Mohamed Camara tué dans un conflit domanial à Coyah : les arguments de l’accusé Abdoulaye Sacko (Razack) au tribunal

Abdoulaye Idrissa Sacko, alias Razack, cultivateur de son état, est jugé au Tribunal de première instance de Coyah pour assassinat, coups et blessures, violences, destructions. Ses ennuis judiciaires sont consécutifs à un conflit pour un domaine cultivable à Friguiadi, ayant coûté la vie à un certain Mohamed Camara et fait plusieurs blessés. Appelé à la barre dans la journée d’hier, lundi 20 février 2023, Razack a nié toute implication dans l’affrontement ayant abouti à l’assassinat de Mohamed Camara, a appris un reporter de Guineematin.com qui a suivi le procès.

Selon nos informations, c’est une histoire qui date du 26 mai 2020 à Friguiadi, dans la préfecture de Coyah. Suite à un conflit à Somakhoré (Friguiadi) qui opposait la famille Sacko de Manéah à celle Camara de Friguiadi, un certain Mohamed Camara a trouvé la mort. Ces deux familles étaient opposées au tour d’un espace cultivable depuis près d’une décennie.

Abdoulaye Idrissa Sacko, alias Razack, est poursuivi avec ses frères qui sont en fuite : Abdoulaye Sacko, dit Babou ; Mohamed Langan Sacko, alias Ortéga.

A la barre, Abdoulaye Idrissa Sacko, originaire de Manéah, soutient que le jour du drame, il était à 5 kilomètres de la scène du crime. « Je ne sais rien de ce qu’on me reproche dans cette affaire. Le jour où les faits se sont produits, j’étais dans notre champ au bas-fond, je n’étais pas présent sur les lieux. Alors, si je vous dis que je connais quelque chose dans cette affaire, je vous aurais menti. C’est moi qui m’occupe de la nourriture de toute la famille. Donc, dès la tombée des premières pluies, moi, je suis au champ avec mes jeunes frères pour la culture du riz dans le bas-fond. Ainsi, le 18 août 2020, lorsque je quittais le champ avec ma petite fille, je me suis croisé avec un pick-up de la gendarmerie. Soudain, les agents sont descendus à bord pour me demander si c’était bien moi Abdoulaye Sacko. J’ai dit oui. Du coup, quelqu’un d’entre eux m’a braqué une arme me demandant ainsi de les suivre. C’est ainsi qu’ils m’ont conduit à Coyah chez le procureur. Celui-ci m’a entendu sur procès-verbal et il a écrit ce qu’il voulait écrire dans le document. Après, j’ai été déféré le 20 août 2020, à la maison centrale de Conakry. Il y a 5 km entre mon champ et le lieu du crime. Je n’étais même pas présent pendant cet affrontement. Je ne suis pas un homme de ce genre. Mon éducation ne me permet pas d’ôter la vie de mon semblable », a martelé l’accusé à la barre.

Pour sa part, Souleymane Camara, oncle de la victime, soutient que son neveu, Mohamed Camara, a été bel et bien tué par Abdoulaye Idrissa Sacko, dit Razack, et ses frères qui sont en fuite. « Le jour de l’assassinat, nous, nous étions à la préfecture à l’écoute du Secrétaire général des collectivités qui avait appelé toutes les parties à une réunion. Mais, à notre fort étonnement, l’information nous a été remontée que la famille Sacko s’apprêtait à aller sur le site conflictuel. Étant ensemble à la préfecture, le président du district de Friguiadi m’a chargé d’aller voir s’ils sont effectivement sur les lieux. En cours de route, on m’appelle aussi pour me dire qu’il y a eu mort d’homme, qu’ils ont tué Mohamed Camara. Je n’ai plus continué là-bas. J’ai appelé le président du district pour l’informer de la situation. Puisque les jeunes de Friguiadi ont reconnu Mohamed Langan Sacko, alias Ortéga, sur les lieux du crime, ils l’ont appelé pour qu’il nous rende la victime s’il n’est pas mort. Ortéga a dit au téléphone que Mohamed est avec eux à Manéah, qu’ils ne l’ont pas tué, d’ailleurs qu’ils ne le tueraient pas. Même moi, j’ai eu un coup de fil avec Ortéga qui m’a dit que Mohamed Camara allait bien. Quand je lui ai dit alors de lui passer le téléphone, il m’a dit que ce dernier ne pouvait pas parler pour le moment. Ce n’est qu’à 17 heures que le chef du secteur de Soumafily (Manéah) a appelé la commune pour annoncer la découverte d’un corps dans son secteur. C’est ainsi que le corps a été conduit d’abord chez le sous-préfet puis à l’hôpital préfectoral de Coyah. Le petit a été sauvagement tué par eux. Il avait son coup cassé, un trou dans le dos et ses reins cassés », a expliqué l’oncle de la victime.

De son côté, Naby Laye Soumaoro, 33 ans, a expliqué qu’il a été personnellement battu à sang par Razack et son jeune frère Ortéga. « Ce jour, je partais saluer la maman d’un ami à la gare lorsque j’ai aperçu trois jeunes munis de machettes, de coupe-coupes et de bâtons. Pour moi, ils quittaient le  champ. Parmi eux, j’ai reconnu un petit du nom de Ortéga (Mohamed Langan Sacko). Arrivée à leur niveau, pendant que je m’apprêtais à tendre ma main pour le saluer, il m’a indexé en disant c’est les jeunes de Friguiadi, C’est à la suite de cela qu’il m’a lui-même assommé d’un coup de bâton sur la tête. Je me suis directement évanoui. À mon réveil, ils ont continué à m’administrer des coups violents, le sang sortait. Sur place, d’autres voulaient qu’ils me tuent là-bas. Mais, heureusement pour moi, j’ai entendu dire de me conduire chez leur chef, Momo Sacko. C’est ce qui fut fait. Là aussi, j’ai trouvé un autre groupe de jeunes. Ceux-ci aussi m’ont frappé jusqu’à ce que j’ai perdu connaissance. Leur doyen, Momo Sacko, leur a crié dessus pour ne pas me tuer chez lui en ces termes : je vous ai dit si vous prenez quelqu’un de l’achever sur le site là-bas, de ne pas les envoyer ici. Si vous le tuez ici, vous me créez des problèmes. C’est ainsi que j’ai été sauvé », a expliqué ce douanier.

Me Abdoulaye Keita, avocat de la partie civile

À la question de son avocat Me Abdoulaye Keita, l’avocat de la partie civile, de savoir si l’accusé Abdoulaye Sacko, alias Razack, était parmi ses agresseurs, Naby Laye Soumaoro répond par l’affirmative. « Razack qui est là m’a giflé et m’a frappé avec le côté plat de sa machette. Il était bel et bien là-bas. Je ne le connaissais pas avant, mais à travers son nom ce jour, je l’ai connu ».

Après ces dépositions, le juge audiencier, Philippe Gonga Mamy a renvoyé l’affaire au 27 février 2023, pour la comparution des témoins.

Malick DIAKITE pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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