Sexes disparus à Kénien : « le chef des féticheurs ne veut pas donner la possibilité à une autre personne de soigner les enfants »

La célébration d’un mariage a viré au drame dans la nuit du samedi, 13 mai 2023, au quartier Kénien, dans la commune de Matam. Plusieurs jeunes gens ont perdu l’usage de leurs appareils génitaux lors d’une soirée dansante (Faré-gnâkhi) organisée à l’occasion d’une cérémonie de mariage. Un féticheur est accusé d’avoir subtilisé les appareils génitaux d’une dizaine de personnes. Le dossier est aujourd’hui confié à la gendarmerie. Pour en savoir plus sur la suite de cette affaire, un reporter de Guineematin.com s’est rendu sur les lieux hier, jeudi 18 mai 2023.

Selon Maïmouna Bangoura, grande sœur de la victime Mamadouba Bangoura, les jeunes n’ont toujours pas recouvré leur santé. La grande sœur dit également que le maître féticheur, dont les apprentis sont à la base de la disparition, refuse de soigner les jeunes. « Jusqu’à ce jeudi, 18 mai 2023, ça ne va pas. Parce que mes frères ne sont pas rétablis de ce sort. On a fait appel à plusieurs guérisseurs ; mais jusqu’à présent, nous n’avons pas de suite favorable. En plus, tu ne peux aller voir un guérisseur sans avoir quelque chose en main (l’argent). Sinon, on nous a montré plusieurs personnes, mais il faut avoir de l’argent, alors que nous n’en avons pas. Je vous assure que ce problème nous inquiète énormément. La majeure partie de ces jeunes sont mes jeunes frères. C’est pourquoi je me bats corps et âme afin qu’ils recouvrent leur santé ».

Poursuivant, Maïmouna Bangoura a fait savoir que le maître féticheur a proféré des menaces contre elle et les officiers qui détiennent ses amis dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Elle dit tenir responsable le maître féticheur de tout malheur qui lui arriverait. « J’ai constaté dans une vidéo sur les réseaux sociaux où on voit le maître féticheur proférer des menaces contre moi et les officiers qui détiennent ses collègues. Dans la vidéo, il me dit cette dame qui se permet de parler sur les médias de cette affaire, pourquoi elle n’a pas éduqué ses frères et autres ? Mais, je dis qu’il peut continuer ses menaces. Seulement, même si je contracte un mal de tête, je le tiendrais pour responsable. Il ne veut pas traiter les enfants et il ne veut pas donner la possibilité à une autre personne de soigner ces enfants. Il demande dans la vidéo à ce qu’on libère ses amis et si on ne le fait pas, il fera du mal à ces officiers qui détiennent ses amis, ou bien il leur jettera le même sort qu’il a jeté sur les enfants ».

En outre, Maïmouna Bangoura lance un appel au président de la transition afin de les aider à ce que ces jeunes recouvrent leur santé. « Nous lançons un appel au président de la transition, de nous aider afin que nos enfants recouvrent leur santé, car c’est lui le père de la nation à l’heure actuelle. Nous ne sommes pas riches et même avoir de quoi manger, c’est tout à fait des problèmes pour nous. L’argent qu’on demande pour le traitement d’un seul jeune, c’est élevé. Si le gouvernement ne nous vient pas en aide, ce n’est pas bon, car nos enfants souffrent énormément, ils passent toute la nuit assis. Et nous lançons également l’aide à toute personne de bonne volonté de nous venir en aide car nous sommes dans la détresse. Je ne parle pas dans les médias pour défier le féticheur ou parce que je veux juste parler, mais je le fais pour qu’on ait de l’aide », a-t-elle lancé.

Aboubacar Kapi Camara, chef du quartier de Kénien

De son côté, Aboubacar Kapi Camara, chef du quartier de Kénien, dit travailler d’arrache pieds pour trouver solution à ce problème. « Depuis ce jour, nous sommes dans l’acharnement, on cherche à ce que les enfants recouvrent leur santé. Je crois qu’hier mercredi, les féticheurs ont été déférés à la sûreté. C’est ce qu’on nous a dit quand nous sommes allés à la gendarmerie de Matam. On a demandé qu’est-ce qu’il faut pour les victimes, ils nous ont demandé à ce que toutes les victimes concernées viennent se présenter à la sûreté là-bas, parce qu’on aurait appris qu’il y a d’autres victimes qui refusent de se présenter à cause de la honte. C’est pour certainement se plaindre, juger ou trouver une solution à ce problème ».

Selon le chef du quartier de Kénien, le féticheur en chef avait promis de venir s’occuper du cas des enfants. « Le chef féticheur a téléphoné à ma présence la fois dernière qu’il viendra soigner les enfants et qu’il a parlé avec la famille. C’est-à-dire garder les enfants dans un lieu discret pour qu’ils puissent les traiter. Mais après cela il n’est pas venu. On l’a attendu là-bas, mais malheureusement ce maître ne s’est pas présenté jusqu’au jour d’aujourd’hui. C’est vraiment regrettable ce qui se passe actuellement.  Je regrette que ces enfants organisent ce genre de soirée sans informer les responsables du quartier. Mais nous cherchons à ce que les enfants recouvrent leur santé », a-t-il laissé entendre.

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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