L’ONG Stat View a rendu public ce vendredi 24 mars 2023, les résultats de l’enquête Afrobaromètre réalisée à travers la Guinée sur l’égalité du genre et sur les conditions de vie des guinéens. Il en ressort que des discriminations subsistent contre les femmes, tant en termes d’accès à des postes de responsabilités ou de gestion de leurs revenus. Il en est de même pour la perception de la gouvernance sous la transition. L’annonce en a été faite à l’occasion d’une conférence de presse animée à Conakry, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Afrobaromètre est un réseau panafricain indépendant à but non lucratif de recherches par sondage qui produit des données fiables sur les expériences et appréciations des africains relatives à la démocratie, à la gouvernance et à la qualité de vie.
Au cours de la conférence de presse de ce vendredi, Docteur Aliou Barry, Directeur général de Stat View, a présenté les résultats relatifs à deux thématiques. D’abord, les droits des femmes en Guinée. « Cette enquête a été menée l’année dernière, entre le 1er et le 16 août 2022. Donc, c’est tout à fait récent. Ce qu’on a constaté au niveau des droits des femmes, c’est vrai que la Guinée a été toujours citée comme étant un pays pionnier en matière d’émancipation de la femme, mais les enquêtes révèlent qu’il y a encore des inégalités importantes entre l’homme et la femme. Ces résultats ont révélé par exemple l’accès au foncier. Il y a à ce niveau-là des barrières importantes pour les femmes. La plupart des filles qui sont scolarisées, en termes de proportions, elles sont moins nombreuses à franchir le cap de l’enseignement secondaire et post-secondaire par rapport aux garçons. C’est un résultat saillant. Nous avons comparé, à travers nos enquêtes, on se rend compte que les populations sont conscientes du fait que les femmes n’ont pas accès à des postes de prise de décisions, même s’il n’y a pas de discrimination en tant que telle dans l’administration publique. Mais, elles sont moins nombreuses à des postes influents. En termes de positionnement, les femmes sont défavorisées, c’est-à-dire qu’à compétences égales, le traitement salarial n’est pas forcément le même, pas de la fonction publique, mais dans le secteur privé ».
A ce sujet, Dr Aliou Barry tire la conclusion suivante : « il y a des pesanteurs qui continuent à freiner l’émancipation des femmes guinéennes, malgré tout ce qui a été fait par le premier régime et les régimes successifs. On a par exemple constaté qu’il y a des femmes qui continuent à croire que quand elles gagnent des produits, ces revenus-là doivent être mis à la disposition de leurs époux. C’est quand même quelque chose que le ministère devrait pouvoir corriger. Les hommes que nous sommes, nous devons comprendre que les femmes ont leurs droits, et notamment quand elles ont été à l’école, surtout qu’elles ont étudié, d’accéder à des positions dans la vie et qu’elles produisent des revenus ; ces revenus sont leurs revenus », a-t-il laissé entendre.
En outre, Dr Aliou Barry est revenu sur la 2ème thématique qui portait sur les conditions de vie des Guinéens sous la transition. « Nous sommes à notre 5ème édition pour le compte du réseau Afrobaromètre. On a remarqué que la pauvreté est encore là. La pauvreté vécue est encore élevée même si par endroit, on a constaté une légère baisse puisqu’à l’édition précédente de 2019, nous avions 96% des Guinéens qui avaient dit qu’au cours de l’année, qu’ils avaient connu des jours qu’ils sont restés sans argent. Nous sommes à 88% ; ce qui montre une petite baisse. En termes d’accès à la nourriture, on voit la différence par rapport à la précédente édition. Actuellement, 53% nous ont déclaré avoir manqué de nourriture à un moment donné, contre 62% il y a deux, trois ans. Ce qu’il faut remarquer, les Guinéens ne sont pas très satisfaits de la performance du gouvernement en matière d’amélioration des conditions de vie et en matière de gestions macro-économique. La gestion de l’économie est appréciée à 29%. Ce qui est encore faible par rapport à ce à quoi on doit s’attendre. Sous cette période de transition, il y a du travail qui est en train d’être fait en matière d’assainissement par ce que nous venons de loin. Les autorités sont en train de faire des preuves pour essayer de récupérer l’argent. Tous les efforts qui sont déployés çà et là ne se traduisent pas en termes concrets d’amélioration des conditions de vie du guinéen lambda. Les Guinéens ont déploré que les prix des denrées ne soient pas stables sur le marché. On a des pouvoirs d’achat très faibles. Ces résultats devraient servir normalement les institutions de la transition », a-t-il suggéré.
Hassanatou Kanté pour Guineematin.com
