Où sont passés les 41 milliards de l’OGP ? Paul Moussa Diawara et Inza Bayo jugés à la CRIEF

Paul Moussa Diawara, ex DG de l'OGP, président du parti MPD

Paul Moussa Diawara et Inza Bayo, ancien Directeur général et ancien Directeur des affaires financières (DAF) de l’Office guinéen de publicité (OGP) ont de nouveau comparu ce mardi, 28 février 2023, devant la chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Les deux cadres sont jugés pour des faits de détournement de deniers publics et complicité. Devant le juge Noël Kolomou, les deux compagnons d’infortune continuent de nier les faits mis à leur charge, a constaté un reporter de Guineematin.com qui a suivi le procès.

L’ancien Directeur général de l’OGP, Paul Moussa Diawara, et Inza Bayo, ancien DAF de la même structure, avaient été reconnus coupables par le Tribunal de Kaloum le lundi, 15 avril 2019, pour le détournement d’un montant d’environ 42 milliards de francs guinéens au préjudice de l’Etat guinéen. Pour la répression, ils avaient été condamnés à 5 ans de prison ferme et au paiement d’une amende de 50 millions de francs guinéens, chacun. Les deux, qui comparaissaient jusque-là libres devant le tribunal correctionnel de Kaloum, avaient été immédiatement placés sous mandat de dépôt et conduits à la Maison centrale de Conakry.

Du tribunal de première instance de Kaloum, ce dossier atterri désormais à la CRIEF où le procès se tient depuis plusieurs semaines où ils continuent de clamer leur innocence.

Les débats devaient se poursuivre lors de l’audience du mardi dernier, mais le ministère public, représenté par le procureur spécial Aly Touré, avait sollicité de la Cour de renvoyer le dossier à ce jour à l’effet de lui permettre de prendre connaissance de certaines pièces communiquées en rapport avec la présente procédure.

Répondant aux questions de la Cour et du ministère public, Paul Moussa Diawara insiste que le rapport de l’Inspection d’Etat qui a servi de base à la poursuite engagée par l’Etat contre lui et son DAF ne leur est nullement opposable. « Il y a eu deux rapports d’inspection faits par l’inspection générale de l’Etat. D’abord, la personne qui a fait l’inspection au nom de l’Etat, qui est l’unique actionnaire de l’OGP, n’était pas habilitée à faire ce travail. Il n’est indiqué nulle part que c’est à l’inspection générale d’intervenir dans le contrôle des actions de l’OGP. Ensuite, ni le rapport provisoire, ni le rapport définitif n’a été contradictoire. Donc, c’est pourquoi on n’est pas d’accord avec le contenu du rapport qui a servi de base à l’action intentée contre nous. Nous sommes d’accord que l’unique actionnaire qui est l’Etat s’intéresse à ce qui se passe au sein de sa société, sauf que la personne désignée au nom de l’Etat pour venir faire un contrôle au sein de l’OGP n’était pas la personne habilitée à le faire », a expliqué Paul Moussa Diawara. Les mêmes déclarations seront faites par Inza Bayo.

 A la question de savoir quelle est la loi qui régit le fonctionnement de l’OGP, Paul Moussa Diawara dira que : « l’OGP a été créé en 1986 par un décret de l’ancien Président de la République, le Général Lansana Conté. C’est ce décret qui a institué les statuts de l’OGP, qui renvoi au droit de l’OADHA ».

Pour convaincre la Cour de ses déclarations liées au choix et à la nomination du commissaire aux comptes de son institution, Paul Moussa Diawara s’est appuyé sur l’article 40 du statut de l’OGP qui, selon lui, dispose que le DG de l’OGP a ses pouvoirs étendus et a par conséquent le pouvoir de proposer un commissaire aux comptes qui sera validé par le Conseil d’Administration.

En ce qui concerne le fonctionnement de l’OGP et sa redevabilité vis-à-vis de l’unique actionnaire de cette société à caractère public, Paul Moussa soutient que : « nous, nous fonctionnons selon les dispositions de l’acte uniforme de l’OADHA, la loi 056 en ses articles 52,53 et 54 ; le statut de l’OGP et le décret de création du statut de l’OGP ».

Pour aider la Cour à comprendre certaines parties dans cette affaire, le ministère public, représenté par le procureur spécial Aly Touré, a sollicité que le Directeur général de la société Eventus soit cité à comparaître à la barre, ne serait-ce qu’en qualité de simple témoin. Une demande à laquelle l’avocat de la défense va énergiquement s’opposer. Avant de demander à son tour à la Cour de rejeter carrément la demande du ministère public.

Finalement, la Cour va accéder à la demande du ministère public avant de renvoyer l’affaire au 7 mars prochain. Elle a également ordonné la comparution à titre de témoins des sieurs Moussa Dioumessy, DG la société Eventus, Mohamed Diaby, commissaire aux comptes titulaire et Ousmane Savané, suppléant de l’OGP.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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