Affaire M’Mah Sylla : Dr Sébory Cissé charge ses co-accusés Dr Daniel Lamah et Dr Patrice Lamah

Feue M’mahawa Sylla

Le procès dans l’affaire M’Mah Sylla, jeune dame décédée après des cas présumés de viol et d’avortement, s’est poursuivi au tribunal criminel de Mafanco ce mardi 28 février 2023. A l’audience précédente, le dossier avait été renvoyé à ce mardi pour statuer sur la demande du parquet de requalifier les faits en coups et blessures. Mais, le juge Souleymane 1 Traoré a estimé qu’il est d’abord nécessaire d’entendre les accusés sans pour autant donner une décision sur la requalification des faits. Il a ainsi ordonné la suite des débats, a constaté un reporter de Guineematin.com qui a suivi ce procès.

À la reprise de l’audience, c’est Dr Daniel Lamah, le deuxième médecin qui a fait l’opération chirurgicale sur M’Mah Sylla qui a été interrogé en première position par le juge Souleymane 1 Traoré. « Est-ce qu’on vous a contraint de procéder à l’opération ? », demande-t-il. Daniel Lamah de répondre : « on ne m’a pas contraint de procéder à l’opération. Je l’ai opérée parce qu’elle était malade. Elle me disait, aidez-moi Docteur », a dit l’accusé.

Ensuite, c’est le Ministère public qui a pris la parole pour ses questions. « Est-ce que vous avez soumis M’Mah Sylla à un interrogatoire avant de procéder à l’intervention chirurgicale ? »

En réponse, Dr Daniel Lamah répond avoir été supplié par feue M’mah Sylla pour l’opérer. « Moi, j’étais à Coyah. On m’a appelé pour me dire de venir, sur instruction de Célestin. Mes collègues m’ont dit qu’ils ont reçu un patient qu’ils vont l’examiner. Que si le résultat prouve une intervention chirurgicale, ils vont me dire de venir. Donc après l’examen, on m’a dit de venir faire l’opération. Quand je suis arrivé, ils m’ont montré le résultat de l’échographie et c’était une pathologie à urgence médicale. Donc, j’ai procédé à l’opération. Parce que la patiente pleurait. Elle disait, Docteur, aidez-moi. Il y a longtemps que je fais ce métier. Ce n’est pas en en 2021 que j’ai commencé des interventions. C’est en 2014 que j’ai commencé. L’opération a été faite à la partie génitale. Après l’opération, c’est une complication qui s’est révélée. C’est ainsi qu’elle a été envoyée dans une autre clinique, chez Dr Cissé. Chez Dr Cissé, j’ai assisté à une seule intervention parmi les trois interventions », a dit Dr Daniel Lamah avant de faire face aux questions des avocats de ses co-accusés.

« Traditionnellement dans les cliniques, est-ce que les médecins sont souvent obligés de demander l’autorisation des patients avant de procéder à des interventions ? », a demandé un des avocats de ses co-accusés. « C’est pour avoir la main et la compétence que j’ai fait les stages. Et j’avais l’expérience de procéder à l’opération parce qu’avec Célestin et Daniel, j’ai fait plusieurs opérations qui ont réussi. Dans notre principe, notre déontologie, nous avons l’autorisation de secourir les patients qui sont dans des complications. Elle m’a supplié de la sauver. Et quand j’ai commencé à faire l’intervention, elle ne m’a pas dit d’arrêter. Le médecin a l’obligation de traiter mais pas l’obligation de guérir », a répondu Dr Daniel Lamah.

L’interrogatoire s’est poursuivi avec les avocats de la partie civile. « Est-ce que vous avez eu l’autorisation de M’Mah Sylla avant de procéder à l’intervention ? ». Dr Daniel Lamah est resté droit dans ses bottes. « L’état dans lequel je l’ai trouvée était compliqué. Parce qu’elle ne pouvait même pas se tenir debout. Parce que le kyste était endommagé. Elle avait été visitée par d’autre médecins comme moi. Deux semaines après mon intervention, les intestins étaient perforés. Il y a eu des complications. On fait l’opération pour que ça marche. Si les complications reviennent après, ça nous surprend », a-t-il répondu avant de rejoindre sa place.

En deuxième position, c’est Dr Patrice Lamah, médecin généraliste, qui a fait face aux questions du tribunal et des parties au procès. Il a reconnu que le test de grossesse de M’Mah Sylla avait eu lieu dans sa clinique, mais pas l’opération chirurgicale. « Le test de grossesse avait été fait dans ma clinique. Mais l’avortement ne s’est pas passé à ma présence », a-t-il répondu laconiquement suite à une question du juge audiencier.

À son tour, Sebory Cissé, troisième accusé à comparaître, a fait des déclarations à charge contre ses co-accusés Dr Daniel Lamah et Dr Patrice Lamah qui, selon lui, n’ont pas respecté l’éthique et la déontologie de la Médecine. « J’ai reçu la patiente avec une plaie ouverte. Ils sont arrivés avec Dr Patrice et Dr Daniel. Dans le bloc opératoire, Patrice était présent ; Daniel aussi était là. Quand ils ont fini de faire la reconnaissance des faits, c’est-à-dire d’écrire l’engagement, nous sommes rentrés dans le bloc. Avant de toucher à la patiente, j’ai appelé la maman pour venir constater les dégâts. Elle a insisté pour que je travaille sur son enfant. Dès qu’ils sont venus, je n’ai intervenu que sur la partie génitale et le bas ventre. Je n’ai fait que réparer. Après mon travail, le saignement a cessé. Pour un médecin, avant de procéder à l’intervention, il est important de connaître l’avis du patient ou de l’un de ses parents ou proche. Si ceux qui l’ont opéré en premier lieu n’ont pas demandé l’avis de la patiente et ses parents, ils n’ont pas respecté les principes de la médecine », a déclaré Dr Sebory Cissé.

Finalement, le président du tribunal, Souleymane 1 Traoré a renvoyé le dossier au vendredi 03 mars 2023 pour le début des réquisitions et plaidoiries.

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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