N’Zérékoré : un handicapé risque 2 ans de prison pour le vol de 7 bidons d’huile de palmiste

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Le procès de Kamus HABA, alias Kaman, s’est poursuivi au tribunal de première instance de N’zérékoré dans la journée d’hier, mercredi 19 avril 2023. Infirme de son état et âgé d’une vingtaine d’années, Kamus Haba est jugé pour les faits de vol de 7 bidons d’huile de palme. Les faits se seraient produits dans l’usine de production de M. Alphonse Lamah, située à Palé centre. Le ministère public, dans ses réquisitions, a demandé au tribunal de le condamner à 2 ans d’emprisonnement, rapporte le correspondant de Guineematin.com basé dans la préfecture.

A la barre, le prévenu a balayé d’un revers de main les faits mis à sa charge. Kamus HABA a parlé d’allégations et estime que son état d’infirme ne lui permet pas de voler des bidons d’huile. « Je venais du champ. Arrivé à la maison, mon frère m’a dit qu’Alphonse me cherche pour un cas de vol de bidons d’huile dans son usine. Je lui ai répondu que ce n’était pas moi.  Après, je suis allé dans un bar. Là, les gens m’ont dit qu’Alphonse est en train de me chercher. Il a mis les gens à contribution pour m’arrêter. Comme mon pied me faisait mal, je suis allé acheter des comprimés. C’est en cours de route qu’il m’a attrapé, disant que les gens m’ont vu en train de voler l’huile dans son usine. ‘’Donne-moi mes bidons d’huile’’. Je lui ai dit que je n’ai pas d’huile, que ce n’est pas moi qui ai volé. C’est là-bas qu’il m’a pris et s’est mis à me frapper, me traîner par terre jusqu’à m’envoyer au poste de gendarmerie. Je ne peux pas dire que je n’ai jamais volé. Je vole quand parfois j’ai faim, je vais cueillir les colas, cacao de mon oncle pour vendre et satisfaire mes besoins ; mais pour autrui, non. Je ne ferai pas ça. Comment un handicapé peut voler 7 bidons d’huile ? Sur quel pied je peux m’arrêter pour transporter ça ? Ce ne sont que des mensonges », a dit le prévenu à la barre.

Le ministère public, représenté par le substitut du procureur André Fara Fomba TENGUIANO, dans ses réquisitions, a rappelé les faits avant de demander au tribunal de retenir le prévenu dans les liens de la culpabilité, et pour la répression, de le condamner à 2 ans de prison ferme. « C’était le lundi 17 avril. Le chef de poste de gendarmerie de Palé transmettait une plainte écrite de monsieur Alphonse Lamah. Plainte qui avait été formulée contre monsieur Kamus et en transmettant cette plainte, monsieur le président, le chef de poste a pris le soin d’interpeller le suspect pour le mettre à la disposition de la gendarmerie territoriale de N’Zérékoré. Pour justifier cette plainte, monsieur Alphonse Lamah déclare qu’il a été plusieurs fois victime de vol dans son usine d’extraction d’huile de palmistes et qu’il a beaucoup cherché l’auteur de ces différents vols ; mais en vain, malgré tous les guet-apens qu’il montait pour retrouver cette personne. Et un jour, Mme Justine, l’épouse de Michel MALAMOU, a informé son fils Mathias qu’il y a quelque chose qui se passe dans l’usine de monsieur Alphonse Lamah d’aller informer celui-ci. C’est dans ces circonstances que ce jeune a dit à la dame que lui-même il va vérifier les faits. Donc, il lui a dit d’aller voir derrière l’usine et ce dernier a aperçu monsieur Kamus HABA en train de faire sortir des bidons d’huile qui étaient stockés là. Bon, comme il est enfant et petit par rapport à monsieur Kamus, et déjà accompagné par une femme, ils n’avaient que leurs yeux pour pleurer et peut-être alerter. C’est dans ces circonstances que Kamus a pris la fuite monsieur le président. Et il a été interpellé plus tard, quelques jours après. Ce n’est même pas le même jour qu’il a été interpellé. Le chef de poste de gendarmerie de Palé a eu toutes les difficultés pour pouvoir maîtriser le suspect monsieur le président. Parce qu’en cours de route, le premier voyage avait échoué à cause de lui, du fait qu’il avait pris la poudre d’escampette, il avait profité d’une situation de panne sur la moto pour s’enfuir. C’est quelque semaine plus tard qu’il a été interpellé à nouveau. L’enquête a donc été diligentée en flagrant délit et déférée à notre parquet. Ces faits ont été qualifiés de vol et le dossier a été pris à flagrant délit ce qui fait objet de ce jugement. Ce qu’il faut reconnaître monsieur le président, dans ce dossier, c’est que monsieur Kamus n’est pas un délinquant primaire, c’est un délinquant qui est adulte. Cela se montre même par sa façon d’exprimer ou de répondre les questions et par sa manière d’anticiper certaines questions monsieur le président. Ces faits de vol sont établis à son encontre. Les témoignages de madame et du jeune Mathias sont éloquents. Le ministère public requiert, sur l’action publique, de le déclarer coupable des faits de vol. Pour la répression, de le condamner à 2 ans d’emprisonnement ferme. Sur l’action civile, de prendre acte de la comparution et de la constitution de la partie civile de monsieur Alphonse Lamah. Le ministère public requiert qu’il vous plaise de condamner à titre principal monsieur Kamus Haba à lui payer le montant d’un million quatre cent mille francs guinéens qui représente la valeur des 7 bidons d’huile de palmistes qui ont été frauduleusement soustraits. De le condamner en outre au paiement de la somme de huit cent mille francs guinéens pour toutes les dépenses effectuées et pour toutes causes de préjudices. Ce qui fait un montant total de deux millions deux mille francs guinéens que monsieur Kamus Haba doit payer en faveur de monsieur Alphonse Lamah », a requis le ministère public.

Le juge audiencier, Boubacar Sidiki Sylla, a finalement renvoyé l’affaire au 03 mai 2023 pour rendre sa décision.

De N’Zérékoré, Foromo Gbouo Lamah pour Guineematin.com

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