Le Koweït qui a procédé mercredi à sept exécutions pour des affaires de meurtres, pour la première fois depuis 2017, appartient à la minorité de pays qui appliquent effectivement la peine de mort.
Décapitation, électrocution, pendaison, peloton d’exécution ou encore injection létale : les méthodes prévues sont nombreuses, selon l’ONG Amnesty International qui a publié fin mai son dernier bilan annuel.
– Majorité d’abolitionnistes –
Au 31 décembre 2021, 108 pays avaient aboli la peine de mort officiellement par la loi, pour tous les crimes, selon Amnesty International. Et ils étaient plus de 140 à l’avoir abolie en droit ou de facto, bien que toujours inscrite dans la loi, soit près des trois quarts des Etats dans le monde.
Depuis la diffusion du rapport, la Guinée équatoriale a, le 19 septembre, aboli la peine capitale. La Papouasie-Nouvelle-Guinée et la Centrafrique ont elles voté cette année son abolition, sans pour autant la promulguer pour son entrée en vigueur.
En revanche, la Birmanie qui était classée parmi les pays abolitionnistes de facto, a exécuté en juillet quatre opposants politiques pour la première fois en plus de trente ans.
Outre la Guinée équatoriale, les derniers pays en date à avoir mis fin à l’application du châtiment capital sont le Kazakhstan, le Malawi et la Sierra Leone.
En 2021, la Virginie est devenue le 23e Etat américain abolitionniste, une décision d’autant plus symbolique que ce territoire détient le record d’exécutions dans l’histoire américaine et qu’aucun Etat de l’ancien Sud confédéré n’avait encore franchi le pas. L’administration de Joe Biden a instauré en juillet 2021 un moratoire sur les exécutions fédérales.
Sur le continent africain, une trentaine de pays conservent la peine de mort dans leur législation, mais une bonne partie d’entre eux n’ont pas procédé à des exécutions ces dernières années. En 2021, seuls trois pays (Somalie, Soudan du Sud et Botswana) ont exécuté des condamnés.
Le Bélarus demeure le seul pays d’Europe procédant encore à des exécutions.
– En 2021, quelque 580 exécutions dans 18 pays –
Au moins 579 personnes ont été exécutées en 2021 dans 18 pays selon le rapport d’Amnesty, soit une hausse de 20% par rapport aux 483 recensées en 2020.
Malgré cette augmentation, les deux dernières années restent celles avec le moins d’exécutions de peines capitales signalées depuis 2010. Amnesty précise cependant que son bilan n’inclut pas les milliers d’exécutions qui ont probablement eu lieu en Chine, mais aussi en Corée du Nord et au Vietnam, en raison de restrictions d’accès aux données.
Sans compter ces pays, plus de la moitié des exécutions recensées dans le monde en 2021 l’ont été en Iran, la République islamique ayant enregistré 314 exécutions de peine capitale l’année dernière, un record depuis 2017.
Fin juillet, Amnesty international a dénoncé la « frénésie d’exécutions » de Téhéran. Plus de 460 personnes ont été exécutées dans le pays depuis le début de l’année, selon l’organisation Iran Human Rights (IHR) et les autorités ont annoncé, début novembre, l’exécution de deux hommes reconnus coupables du meurtre de quatre policiers en 2016.
En Arabie saoudite, après une forte baisse en 2020, le recours à la peine capitale (65 exécutions) y a plus que doublé en 2021. En mars dernier, l’exécution record de 81 personnes en une seule journée, pour des affaires liées au terrorisme, a déclenché un tollé international.
Depuis janvier 2022, au moins 128 personnes ont déjà été exécutées dans le royaume, dont deux début novembre pour trafic d’héroïne, une première depuis près de trois ans pour ce type de crime.
En revanche, toujours en 2021, le nombre d’exécutions a baissé en Egypte, passant de 107 à 83, ainsi qu’en Irak (de 45 à 17). Aux Etats-Unis, 11 exécutions ont eu lieu, le chiffre le plus bas depuis des décennies, selon le Centre d’informations sur la peine de mort (DPIC).
À la connaissance d’Amnesty, aucune exécution n’a eu lieu en Inde, au Qatar ou à Taiwan, alors que ces pays avaient tous procédé à des mises à mort en 2020.
Après une interruption de plusieurs années, le Bélarus, le Japon et les Emirats arabes unis ont repris les exécutions.
– Plus de 2.000 condamnations à mort –
En 2021, au moins 2.052 condamnations à mort ont été prononcées dans 56 pays contre 1.477 dans 54 pays, l’année précédente, selon l’ONG. Une hausse due en partie à la reprise des procédures judiciaires après la levée des restrictions liées à la pandémie de Covid-19, comme au Bangladesh, en Inde et au Pakistan, ou en raison de l’adoption de lois favorisant le recours à la peine de mort, comme en Birmanie.
AFP