Conakry : la Banque Centrale de Guinée et d’autres banques jugées dans une affaire de plus de 2 millions USD

C’est une affaire de transaction bancaire liée à de l’or qui met en cause six banques Panaméenne et américaines et la Banque centrale de la République de Guinée. Ces institutions bancaires sont toutes poursuivies pour escroquerie en bande organisée sur la somme de 2 millions 446 mille dollars US au préjudice de la société Inversions. Les six banques, prévenues dans cette affaire, ont comparu dans la journée d’hier lundi, 3 avril 2023, au tribunal de première instance de Kaloum. Les prévenus ont nié les faits mis à leur charge, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

La société Panaméenne Inversions, spécialisée dans l’achat d’or, accuse ces banques de l’avoir extorqué un montant de 2 millions 446 mille dollars US. C’est une transaction bancaire qui aurait mal tourné entre la société panaméenne Inversions entre 5 banques intermédiaires américaines et la banque centrale de Guinée. À l’origine, c’est la société Inversions qui est entrée en relation d’affaires avec deux sociétés guinéennes appelées SOGUINÈ et SOKAMI dans le cadre de l’achat d’or en République de Guinée vers le Panama, un pays de l’Amérique centrale.

À l’audience de ce lundi, la Banque Centrale de la République Guinée (BCRG), représentée par son conseiller juridique, et le directeur des opérations de change, ont soutenu mordicus l’innocence de la BCRG dans cette affaire. « Nous avons effectivement reçu des fonds et nous avons mis à la disposition des destinataires », ont-ils dit.

La représentante de la banque Banisme SA du Panama, l’un des prévenus dans la présente affaire, a dit que son institution qui était chargée de transférer l’argent à la banque centrale via Citibank de New-York, a transféré le dit montant, conformément aux indications données par son client. « Je suis là pour confirmer que le transfert a été bel et bien fait. On avait fait 6 transactions en tout sur les numéros qui l’ont été communiqués… »

Interrogé au sortir du procès, Maître Cécé Victorien Théa, avocat de la partie civile, explique comment ses clients Panaméens de la société inversions ont été escroqués par ces banques. « C’est une question d’achat d’or. Dans la transaction, mes clients se sont rendus en Guinée, ils ont contacté la banque centrale, on les a présentés par le canal de la banque centrale des sociétés qui exportent de l’or en Guinée et qui seraient reconnues par la banque centrale. Et la banque centrale a communiqué des numéros à travers certains de ses cadres à nos clients. Nos clients sont partis au Panama où se trouvait leur compte. Donc, conformément aux indications données par la banque centrale, ils ont fait le transfert d’argent au nombre de 6 transactions. Sauf que les informations données par la banque centrale contenaient des erreurs. Ils (les prévenus) ont essayé de rectifier les erreurs qui étaient visibles dans l’ordre de virement. En principe, s’il n’y a pas de complicité, l’opération est rejetée d’office, sauf que dans ce cas, l’opération n’a pas été rejetée. C’est la banque Banisme SA de Panama qui a rectifié l’erreur. Nous, ce que nous demandons est que la banque centrale c’est notre identité, c’est notre image, s’il y a une affaire de ce genre, et que cette institution bancaire est impliquée, il faudrait pour une question de crédibilité de l’État que nos juridictions prennent du temps d’analyser profondément le dossier parce qu’il s’agit des investisseurs étrangers qui avaient la possibilité de travailler en Guinée. Sauf que dans ce cas, nos clients ont versé plus de 2 millions 446 mille dollars et ils n’ont pas reçu d’or tandis que la banque centrale a déjà donné l’argent à des personnes. C’est une transaction qui a mal tourné. L’argent a été versé par nos clients et la banque confirme cela. Et pourtant, lors du virement on mettait achat d’or. Je crois que la banque centrale devrait prêter attention à cette opération parce que la vérification et la qualité de l’achat d’or en République de Guinée doit passer par la banque centrale. Une raison de plus pour la banque centrale de dire, avant de livrer l’argent, il faudrait que je sois sûr que l’or en question est là. Ça, ça suscite beaucoup de doutes », a-t-il dit.

Pour Sérébamory Kanté, avocat de la banque centrale de Guinée, son client en tant que personne morale n’est aucunement responsable des déboires de la partie civile. « Il y a une société panaméenne, appelée Inversions, qui est entrée en relation d’affaires avec deux guinéens qui ont des sociétés ici, dont les sociétés sont représentées par M. Konaté et un certain Aboubacar Diallo. Donc, ils sont venus en Guinée, contactés ces gens qui les ont rassurés qu’ils sont dans les affaires d’or et qu’ils peuvent acheter de l’or pour eux. Après leur retour au Panama, ils ont envoyé de l’argent à ces guinéens pour acheter de l’or. Puisqu’il s’agit de transferts internationaux, l’argent est effectivement venu en Guinée mais par le canal de Citibank N.A (banque américaine basée à New-York, spécialisée dans ce genre d’opérations). Parce que c’est seulement cette banque qui transite avec la banque centrale de la Guinée dans ces genres d’opérations. La Citibank a envoyé un document à la banque centrale dans lequel se trouvent toutes les informations concernant ces deux sociétés guinéennes qui sont censées recevoir l’argent et qui doivent fournir de l’or à cette société Panaméenne. Et, la banque centrale a demandé aux deux sociétés de fournir les documents relatifs à leurs sociétés et les documents relatifs à leurs identités. Après vérification, il y a eu remise de fonds. Parce que c’est une opération de mise à disposition de fonds, ils doivent donner les fonds aux ayant-droit. Après que ces gens-là aient reçu les fonds, d’après la société Panaméenne, elle n’a pas reçu l’or. Dans leur citation, la banque centrale et les autres banques sont accusées pour escroquerie en bande organisée et blanchiment de capitaux sans justifier l’existence d’aucune de ces infractions. À la barre, mes clients (conseiller juridique et le directeur des opérations de change de la banque centrale) ont reconnu avoir reçu 1 million 926 mille dollars à l’effet de les remettre à ces fournisseurs d’or en Guinée. Leur rôle se limite là. La banque centrale ne peut suivre ces fournisseurs-là dans les mines d’or de Siguiri, s’ils achètent ou pas, ce n’est pas leur rôle. C’est leur partenaire Panaméen qui devrait s’assurer que ce sont effectivement des gens qui sont capables de leur fournir de l’or. Ce n’est pas à la banque de s’assurer de cela », a laissé entendre l’avocat de la banque centrale.

Approchés, les avocats de la banque Banisme SA, dont la représentante a comparu ce lundi en tant que prévenue, n’ont pas voulu se prêter à nos questions.

Il s’agit dans cette affaire de la Banque Centrale de la République de Guinée, la Banque Banisme SA (Panama), la Deutshe bank trust compagny, la banque standard Chtered bank, la Citibank NA, Bank of américa NA (États-Unis) à être citées devant cette juridiction pour escroquerie.

Le tribunal a renvoyé l’affaire à ce mardi, 4 avril 2023, pour la suite des débats.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tél. : 626-66-29-27

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