s’est forcé pour avoir 16. Et, Makambo était responsable de ce recrutement. Nous aussi, on a profité pour avoir les 16 et le président ne savait qu’on a les 16 ; parce que lui, il avait dit 5. Mais, comme ça se faisait entre eux, nous on a pu avoir ça.

Maître Paul Lazard G’Bilimou : Le président vous a accordé 5 et vous avez pris 16. Est-ce que cela n’est pas une désobéissance ?

Commandant Aboubacar Toumba Diakité : Je n’ai pas désobéi.

Maître Paul Lazard G’Bilimou : Avant le 28 septembre, est-ce que vous avez eu des rencontres personnelles avec certaines personnes publiques ?

Commandant Aboubacar Toumba Diakité : Non ! Je n’ai rencontré personne.

Maître Paul Lazard G’Bilimou : Vous avez dit que vous étiez informés de l’accident de Marcel ?

Commandant Aboubacar Toumba Diakité : Oui.  Marcel, on habite ensemble. Vers le soir, je suis allé lui rendre visite. J’ai constaté une blessure au niveau de sa langue. J’ai échangé avec lui. Mais, il ne s’exprimait pas fort. Il souffrait quand même.

Maître Paul Lazard G’Bilimou : Puisque Marcel ne vous obéissait pas, est-ce que ce n’est pas cette haine que vous avez contre lui.

Commandant Aboubacar Toumba Diakité : Non ! Je vous ai dit comment on vit à la maison centrale. Marcel est venu de Kindia, souffrant. Automatiquement, il n’y avait rien. J’ai donné 1 200 000 francs guinéens pour les examens. Ordonnance 420 000, argent de poche. Et, chaque fois besoin en est, je dis : commissionnes quelqu’un.

Maître Paul Lazard G’Bilimou : Monsieur Diakité, pourquoi vous aimez vous appuyez sur les versets coraniques ?

Commandant Aboubacar Toumba Diakité : Le Coran est très difficile à mémoriser, à comprendre et à pratiquer. C’est pour cela, ce qu’on m’a caricaturé, ce qu’ils m’ont fait paraître que Toumba est ça, ce n’est pas moi. Même pour dire que Toumba est médecin, le premier jour de l’instruction, le procureur Sidy Souleymane N’Diaye m’a dit : attend. Qu’est-ce que tu racontes ? J’ai dit : eh! Monsieur le procureur, appelez le département de la médecine, voici mes directeurs de thèses etc.

Maître Paul Lazard G’Bilimou : Est-ce que vous ne vous appuyez pas sur le Coran pour pouvoir toucher le point sensible du tribunal ?

Commandant Aboubacar Toumba Diakité : Tout le monde cherche à convaincre le tribunal.

Maître Paul Lazard G’Bilimou : Pourquoi vous qualifiez le Guerzé du patois ? Est-ce que ce n’est pas une moquerie envers une communauté à travers sa langue ?

Commandant Aboubacar Toumba Diakité : Non ! Même ma langue, c’est du patois. C’est un dialecte. Même le soussou, le poular, c’est du patois. Ce n’est pas une moquerie. J’ai privé le Malinké du pouvoir, privé le Soussou du pouvoir, au profit d’eux (les Guerzés). Je ne veux pas la division entre les Guinéens. Vous allez beaucoup m’excuser.

Saïdou Hady Diallo, Abdallah Baldé, Mohamed Doré et Amadou Lama pour Guineematin.com

Tél. : 620 589 527

Facebook Comments Box