Conakry : à 77 ans, Elhadj Souleymane Bah jugé pour destruction d’une maison d’habitation à Bambéto

C’est un prévenu affaibli par le poids de l’âge et la maladie qui a comparu dans la journée d’hier, mercredi 8 février 2023, au tribunal de première instance de Dixinn. Elhadj Souleymane Bah, puisqu’il s’agit de lui, est poursuivi devant cette juridiction pour destruction de biens au préjudice d’une partie des héritiers de feu Mamadou Yaya Barry. Assis dans une chaise et s’exprimant à peine, le prévenu a reconnu les faits de destruction qui lui sont reprochés, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Cette affaire remonte au 28 septembre 2022, à Bambéto Magasin, dans la commune de Ratoma, quand la famille Barry s’est faite expulser nuitamment de sa concession par les agents des forces de l’ordre agissant au compte d’un huissier de justice. Une concession qui aurait été vendue par des héritiers de la famille Barry sans le consentement d’autres.

À la barre, Elhadj Souleymane Bah n’a pas nié les faits mis à sa charge. Il soutient n’avoir détruit que sa propriété. « Il y a 7 ans de cela, quand j’ai eu besoin d’un domaine, j’ai rencontré les démarcheurs pour m’aider dans ce sens. Peu après, ils m’ont montré une concession à Bambéto qui serait en vente par un notaire. Rencontré, le notoire m’a fait savoir que la concession appartient à une grande famille qui a décidé, à travers une décision de justice, de procéder à la liquidation-partage de leur concession. Du coup, on s’est entendu sur le montant à payer. Comme je l’achetais pour mon fils, je l’ai appelé pour m’envoyer de l’argent. C’est ce qui fut fait. Quand j’ai reçu le montant de 1 milliard 500 millions francs guinéens, j’ai informé le notaire de la disponibilité de l’argent. Il m’a dit de transférer ledit montant dans son compte bancaire. Après avoir réuni tous les documents, le notoire me les a remis. C’est ainsi que j’ai contacté un huissier de justice pour entrer en possession de ma propriété. L’huissier, après avoir vérifié l’authenticité de mes documents, est allé informer les occupants pour libérer les lieux. Quand l’huissier et les gendarmes sont venus pour le déguerpissement, ils ont été pris à partie. L’huissier avait même porté plainte contre eux pour rébellion. On a laissé l’affaire pour quelques temps. En 2022, nous avons relancé la procédure. Après leur délogement, il était question de démolir pour faire du domaine ce qu’on veut. Donc, on est allé démolir au nom d’une décision de justice. Donc, C’est ma propriété que j’ai détruit avec tous les papiers afférents », a-t-il expliqué.

À la question du substitut du procureur de savoir si le notaire lui avait donné l’acte de vente, le prévenu répond par la négative. « Le notaire m’avait dit d’attendre, qu’il était en train de se battre au tribunal pour me remettre cet acte qui me restait », a dit le vieil homme de 77 ans.

La partie civile, représentée par dame Fatoumata Diaraye Barry, est revenue sur les circonstances dans lesquelles ils ont été expulsés de la maison. « C’est en 2015 que cette affaire a commencé.  C’est une des quatre épouses de mon défunt mari, avec ses enfants, qui voulait qu’on revende la concession. Moi, je me suis catégoriquement opposée avec une autre coépouse et nos enfants. Nous on a été menacé, puis poursuivis pour rébellion. Un jour, les gendarmes m’ont absenté à la maison. A mon arrivée, je me suis rendue moi-même à leur siège au PM3, ils m’ont retenue là-bas pendant deux jours avant de me déférer à la maison centrale, où j’ai passé deux mois avant d’être libérée sans jugement. En 2022, c’est d’abord un gendarme qui vient nous dire de libérer la concession et d’aller voir le procureur. Le gendarme s’appelait Camara, il était venu un vendredi ; et le mardi qui a suivi, ils sont venus tout détruire. Depuis lors, nos effets sont confiés dans le voisinage ; mais nous, nous dormons toujours dans la même concession », a-t-elle expliqué.

Le tribunal a mis fin aux débats avant de renvoyer l’affaire au 22 février 2023 pour les réquisitions et plaidoiries.

Malick DIAKITE pour Guineematin.com

Tél. : 626-66-29-27

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