Plus de 59 milliards détournés (avec des cambistes et orpailleurs) : 2 guinéens, un libanais et la société américaine BEVERAGES poursuivis

C’est une rocambolesque affaire d’échange de devises qui a tourné en désillusion. Mme Aissatou DIALLO, le libanais Mohamed Mohsen MEDH, la société American BEVERAGES et Boubacar DIALLO comparaissent depuis plus de trois mois devant le tribunal de première instance de Kaloum pour « escroquerie, abus de confiance et complicité ». Ces infractions reprochées à ces prévenus portent sur un montant de 59 600 000 000 francs guinéens. Et, elles ont été commises au préjudice de Sékou Kaba et plusieurs autres cambistes et orpailleurs. Les prévenus étaient de nouveau à la barre hier, vendredi 09 décembre 2022, rapporte un journaliste que Guineematin.com avait dépêché au TPI de Kaloum. 

Cette affaire remonte à 2021 quand le libanais, Mohamed Mohsen DEDH, représentant de la société American BEVERAGES SARL (une société de fabrication du jus 24 heures à Kagbelen, dans la préfecture de Dubréka), par l’entremise de Mme Aissatou Diallo (qui serait sa copine), a fait des transactions qui s’élèvent à 100 millions de dollars dans le cadre d’échanges de devises entre sa société d’achat de devises et près de 200 cambistes et orpailleurs.

Pour maître Oumou Koultoumy Conté, l’un des avocats de la partie civile, c’est par l’entremise de Aissatou Diallo que ses clients ont remis plus de 100 millions de dollars en l’espace d’un mois dont plus de 6 millions de dollars restent impayés.

Maître Oumou Koultoumy Conté, avocate

« Il y a eu des opérations d’échange entre mes clients et la société américan BEVERAGES. Mes clients vendaient les devises au représentant de  la société qui disait avoir besoin de devises pour s’acheter des matières premières. Mais, il s’est avéré que c’était une autre activité cachée de la société, puisque l’objectif de cette société c’est la fabrication du jus 24H. Mais, vu le montant issu de cette transaction, nous pouvons constater que c’est une autre activité de la société qui, aujourd’hui, nous assimilons à un blanchiment d’argent. Parce que c’est une transaction de plus de 100 millions de dollars en l’espace d’un an seulement. Aujourd’hui, mes clients réclament 59 milliards de nos francs, soit environ 6 millions de dollars que le libanais leur reste devoir. Sur ce, le libanais nie carrément ces faits ; et, aujourd’hui, il brandit les enregistrements qu’il a obtenu sans le consentement de la dame. L’affaire évolue, puisqu’aujourd’hui c’était le tour du libanais, Mohamed Mohsen MEDH, qui aussi a nié les faits qui lui sont reprochés comme l’a fait Aissatou Diallo. C’est Dame Aissatou qui était l’intermédiaire entre le libanais et mes clients. Son rôle était de collecter les devises, puisque le libanais ne voulait pas apparaître. Il s’est fait représenter par cette dame qui cherchait des gens qui puissent accepter de faire des échanges avec lui, qui à son tour émettait des chèques de la société pour payer la contrepartie des devises. Nous voudrions que justice soit faite pour ces parties civiles. Ils ont longtemps souffert. Il y en a aujourd’hui qui font l’objet de poursuites par les différents parquetiers », a conclu maître Oumou Koultoumy Conté.

De son côté, maître Antoine Pépé Lama, membre du collectif des avocats de Mohamed Mohsen MEDH, soutient que leur client n’est pour rien dans cette affaire. Il accuse plutôt Mme Aissatou Diallo qui aurait détourné la contrepartie des devises que Mohsen MEDH lui remettait en chèques après chaque transaction.

