Débat constitutionnel en Guinée : le Pr Aliou Baldé propose la limitation de l’âge des candidats à la présidentielle entre 35 et 75 ans

Conformément à son programme, le Conseil national de la transition (CNT), sous la présidence de Dr Dansa Kourouma, a reçu en séance plénière de ce lundi 29 mai 2023, le monde académique de Guinée et les médias pour leurs contributions au débat d’orientation constitutionnel, rapporte l’équipe de Guineematin.com, déployée à l’hémicycle du Palais du peuple.

Au total, neuf membres de la famille académique guinéenne se sont relayés au parloir. Parmi eux, le Pr Mamadou Aliou Baldé, Président de l’académie de sciences de Guinée. Considéré comme l’une des plus grandes sommités intellectuelles du pays, ce dernier estime que le régime politique à prévoir doit être de type présidentiel avec un Premier ministre qui est Chef du gouvernement. Le président doit avoir un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Mais, ce n’est pas tout. Cet intellectuel a souhaité que la constitution contienne d’autres exigences.

Pr Mamadou Aliou Baldé, Président de l’académie de sciences de Guinée

«  Pour la présidentielle, exiger que le candidat soit de nationalité guinéenne ou l’avoir acquis 15 ans au moins. Le candidat doit être âgé de 35 au moins et de 75 ans au plus », a-t-il expliqué.

Pour réduire le pouvoir exorbitant du Chef de l’Etat, les ministres avant d’être nommés, doivent être auditionnés par le Parlement. Mieux, cet académicien souhaite que les ministres aient l’autorité de nomination de leurs cabinets. Également et comme beaucoup d’autres avant lui, le Pr Baldé souhaite que le Président de la République ne soit plus membre du Conseil supérieur de la magistrature (CSM).

Pour garantir l’indépendance de la justice, Pr Mamadou Aliou Baldé propose que ces juges soient nommés à vie à la Cour suprême. Ce n’est pas tout. Pr Baldé milite pour le changement de statut de la Cour des comptes et de la Haute autorité de la communication. « Ces deux institutions doivent changer de statut et devenir des organes techniques indépendants », a-t-il plaidé.

De son côté, le Pr Aly Badra Doukouré, Directeur exécutif du Bureau d’études, de stratégie et du développement a mis un accent sur le développement durable en pensant aux futures générations. Ce consultant indépendant plaide pour la prise en charge des personnes âgées.

Pr Aly Badra Doukouré, Consultant indépendant

« Un traitement prioritaire doit être accordé aux aînés, aux femmes, aux personnes infirmes… Mettre en valeur les personnes retraitées. Revalorisation des pensions. Introduire l’éducation préscolaire .Et l’Etat doit prendre en compte l’éducation parentale… », a fait savoir cette autre sommité intellectuelle du pays.

Quant au Dr Mohamed Bintou Kéïta, le Directeur général de l’Institut de recherches linguistiques appliquées (IRLA), il a axé son intervention sur la promotion des langues nationales, en référant des acquis du premier régime guinéen.

« Les 8 sur 24 langues maternelles parlées en Guinée avaient été retenues et enseignées dans les différentes écoles primaires du pays, compte tenu du nombre de ses locuteurs en 1974. Moi, je suggère qu’on s’approprie de ces acquis du premier régime pour faire la promotion des langues nationales de notre pays en identifiant clairement les huit langues nationales en question », a-t-il sollicité.

Pour sa part, le Professeur Alpha Abdoulaye Diallo, le Doyen de la faculté des sciences juridiques et politiques à l’Université de Sonfonia qui a soumis 11 propositions au CNT, demande à ce qu’une correction soit apportée sur le vide constitutionnel de la Guinée. Il a fait observer que les lois prises en référence c’est à partir de 1990, date de l’adoption de la Loi fondamentale, alors que 1958, la Guinée a été régie par une Constitution, des lois organiques, des lois simples et réglementaires.

« Je demande qu’on ramène l’histoire constitutionnelle de la Guinée depuis sa base et non pas se limiter en 1990 ».

En plus de ces 4 premiers intervenants, il faut noter les contributions du Dr Daouda Conté, enseignant chercheur et de Seydou Marico Sidibé de l’Union des étudiants de Guinée, Sory Nafadji Condé, promoteur des langues nationales et du Pr Moustapha Diop. Ce Doyen de la faculté des sciences humaines et sociales de l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia, a insisté sur le concept du pardon que la future Constitution devra s’en approprier, vue les nombre de victimes et de bourreaux et parfois la complexité des crimes commis par les uns et les autres sur le dos de l’Etat.

Sans exception, ces intervenants ont plaidé pour la promotion et la protection des droits et libertés, de la bonne gouvernance et la séparation des pouvoirs.

Le monde académique a été suivi par les membres des organisations de presse  qui ont également donné leur point de vue au débat d’orientation constitutionnel.

Hassanatou Kanté et Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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