Guinée : la cola fortement ancrée dans les traditions

Dans la société guinéenne, la cola occupe une place de choix. Elle est présente dans toutes les cérémonies et est symbole de respect et d’honneur dans les communautés. Elle est fortement ancrée dans les traditions et revêt une importance capitale.

Des cérémonies de mariage à la présentation des salutations d’usage à un chef, en passant par les baptêmes, les sacrifices, la réconciliation et bien d’autres activités au sein des communautés, la cola est au premier rang. On lui prête, à tort ou à raison, des vertus. Et, sa ‘’sacralité’’ varie en fonction des circonstances de son utilisation. Son utilisation a défié le temps.

Aujourd’hui, la cola va de pair avec certaines pratiques religieuses. Mais, Elhadj Mamadou Saïdou Diallo, imam de Bambeto, assure que « la cola n’est ni une obligation, ni une surérogation » en islam. Mais, il admet que son usage est « une pratique accommodée à la religion à cause de ce qu’elle symbolise » pour les populations.

Elhadj Mamadou Saïdou Diallo, imam de la mosquée de Bambéto

« La cola est un fruit l’égal à manger dans la religion (islam). Ce fruit a beaucoup de bienfaits ; mais, dans le domaine de la santé, on dit qu’il n’est souvent pas bon. La cola, c’est comme la mangue, l’orange. Vous savez, en islam, on dit à tout individu de s’éloigner de tout ce qui peut causer le désagrément (…), par exemple : la drogue, l’alcool et autres sont interdits dans la religion musulmane. La cola a un grand avantage dans notre culture au Fouta, en Basse Côte et dans les autres régions. Disons tout simplement qu’elle a une grande importance dans la culture guinéenne. Elle symbolise le respect. Il faut savoir que dans tout ce qui a trait au respect et à l’honneur, il faut toujours intégrer la cola pour exprimer sa profonde gratitude à l’égard de cette personne. Chez nous les peuls, pour demander la main d’une fille en mariage, il faut la cola ; pour un baptême, il faut la cola ; pour la recherche du savoir, il faut envoyer toujours la cola ; s’il faut aller voir un chef pour l’honorer, il faut la cola… C’est pour vous dire que tout ce qui est lié au respect, à la considération chez nous, il faut utiliser la cola qui symbolise le respect. Pour plus vous faire comprendre que la cola est symbole de respect, en cette période de Ramadan, si quelqu’un t’envoie de l’argent, 300.000 GNF ou 1.000.000 GNF, il te dira qu’il t’as envoyé le prix de collation (la cola) pour le Ramadan et non le prix d’un sac riz. Pourquoi il le dit comme ça ? C’est pour que ça ait de la valeur. Donc, c’est pour vous dire que la cola est très importante dans notre coutume. L’islam nous dit d’être social. Tout ce qui peut unir les gens socialement sans entraver à la religion est accepté par notre religion. L’islam nous demande de nous respecter, de nous être utiles. Maintenant, pour le respect, on a rien de plus symbolique hormis la cola chez nous ici en Guinée. La cola n’est pas une obligation, ni une surérogation en islam. C’est pour vous dire que la cola n’est pas une exigence, mais c’est une pratique accommodée à l’islam pour son symbolisme », a expliqué Elhadj Mamadou Saïdou Diallo.

Toutefois, la cola devient de plus en plus en Guinée. Dans certains endroits du pays, une cola de bonne qualité coûte jusqu’à 5 000 francs guinéens. Mais, il vaut l’avoir dans certaines communautés pour espérer prospérer dans certains projets sociaux. Hadja Mariama Sylla, vendeuse de colas à Conakry, soutient que « la cola vaut mieux que l’argent », surtout quand il s’agit de faire preuve de respect et d’honneur envers quelqu’un dans la société guinéenne.

Hadja Mariama Sylla, vendeuse de colas à Conakry

« Ce fruit du colatier est utilisé depuis des siècles par certaines communautés. C’est pour vous dire que la cola est une partie intégrante de notre coutume. Parce que chez nous en Guinée, la communauté musulmane, on ne peut pas faire certaines cérémonies sans faire recours à la cola. Elle symbolise le respect. La cola est aussi destinée à un érudit, à un chef, à un notable qu’on a l’intention d’honorer. La cola vaut plus de l’argent. Par exemple chez nous les Soussous, quand tu demandes une fille en mariage, même si tu envoies des millions pour la dote et autres pour le mariage, on te demandera d’envoyer la cola. Car, elle est la base de tout. C’est pour vous dire à tel point la cola est importante dans notre coutume… Donc, moi j’ai appris ce commerce de mes parents et je continue d’évoluer dans ce domaine, car cela fait des années que je suis dans ça. Seulement, de nos jours, la cola est devenue très coûteuse. On peut avoir un panier de cola à un million trois cents mille francs, voire plus. Car, le prix varie en fonction de la qualité de la cola. Et, l’intérêt que nous gagnons dedans est minime », a indiqué Hadja Mariama Sylla.

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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