Maître Antoine Pépé Lamah

« Voilà une dame (Aissatou Diallo) qui va prendre de l’argent avec les pauvres orpailleurs pour remettre à un inconnu qu’elle refuse de dévoiler l’identité, pour venir finalement accuser M. Mohsen MEDH comme étant la personne qui a reçu la somme d’argent qu’elle a perçu auprès de ces pauvres orpailleurs. Nous avons apporté les démonstrations que c’est elle plutôt qui reste devoir à mon client au regard des soldes qui lui ont été envoyés en mai, en juin et le 21 décembre 2021. Le solde du 21 décembre 2021 souligne clairement que c’est dame Aissatou Diallo qui reste devoir de l’argent à M. Mohamed Mohsen MEDH. L’autre élément qui prouve qu’elle est dans l’affabulation, c’est qu’elle a fabriqué une attestation datée du 31 décembre 2021 pour dire que c’est M. Mohsen MEDH qui lui reste devoir de l’argent. Sauf que, derrière cette attestation, il y a deux chèques qu’elle a remis à Alpha Camara. Et, ces deux chèques sont tirés par la société qu’on appelle « ABS » qui appartiendrait à la sœur de madame Aissatou Diallo. Ce qui est encore plus grave, c’est que c’est la signature de notre client qui est imitée sur les deux chèques et les écritures portées sur les deux chèques ressemblent exactement à celles portées sur l’attestation de reconnaissance datant du 31 décembre 2021. Nous avons vraiment de la sympathie pour les victimes qui, nous savons, dans quelle condition elles travaillent. Je pense qu’elles gagneraient mieux à chercher à connaître la vérité que de s’acharner sur M. Mohsen MEDH qui est aussi victime comme eux », a-t-il indiqué.

En prenant le contre-pied de son confrère, l’avocat de Mme Aissatou Diallo a affirmé que le libanais se serait basé sur sa relation amoureuse avec sa cliente pour l’amadouer. Selon maître Fodé Kaba Chérif, Mohamed Mohsen MEDH a été incapable de justifier le payement de ces chèques qu’il prétend avoir payé à Aissatou Diallo en contrepartie des devises.

Maître Elhadj Fodé Kaba Chérif, avocat de la prévenue Aissatou Diallo

« À la suite de leur première transaction, monsieur Mohsen a excité la dame en lui faisant une offre notamment un taux très alléchant. Donc, finalement, dame Aissatou a commencé à chercher des devises pour lui et sa société, parce qu’il disait tout le temps qu’il en avait besoin. Ma cliente lui demande alors qu’est-ce que vous faites avec ces devises, il dit : pour acheter de la matière première. Aujourd’hui, à la barre, monsieur Mohsen MEDH, à mes nombreuses questions, n’a pas pu justifier tout ce qu’il a dit contre dame Aissatou Diallo en disant qu’il a déjà payé, c’est dame Aissatou qui lui doit de l’argent. Ce qui est curieux dans cette affaire, c’est qu’il s’agit d’une entreprise. Une entreprise, si elle est sérieuse, ne va pas se limiter à des tableaux que M. MEDH Mohsen lui-même aurait fabriquées dans son ordinateur et  prendre les photos de ces tableaux pour envoyer à la dame avec laquelle d’ailleurs il entretenait des relations charnelles, laquelle était sa copine. Il a usé de ce terrain pour amadouer cette dame, pour l’envoyer à lui donner cette quantité d’argent. Il a reconnu à la barre qu’il a eu plus de 30 millions de dollars de transaction entre la société et dame Aissatou. C’est le même MEDH Mohsen qui nie l’existence de toutes ces parties civiles. Le monsieur nie en bloc avoir reçu ces montants, mais ne justifie pas avoir payé ces montants. C’est ça le problème », a-t-il martelé.

À noter qu’au terme de la déposition de Mohamed Mohsen MEDH ce vendredi, 9 décembre 2022, le tribunal a renvoyé l’affaire au 16 décembre prochain pour la suite des débats.

Malick DIAKITE pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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