C’est une bonne nouvelle pour les enseignants contractuels communaux de Guinée. Dans la soirée d’hier vendredi, 9 juin 2023, l’Agence Nationale de Financement des Collectivités Locales (ANAFIC) a donné le coup d’envoi du paiement des arriérés de salaires desdits enseignants. Cette opération de paiement a débuté par les enseignants contractuels de la commune de Dubréka et va s’étendre dans les autres régions du pays dès la semaine prochaine. Elle a été rendue possible grâce à l’implication salvatrice du Ministère de l’Administration du Territoire et de Décentralisation (MATD), du Ministère de l’Enseignement Pré-universitaire et de l’Alphabétisation (MEPU-A), de l’Inspection générale des finances et du Syndicat des enseignants, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
C’est la mairie de Dubréka qui a servi de cadre au lancement des opérations de paiement. Sur les 7 mois d’arriérés que réclament les enseignants, 2 mois ont été payés. Selon les autorités, c’est le début d’une série de paiements des arriérés des enseignants contractuels.
Sékou M’Mahawa Touré, Directeur Général de l’ANAFIC, est revenu sur ce qui a prévalu à cette opération de paiement. « Je pense que c’est d’abord un sentiment de satisfaction. Comme vous le savez, c’est un processus qui a commencé par une première session de paie qui a été pilotée par l’Inspection générale des finances et une mission mixte qui était composée en plus de l’inspecteur général des finances, de l’Inspection de l’éducation, de l’Inspection du MATD, mais aussi du syndicat des enseignants. Et cette première mission avait un double objectif : C’était d’abord de se rassurer que la liste qui avait été remontée à travers la disponibilité des enseignants au niveau des collectivités était un fait réel. Et aussi profiter pour payer un mois de salaire. C’est sur la base de cette première mission que la liste qui nous a été remontée, a été considérée comme une liste définitive. C’est ainsi que l’autorité à un plus haut niveau, à travers un communiqué des deux ministres, ont demandé à ce que l’ANAFIC procède à la paie des mois d’arriérés de salaires et cela, depuis le 7 juin dernier. Mais pour des problèmes de logistique, nous n’avons pu commencer ce processus que le 9 juin 2023. C’est ainsi que le MATD a bien voulu à ce que le directeur général de l’ANAFIC vienne superviser les premières opérations au niveau de la préfecture de Dubréka. Voilà un peu l’objet de notre présence. Comme vous avez vu l’atmosphère, les premiers enseignants sont en train d’être payés conformément aux instructions et les autres vont suivre. Sur la base du planning qui a été fait, en accord avec le syndicat des enseignants, les autres des régions vont commencer à être payés en début de semaine prochaine », a-t-il annoncé.
Par ailleurs, le DG de l’ANAFIC a salué le sens élevé de responsabilité de ces enseignants qui, selon lui, ont su garder patience. Il a également promis que l’État ne faillira jamais à ses engagements en ce qui concerne la paie des enseignants contractuels. « C’est l’occasion pour moi de féliciter et d’encourager ces enseignants qui, en tous cas, dans la discipline, dans le respect de tout ce qui a été dit, sont en train de rentrer en possession de leur dû. On sent vraiment que ce sont des éducateurs et ils l’ont prouvé de par leur discipline et de par leur présence massive à cette session de paie. Ce sont des engagements qui sont pris par l’Etat et l’Etat ne faillit jamais à ses engagements et ils peuvent être rassurés que les mois qui vont suivre, les autres mois dus à ces enseignants sont dans une nécessité. L’Etat a pris ses engagements et ces engagements seront respectés. Et mieux, c’est aussi le début d’une fonction publique locale, conformément aux dispositions de la loi portant sur le statut des fonctionnaires au niveau des communes. C’est un processus qui ira jusqu’à la fonctionnarisation de ces enseignants en plus d’autres cadres qui vont être mis à la disposition de ces enseignants bien-sûr, sur leur maîtrise d’ouvrage », a-t-il déclaré.
Présent sur les lieux, Alseny Mabinty Camara, Coordinateur nationale des enseignants contractuels de Guinée, s’est réjoui du début de ce processus, mais il a mis l’occasion à profit pour demander à l’Etat de tout mettre en œuvre pour que les enseignants soient en possession de tous leurs salaires avant les vacances.
« Le paiement de deux mois de salaire est un début de soulagement pour l’ensemble des enseignants contractuels du pays. Depuis 7 mois, nous attendons nos salaires. Si aujourd’hui le gouvernement a décidé de payer une partie, c’est une satisfaction. C’est le troisième mois qu’on vient de payer sur les 7 mois. Nous demandons à l’Etat de fournir encore plus d’efforts pour payer le reste de l’argent d’ici la fin des vacances pour éviter qu’on rentre dans une nouvelle année avec des arriérés. Je demande aux collègues de continuer à garder patience. De bien faire le travail pour lequel nous nous sommes engagés. Depuis 2018, nous sommes sur le terrain et nous continuons à donner le meilleur de nous-mêmes pour la satisfaction de l’école guinéenne. En réalité, nous ne devons pas traverser la situation que nous sommes en train de connaître aujourd’hui. Nous avons confiance aux nouvelles autorités du pays et nous comptons sur elles », a-t-il lancé.
Même cri de cœur chez Fatoumata Yayo Condé, enseignante contractuelle, qui souhaite que la situation des enseignants contractuels soit régularisée à la fonction publique. « Nous sommes très ravies aujourd’hui. L’autorité a dit et elle a fait. Parce que vouloir travailler sans salaire, ça fait mal. C’est avec le courage qu’on a pu tenir jusqu’à maintenant. Donc, je suis très contente, mais je prie Dieu que nous soyons engagés l’année prochaine dans la fonction publique. Je prie également que les autorités nous paient le reste des mois », a-t-elle lancé.
Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com