Lettre ouverte au ministre de la Sécurité et de la Protection Civile (Par Habib Yembering Diallo)

Général à la retraite Bachir Diallo, ministre de la Sécurité et de la protection civile

Dans une lettre ouverte qu’il adresse au ministre de la Sécurité et de la protection civile, Habib Yembering Diallo met en lumière les préoccupations majeures concernant la sécurité routière en République de Guinée, notamment persistantes lacunes du système de sécurité routière. Des problèmes tels que les rackets, la surcharge, le non-respect du sens interdit et les agressions physiques… 

Concernant des pistes de solution, notre confrère propose d’interdire à la police de maintien de l’ordre de s’occuper de la circulation, des mesures sévères contre le sens interdit et le transport mixte, la mise en place d’une police de la police pour éradiquer les rackets, ainsi que la reconnaissance des meilleurs policiers/gendarmes de la route…

Guineematin.com vous propose, ci-dessous, cette très fertile plume de ce journaliste écrivain :

Habib Yembering DIALLO

Monsieur le ministre,

En prenant mon temps pour vous écrire cette lettre, j’espère qu’elle vous parviendra. Je commence par vous adresser mes sincères condoléances et ma profonde compassion suite respectivement au décès d’un de vos agents ainsi que l’incendie dont vous avez été victime. Je souhaite que les marabouts, charlatans et autres opportunistes, qui profitent du malheur des gens pour se remplir les poches, ne vous induisent pas en erreur, en vous disant que ce sont vos ennemis qui sont les auteurs de ces événements malheureux. En bon musulman, je ne doute pas un seul instant que vous devez savoir que la croyance au destin, qu’il soit bon ou mauvais, fait partie de la foi. Mais, ce n’est pas l’objet de cette lettre.

Monsieur le ministre,

Votre nomination à la tête de ce département clé a été saluée par tous. Ceux de nos compatriotes, qui vous connaissent bien, avaient estimé que le colonel Mamadi Doumbouya a fait un bon choix. Dans la foulée, vous aviez promis d’apporter un changement radical et positif à ce département. Vos premières décisions joignaient l’acte à la parole. Avec entre autres mesures, le démantèlement de certains barrages routiers, la mise en place de brigades mobiles le long des routes nationales, l’interdiction formelle faite aux policiers de racketter les chauffeurs. La liste n’est pas exhaustive. Ces mesures avaient été saluées à la dimension des enjeux.

Pour la première fois, le Guinéen a espéré que son pays ressemblerait enfin aux autres. Notamment en termes de respect du citoyen et du standard de la sécurité routière de la sous-région. L’objectif de cette lettre n’étant pas de me livrer à une polémique encore moins de vous lancer un défi, je préfère me focaliser uniquement sur la sécurité routière. Je reviendrai une autre fois sur l’épineuse et douloureuse question de manifestations et leurs corolaires de victimes.

Je reviens donc à mon sujet. Pour de nombreux compatriotes, le plus grand problème de la Guinée reste la sécurité et la justice. En ce qui concerne votre département, la sécurité routière est l’épine dans son pied. En plus d’être parmi les secteurs les plus corrompus du pays, la sécurité routière affiche une image très négative de la Guinée.

Monsieur le ministre,

Savez-vous que les rackets que vous avez interdits ont repris de plus belle ? Ils se sont même intensifiés. Savez-vous que, désormais ce n’est plus seulement la police routière qui extorque de l’argent aux citoyens sur la route ? Pour Conakry et sa proche banlieue, la CMIS, elle aussi, est entrée dans la danse. Elle met en place par endroits un racket à ciel ouvert contre les chauffeurs en général et les conducteurs d’engins à deux roues en particulier. Les agents de livrent à une agression physique et verbale contre les citoyens. Lesquels sont traités comme des esclaves dans leur propre pays.

Monsieur le ministre,

Savez-vous que malgré la présence de la brigade mobile le long de nos routes, la surcharge continue ? Le transport mixte personne bagage aussi. Pire, des citoyens continuent à se percher sur le porte-bagage de taxi au vu et au su des agents postés le long de la route. Savez-vous que le sens interdit n’est plus respecté en Guinée désormais ? Ceux qui roulent en sens interdit -surtout les motos- font énormément des victimes parmi les citoyens. Veuillez demander à votre collègue de la santé de vous fournir les statistiques d’accidents de la circulation impliquant un engin à deux roues roulant en sens interdit.

Monsieur le ministre,

Je ne veux pas paraître comme quelqu’un qui identifie les problèmes sans proposer les solutions. Je vous propose donc un certain nombre de propositions pour changer la situation dramatique que je viens de décrire.

  1. Interdire la police de maintien d’ordre de se mêler de la circulation routière.
  2. Prendre des mesures draconiennes contre ceux qui roulent en sens interdit. Avec la mise en fourrière systématique de tous les véhicules ou motos pris en flagrant délit.
  3. Prendre les mêmes mesures contre ceux qui font le transport mixte personne bagage. Et surtout ceux qui prennent des passagers dans le coffre ou sur le porte-bagage.
  4. Organiser une sortie périodique du ministre avec une voiture banalisée afin de constater la réalité sur le terrain.
  5. Mettre en place la police de la police afin de mettre définitivement fin aux rackets. Mais en même temps, exiger aux propriétaires de véhicules et engins à deux roues tous les papiers. Avec la mise en fourrière de tous les contrevenants.
  6. Instituer le prix des meilleurs policiers/gendarmes de la route. Avec des critères de compétences et de probité morale.

Monsieur le ministre,

Espérant que vous allez non seulement lire cette lettre mais aussi que vous tiendrez compte de son contenu, elle n’a d’autre objectif que d’apporter la contribution d’un citoyen pour l’amélioration de la sécurité individuelle et collective ainsi qu’à donner une bonne image de notre pays. Je souhaite de tout mon cœur que ces recommandations soient appliquées. Et cela pour deux raisons. La première c’est pour la sécurité et l’image des Guinéens. La deuxième pour que l’histoire retienne de vous comme celui qui a opéré ces changements dans notre pays.

Par Habib Yembering Diallo

Journaliste-écrivain

Tél. : 664272747

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