L’ex Directeur général du Fonds d’entretien routier (FER), Souleymane Traoré a comparu hier, lundi 3 avril 2023, devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Il est jugé pour des faits de détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux. Dans sa déposition, le prévenu a expliqué comment il a acquis ses biens immobiliers et comment le siège du FER a coûté 85 milliards GNF, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Lors de sa première comparution pendant l’audience précédente, Souleymane Traoré avait également nié les accusations portées contre lui. Parmi les faits qui lui sont opposés, figurent l’acquisition de ses biens immobiliers et celle du nouveau siège du Fonds d’entretien routier dont on demande des justifications.
En ce qui concerne les biens immobiliers, Souleymane Traoré explique. « Entre 2000 et 2014, j’avais comme biens immobiliers, une maison à Samatran village. J’ai acheté 3 terrains nus en 2001, dont deux sont contigus, et un autre dans une autre zone où j’ai construit un duplex de R+1 sur une superficie de 1 000m2. Et puis, j’ai acheté un autre terrain à Nongo (dans la commune de Ratoma) en 2009 que j’ai bâti aussi en 2011-2012. C’est une maison de 800m² que j’ai construite là et j’ai déménagé dans cette maison fin 2012. A Tiguibiri, dans mon village, situé dans la préfecture Siguiri, en Haute Guinée, j’ai construit également une autre maison sur une superficie de 1 500m². Au moment où j’étais directeur général du Fonds d’entretien routier (FER), j’ai eu comme biens immobiliers une villa à Lambanyi qu’on appelle généralement la Cour commune. C’est une villa constituée de dix appartements, composés chacun de deux chambres et un salon. C’est une villa en location bâtie sur deux parcelles ».
Prenant la parole, le Ministère public représenté par le procureur spécial Aly Touré, va poser la question à Souleymane Traoré de savoir comment fonctionne le fonds d’entretien routier. Répondant à cette question, Souleymane Traoré que les grandes décisions concernant notamment la construction d’un siège sont prises par le Conseil d’administration avant d’être exécutées.
« Le Fonds d’entretien routier (FER) était dans un premier temps un établissement public à caractère commercial dont la mission est de financer l’entretien routier à travers différents maîtres d’ouvrages répartis entre le Ministère des Travaux publics, le Ministère des Transports et le Ministère de l’Agriculture. En son sein, il a une direction générale, un Conseil d’Administration. Un président est élu au sein du conseil d’administration. La politique générale du FER (Fonds d’Entretien Routier) est édictée par le Conseil d’administration qui tient des sessions ordinaires et extraordinaires. La direction prépare les documents, le budget en rapport avec les besoins des maîtres d’ouvrages, une session budgétaire est ténue et adopte le budget et le FER exécute. Le budget est validé par le conseil d’administration. À part la gestion quotidienne, les grandes décisions telles la modification des statuts, les grands projets hors budget, la construction d’un siège sont soumises à l’adoption du conseil d’administration. Ce sont des décisions qui sont prises par le conseil d’administration », a expliqué le prévenu.
A la question du Procureur spécial de savoir comment la décision d’achat du nouveau siège du FER, situé à la Camayenne, dans la commune de Dixinn, à hauteur 85 milliards de francs guinéens, a-t-elle été prise ? L’ancien DG du FER, Souleymane Traoré, répond : « vous savez, nous étions en période de la pandémie du COVID-19. Les gens ne se rencontraient pas et c’est pourquoi nous avions tenu une téléconférence au cours de laquelle tous les concernés ont été consultés pour leur avis par rapport à une offre d’achat d’un bâtiment devant abriter le siège du FER situé à la Camayenne qu’une entreprise nous avait proposée. Après cette téléconférence, nous avons décidé d’acheter le bâtiment pour ne pas rater l’opportunité. Puisqu’avant, on avait écrit au Ministère de l’habitat qui nous avait octroyé un terrain sur le site de la cité directionnelle de Koloma, qu’il avait aussi aussitôt récupéré. Une proposition nous avait été également faite à Matam, mais nous n’avons pu faire le marché puisque qu’aucune des entreprises n’avait manifesté l’intérêt pour le financement. C’est donc après avoir manqué d’avoir le terrain à Koloma et un preneur pour le contrat de construction du siège à Matam que finalement on a opté pour l’achat du bâtiment qui sert de nouveau siège du FER situé actuellement à la Camayenne… ».
Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com
